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The Radio Dept., une fréquence rare

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Si certains groupes ne jurent que par leur exubérance, d’autres, au contraire, privilégient une discrétion presque maladive. C’est le cas des Suédois de The Radio Dept. qui sont venus défendre “Running Out Of Love”, leur excellent quatrième album, à l’Orangerie du Botanique ce dimanche 29 janvier.

Renseignements pris auprès du chanteur Johan Duncanson, il s’agissait seulement de leur deuxième concert belge depuis la sortie de l’acclamé “Lesser Matters” en 2003. Et encore, dans ses souvenirs, il devait s’agir d’une université… Autant dire qu’ils sont extrêmement rares. La raison ? Le trac du leader qui, paradoxalement, y trouve malgré tout du plaisir une fois la prestation entamée.

Celle de ce soir le sera avec “Sloboda Narodu” (un slogan utilisé par les Partisans Yougoslaves durant la seconde guerre mondiale qui signifie “liberté au peuple” et qui était généralement précédé de “mort au fascisme”), ce qui en dit long sur la teneur de leurs textes politiquement chargés. Musicalement toutefois, on est loin de la rage vindicative des résistants communistes même si on ne voudrait pas croiser l’imposant bassiste Martin Larsson dans une ruelle déserte. Largement inspiré par le Primal Scream de “Screamadelica”, il va constituer une parfaite introduction à leur univers faussement rêveur et mélancolique.

Accompagnés d’un claviériste et d’une multi-instrumentiste, le duo se produit devant des blocs de tubes néon horizontaux qui confèrent une atmosphère sinistro-glaciale en adéquation parfaite avec la voix du leader. Celui-ci, pince-sans-rire et pas très loquace (“I’m a man with few words”, déclarera-t-il) passera la totalité du concert une casquette vissée sur le crâne. On le sent peu à l’aise sur scène et cela rejaillira sur les titres les plus calmes du lot (“Always A Relief”, “Heaven’s On Fire”).

En revanche, lorsqu’il laisse s’exprimer le groupe, le résultat prend parfois des allures de juke-box mais toujours avec une maîtrise destinée à conserver une crédibilité intacte. On pense ainsi à Inner City (le clavier de “We Got Game”), aux Stone Roses (le groove de “Commited To The Cause”) et même à Daft Punk (l’excellent “Teach Me To Forget” version club) ou Kraftwerk (le troublant “Running Out Of Love”).

Ceci dit, parmi toutes ces influences se dégage un son caractéristique, fruit d’interminables sessions de studio. Une dream pop à tendance shoegaze qui fait la part belle aux mélodies (“The New Improved Hypocrisy”, “The Worst Taste In Music”) et aux arrangements délicats (“Lost And Found”, l’entêtant “Swedish Guns”). Encore que, “Occupied”, en clôture du set principal, prolongera leur vision toute personnelle du dancefloor, quelque part entre Moby et 808 State avec les maxis de New Order en filigrane.

Les choses allaient nettement se calmer lors du rappel puisque seul Johan et Martin remonteront sur scène pour une version dépouillée de “1995” (l’année de la formation du groupe par le premier nommé). Et puis plus rien mis à part une visite furtive au stand merchandising. De quoi nous laisser un goût de trop peu. Car Dieu seul sait lorsqu’ils reviendront. Si un jour ils reviennent…

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