Metalcore haut de gamme au KAVKA d’Anvers
Le KAVKA est un centre anversois qui mise sur la jeunesse, un concept de maison ouverte où les jeunes peuvent trouver une vaste offre diversifiée de loisirs. C’est aussi un incubateur de talents où les jeunes peuvent bénéficier d’une infrastructure performante comprenant, entre autres, des salles de répétitions, une buvette et une salle de concert… Le mercredi 5 avril dernier, c’est une activité musicale ambitieuse qui attire jeunes et moins jeunes (dont votre serviteur) pour une soirée metalcore placée sous le signe de l’énergie.
Le concert de ce soir affiche complet, ce qui est une belle réussite tant pour les groupes que pour les organisateurs. Pour ouvrir les hostilités, les organisateurs ont fait appel à une valeur montante, à savoir le groupe néerlandais post hardcore The Charm The Fury qui assure la promotion de son album «The Sick, Dumb & Happy» sorti en 2017. Le moins que l’on puisse dire est que la soirée démarre sur les chapeaux de roues, avec une Caroline Westendorp qui envoie du bois avec des grunts, scream et growls qui volent comme des uppercuts, tempérés par quelques rares plages de chant clair. Après le premier album «A Shade Of My Former Self» (2013), la formation batave a quand même réussi l’exploit de signer un contrat avec le label Nuclear Blast, ce qui n’est pas donné à tout le monde et ce qui prouve aussi que le groupe est bourré d’un talent qui ne demandait qu’à éclore. Après la prestation de ce soir, les capacités du groupe ne font plus aucun doute. Seule petite «ombre» au tableau, le groupe n’a bénéficié que du minimum syndical côté éclairage, si bien qu’il a baigné dans une semi-obscurité pendant la totalité de son set. Bonne nouvelle: The Charm The Fury sera à l’affiche du prochain Graspop, ce qui permettra de les voir à la lumière du jour!
Après cette excellente entrée en matière, c’est le groupe allemand Any Given Day qui monte sur scène. Il s’agit d’un groupe allemand de metalcore/djent qui assure la promotion de son album «Everlasting» (2016). Il faut bien reconnaître que les Teutons, emmenés par leur solide vocaliste Dennis Diehl, sont impressionnants tant par leur carrure physique que par leurs prestations musicales. Un set de 8 titres (si j’ai bien compté) passe en revue les morceaux les plus significatifs de leur nouvel album, avec quelques retours sur l’album précédent: «My Doom» (2016), «Coward King» (2016), «The beginning of the end» (extrait de l’album «My Longest Way Home», 2014), «Never say die» (2014), «Levels» (2016), «Arise» (2016), «Home is where the heart is» (2014) et «Endurance» (2016). Résultat : un concert pêchu, rempli de testostérone et de riffs de guitare. Plutôt plaisant à écouter pour les amateurs de musique puissante.
La soirée est bien engagée et l’ambiance repart de plus belle lorsque Daniel Winter Bates (voix), Davyd Winter Bates (basse), Jason Cameron (voix, guitare), Adam Jackson (batterie) et Kristan Dawson (guitare) s’emparent de la scène. Le quintet plus connu sous son nom de guerre Bury Tomorrow est un groupe de metalcore britannique formé en 2006, qui compte déjà à son actif pas moins de 4 albums. D’entrée de jeu, le groupe témoigne sa reconnaissance au public sans lequel il ne serait rien et exprime un mépris affiché pour les groupes qui font payer des sommes folles aux fans pour une séance VIP ou pour prendre la pose en photo…
Voilà pour la partie «idéologique». Sur le plan musical, les compositions de Bury Tomorrow sont un mélange d’éléments instrumentaux metalcore, de couplets post hardcore en chant clair et de refrains en mode screaming. Les morceaux sont très prenants et le groupe a clairement sa place parmi les plus grands noms du genre.
Sur scène, Daniel s’éclate au rythme des nombreux tubes du groupe. Il bouge beaucoup et harangue le public qui le suit comme un seul homme. Les sonorités et la rythmique sont très modernes et le public se lâche complètement. La symbiose est totale. Sur le plan vocal, les parties gruntées sont prises en charge par Daniel tandis que la voix claire est assurée par Jason qui joue également de la guitare. Notons aussi la basse très présente de Davyd et les percussions ultra-efficaces d’Adam.
Au programme de la soirée, 15 titres qui revisitent le répertoire du groupe, en mettant bien sûr l’accent sur le petit dernier: «The Eternal» (extrait de l’album «Earthbound» de 2016), «Memories» (2016) , «Waxed Wings» (extrait de l’album «Portraits» de 2009), «Knight Life» (extrait de l’album «The Union Of Crowns» de 2012), «An Honourable Reign» (2012), «Watcher» (extrait de l’album «Runes» de 2014), «Of Glory» (2014), «Her Bones in the Sand» (2009), «Cemetery» (2016), «301» (2016), «The Burden» (2016), «Last Light» (2016), «Earthbound» (2016), «Man on Fire» (2014), «Lionheart» (2012).
Le public est littéralement incandescent et en parfaite communion avec le groupe qui prend un plaisir évident à se produire sur scène. Même le parfait profane que je suis dans ce style musical ne peut résister face à cette véritable déferlante qui emporte tout sur son passage. Une très belle découverte artistique et une formidable soirée métal, en dehors des sentiers battus et des canaux commerciaux traditionnels. Le métal vit et évolue, se rajeunit sans cesse et continue à se propager aux quatre coins de la planète pour notre plus grand bonheur à tous !
Photos © 2017 Hugues Timmermans