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Two Door Cinema Club à l’AB : la fête et le feu

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Alors qu’on les croyait rangés à jamais dans les archives de la pop britannique, les trois gaillards de Two Door Cinema Club sont revenus l’automne dernier avec un troisième album et une nouvelle direction musicale. Ils étaient à l’Ancienne Belgique ce vendredi 17 février pour présenter tout cela.

Généreux, ils avaient emmené avec eux non pas un, mais deux groupes en guise d’avant-programme. Deux groupes dont on parle de plus en plus, raison sans doute pour laquelle, malgré l’heure inhabituelle (19h10), la salle était déjà raisonnablement garnie pour le premier d’entre eux, Parcels.

Originaires d’Australie mais désormais installés à Berlin, les cinq musiciens ont l’air de vouer un culte à la disco des seventies. Le titre d’intro oscillait en effet entre les Bee Gees de la période “Saturday Night Fever” et ABBA. Un peu plus tard, la basse ronflante, les refrains catchy et la voix de fausset allaient conforter cette impression, mais sans tomber dans la nostalgie à deux balles. On décèle même çà et là quelques influences indie qui renvoient à !!! ou à Jungle, même si tout cela est encore un peu brouillon.

Le second, Blaenavon, allait quelque peu trancher avec le reste de la soirée via un son nettement plus rugueux qui doit autant aux Strokes qu’à la britpop (entendez par là qu’une attention particulière est accordée aux mélodies). Emmené par Ben Gregory, un leader à la longue chevelure soyeuse et à l’attitude de rock star, le trio va aligner des compositions efficaces comme les Courteeners et Catfish & The Bottlemen savent le faire, culminant avec le très poppy single “My Bark Is Your Bite”. Leur premier album, “That’s Your Lot”, arrive chez Transgressive le 7 avril prochain.

Voir Two Door Cinema Club en 2017 s’apparente à un petit miracle tant on ne donnait plus cher de leur peau à la fin des interminables tournées qui se sont succédées depuis le succès de “Tourist History” en 2010 et de “Beacon” deux ans plus tard. Grosse fatigue, tensions et dépression ont eu raison de leur image guillerette pendant de longs mois. Jusqu’à ce qu’ils se retrouvent et décident d’enregistrer “Gameshow”, une troisième plaque sur laquelle ils adoptent une surprenante vision disco. Un pari osé qui a donné au groupe un second top 5 anglais mais qui ne contient malheureusement pas la magie de ses prédécesseurs.

On a d’ailleurs l’impression qu’ils en sont conscients vu l’agencement de la set-list débutée par un triptyque parfait puisé dans le premier album. “Cigarettes In The Theatre”, “Undercover Martyn” et “Do You Want It All?” vont ainsi instantanément initier généreux pas de danse et hurlements de la part de fans en délire (il y aura même des confettis qui vont valser). Derrière le groupe, un light show impressionnant constitué de sept immenses écrans verticaux disposés en triangle jouera un double rôle : donner un semblant d’intimité à la scène tout en transformant l’AB en discothèque géante.

Ces longs mois ont par ailleurs eu raison de la coiffure du chanteur Alex Trimble qui tente désormais de masquer sa calvitie galopante en laissant pousser ce qu’il lui reste de cheveux. Le résultat approximatif le fait ressembler à Jacques (sauf que lui, il le fait exprès). Sa voix, en revanche, apporte toujours cette fraîcheur à des compositions calibrées pop. À ses côtés, le guitariste Sam Halliday et le bassiste Kevin Baird n’ont pas bougé physiquement parlant. Ils sont accompagnés d’un batteur et d’un claviériste (guitariste à ses heures) de tournée.

Les premiers nouveaux titres n’arriveront qu’après une petite demi-heure et trancheront avec l’impression de machine à tube dégagée jusque-là et qui reprendra de plus belle par après. Si “Bad Décisions” à la voix haut perchée, “Gameshow” (le plus nerveux) et “Are We Ready? (Wreck)” (le plus évident) sortent du lot, “Lavender” et “Ordinary” paraissent bien pâles.

Surtout qu’ils seront suivis respectivement du très Temper Trap “Next Year” et de l’efficace “Something Good Can Work”. Et lorsque l’on se prend dans la figure les bombes que sont “I Can Talk” ou “Sun”, on ne peut s’empêcher de craindre qu’ils risquent d’être, à l’instar de Kaiser Chiefs ou d’Oasis (pour ratisser large), éternellement comparés à leurs deux premiers albums.

Il s’agit ici de strictes considérations journalistiques car les spectateurs, eux, n’en ont cure et vont s’éclater lors des rappels lorsque le groupe se lâchera pour de bon avec des versions imparables de “Someday” et de “What You Know”. Festoyer dans la bonne humeur, c’est bien ce que l’on retiendra du concert de ce vendredi…

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