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La métamorphose de Tom Odell

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La réputation de chanteur pour midinettes véhiculée par Tom Odell aurait dû nous encourager à regarder le grand film à la télévision plutôt que de rejoindre l’Ancienne Belgique ce lundi 20 février. Un vent favorable nous a convaincus du contraire et bien nous en a pris… Ne fut-ce déjà que pour la première partie assurée par une talentueuse jeune artiste répondant au doux nom de Jade Bird. Pétillante à l’instar d’une Aurora et dotée d’une douce voix assurée à la Birdy, la Londonienne, isolée sur le côté droit de la scène avec sa guitare, va mettre le public dans sa poche en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Ses compositions folk matures et acoustiques introduites avec beaucoup d’humour et de spontanéité taclent en effet aisément celles de Laura Marling. On devrait abondamment entendre parler d’elle d’ici peu.

Pour beaucoup (à commencer par nous), Tom Odell occupe une place de choix au hit-parade des one hit wonders depuis le printemps 2013 grâce à son impeccable single “Another Love”. C’est de cette période que date son premier passage à l’AB et on se souvient d’un personnage timide et réservé. Entre-temps, son premier album (“Long Way Down”) a cartonné et une suite lui a été donnée l’an dernier au travers de “Wrong Crowd”, une plaque qui n’a fait que confirmer son succès.

Bien entendu, la salle déborde de demoiselles dont les cris hystériques vont accompagner son arrivée sur scène. À peine installé derrière son piano, il va entamer “Still Getting Used To Being On My Own”. Loin d’être seul, il est accompagné ce soir de deux batteurs (dont un qui joue debout), d’un bassiste et d’un excellent guitariste. Grâce à ce dernier, certaines compositions prendront une séduisante et insoupçonnée coloration nerveuse (“Here I Am”, “Hold Me” aux breaks franchement metal).

Si ses passages sur le devant de la scène ne seront pas légion, ils déclencheront systématiquement la bruyante adoration de la gent féminine, d’autant qu’ils seront accompagnés d’un petit sourire charmeur loin d’être innocent (l’ironie voudra que le seul hug que le chanteur voudra bien accorder sera à un garçon hyper fan qui osera monter sur scène). Ajoutons à cela l’élégance de son costume (qu’il porte à merveille), ses interventions attachantes, son surprenant esprit rock ‘n’ roll (il grimpera plus d’une fois sur son piano) et l’art de ne pas se prendre au sérieux (les mimes du bluesy “Entertainment”, moment de répit avant un “Another Love” de feu en final du set principal).

Ceci dit, c’est derrière son piano qu’on le préfère. Les nuances qu’il confère à ses compositions via son instrument magique vont en effet les transcender. Swingantes (“Sparrow”), groovantes (le final house acoustique de l’excellent “Wrong Crowd”) ou remplies d’émotion (“Heal”). Et que dire de “Valium”, ce nouveau titre composé tout récemment lors d’un break entre deux tournées que l’on pourrait assimiler à un hymne aux cœurs brisés. Mais tout ceci ne serait rien sans une solide voix qu’il module avec une facilité déconcertante.

Généreux, il fera durer le plaisir lors de rappels qui vont allégrement dépasser l’heure du couvre-feu imposé par l’AB. Mis à part un délicat “Somehow, les titres en bonus vont permettre aux musiciens de se lâcher complètement. Mention à la puissante version de “Grow Old With Me” et au single “Magnetised” qui démontrera l’humilité du chanteur après s’être planté dès l’entame du titre. Il est temps de revoir notre jugement…

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