Blonde Redhead, une tournée de transition
La sortie toute récente de “3 O’Clock”, un EP de quatre inédits, était le prétexte tout trouvé pour les New Yorkais de Blonde Redhead de reprendre la route. C’est à l’Orangerie du Botanique qu’ils débutaient ce lundi 6 mars une mini tournée belge qui allait ensuite les conduire à Liège (Reflektor) et à Courtrai (De Kreun). Un concert qui affichait finalement complet suite à un ultime rush (les 40 derniers tickets se sont vendus durant l’après-midi) et qui allait permettre à Echo Beatty d’ouvrir la soirée dans des conditions idéales. Emmenés par Annelies Van Dinter, une chanteuse largement influencée par PJ Harvey, les Anversois officient dans un registre indé bordé de percussions et de bidouillages sonores en tout genre. Le bassiste a ainsi notamment fabriqué un instrument maison à partir d’une caisse de vin en bois et d’un… fouet de cuisine. Ceci dit, l’ensemble tient la route et leurs compositions prenantes brillent de mille feux, à l’instar du top de la chanteuse.
Blonde Redhead, dont on n’avait plus de nouvelles discographiques depuis “Barragán” (présenté dans cette même salle un soir de septembre 2014), sont revenus sur le devant de la scène l’automne dernier via la publication de “Masculin Féminin”, un coffret bourré de raretés et d’inédits datant du début de leur carrière. Mais la bonne nouvelle, c’est le retour aux affaires courantes avec l’enregistrement de quatre nouveaux titres pressés sur un vinyle disponible uniquement lors des concerts du groupe. Ce qui conférait encore un peu plus d’intérêt à la prestation de ce soir.
Une prestation pendant laquelle les nouvelles compositions seront intégralement interprétées, avec des ressentis divers. À leur place, on n’aurait peut-être pas joué “Give Give” et “Golden Light” lors des rappels. En effet, l’EP présente un travail soigné, rêveur et bourré de cordes qui donne un majestueux résultat en studio mais qui fait redescendre l’intensité sur scène. La même remarque pourra s’appliquer au prenant “3 O’Clock” et au délicat “Where You Mind Wants To Go”, nuancée toutefois par leur position en milieu de set.
Si la voix de la bassiste Kazu Makino, plaintive et envoûtante à la fois, habite les compositions, les interventions du guitariste Amedeo Pace atteignent au moins le même niveau d’extase (“Falling Man” en intro, “Mind To Be Had”). Ce dernier arbore désormais, à l’instar de son frère jumeau Simone Pace à la batterie, une généreuse coiffure poivre et sel (ils ne sont en effet pas passés inaperçus dans les couloirs du Botanique juste avant le show). Ceux-ci portent sur leurs épaules le son caractéristique et sombre du groupe actif depuis une bonne vingtaine d’années.
Outre les nouvelles compositions, ils vont puiser majoritairement dans “Misery Is A Butterfly” (2004) et “23” (2007), que l’on peut à juste titre considérer comme leurs deux meilleurs albums. Si d’aventure ils décident un jour d’en sortir un, “Elephant Woman”, “Doll Is Mine” et “Dr. Strangeluv” devraient figurer en bonne place sur leur best of. Au même titre que l’excellent “Spring And By Summer Fall” qui achèvera le set principal malgré un curieux épilogue anormalement calme. Juste avant, une version enlevée du récent “Dripping” nous confirmera qu’il ne faut pas encore les envoyer dans le circuit nostalgie.
Les rappels vaudront surtout par l’impeccable “23” et l’énervé “Equus”, derniers moments de grâce de la soirée. Entre ceux-ci, les deux nouveaux titres précités peineront à occuper l’espace. Malgré tout, on serait tout de même curieux d’entendre ce qu’ils donneraient avec une section de cordes…