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Iron Maiden: rendez-vous avec la légende

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Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que ma demande d’accréditation photo pour Music In Belgium avait été acceptée pour le concert du légendaire groupe Iron Maiden au Sportpaleis d’Anvers le 22 avril dernier. J’ai dû me pincer plus qu’une fois pour me rendre à l’évidence: j’allais pouvoir ajouter à mon palmarès un des meilleures groupes de métal de la planète. Arrivé sur place de bonne heure par crainte de ne pas trouver d’endroit où garer ma voiture, je constate que la foule se densifie à mesure que j’approche du Sportpaleis transformé pour un soir en temple du métal. Le rassemblement de métalleux qui se pressent à l’entrée est carrément impressionnant. Aux abords de la salle et dans le grand hall, plusieurs stands (j’en ai compté au moins 6) vendent les articles officiels à l’effigie du groupe et de sa mascotte (bannières, t-shirts et articles en tous genres).

Je m’empresse de gagner le point de ralliement des photographes où l’on nous coache de manière détaillée sur le déroulement de la soirée. À l’entrée du photo pit, le garde du corps de Maître Bruce (Dickinson) himself vérifie que tous les photographes ont bien le macaron de presse. On n’est jamais assez prudent… C’est ensuite au tour de la chargée de presse du groupe de nous briefer.


Arrive enfin le moment tant attendu. Pendant 3 titres, je m’emploie à prendre un maximum de clichés pour essayer d’immortaliser ce grand moment. La scène est spacieuse et le décor magnifique. Musicalement, les hymnes de Maiden ne laissent personne indifférent. Légère déception pour ma part car si Bruce Dickinson affiche une grande condition physique (il court aux quatre coins de la scène gigantesque), j’ai un peu l’impression que l’accent est trop mis sur la performance sportive, au détriment de la qualité du chant. Mais cela reste un sacré personnage. Les lumières sont superbes et je m’en donne à cœur joie.

Au bout du 3e titre, la meute des photographes est reconduite vers la sortie et contrairement à ce qui avait été annoncé initialement, nous sommes priés de quitter les lieux. Bilan: des photos plutôt chouettes qui ne peuvent contractuellement pas être publiées en dehors d’un compte rendu du concert (il n’y aura donc pas de galerie photo du groupe) et impossible pour votre serviteur de rédiger un compte rendu digne de ce nom, faute d’avoir pu assister à la plus grande partie du concert. Logique quoi…

Et pourtant, voici malgré tout un compte rendu de la soirée qui nous a été concocté par deux grands fans et connaisseurs des Maiden. Encore un immense merci à Georges Boussingault et Nicolas Lhoir pour leur aide providentielle.



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Georges:


Le concert a duré 2h pile poil. Comme d’habitude, il a commencé par une montée de la sono avec «Doctor, Doctor» de UFO, un des groupes préférés de Steve Harris (qui est très pote avec Pete Way). Pour la petite anecdote, ce morceau a d’ailleurs aussi été repris par Maiden (avec Bailey) en face B du single «Virus» et sur le CD Best of B-Sides du coffret «Eddie’s Archive Box». Le concert s’est terminé par le très humoristique «Always Look on the Bright Side of Life» des Monthy Python. Par rapport à la tournée Book Of Soul 2016, «Tears of a clown» et «Hallowed be thy Name» ont été remplacés dans la setlist par «The Great Unknown» et «Wrathchild». Les décors et les animations n’ont pas changé, à l’exception de la vidéo d’introduction.

Le groupe anglais a joué au total 15 morceaux, dont 6 extraits de son dernier album «The Book of Souls» (vendu à plus de 400.000 exemplaires dans le monde). Tous joués en « Drop-D »…une grande première chez Maiden qui n’avait plus joué en salle en Belgique depuis le concert du 13 mai 1998 au Brabanthal de Leuven sur la tournée Virtual XI (avec Blaze Bailey). Pour la petite histoire, les fans les plus assidus se rappelleront que le premier concert de Maiden hors de Grande-Bretagne a eu lieu à Kortrijk en Belgique le 8 avril 1980.


Le son a été médiocre pendant plus de la moitié du concert et il ne s’est amélioré qu’à partir de «The Red and the Black», le nouveau morceau épique de Maiden, proche de «The Rime of the Ancient Mariner». La voix de Bruce était mixée très en retrait sur les 3 ou 4 premiers morceaux. Le son a été meilleur sur les morceaux suivants. Malgré son cancer, Bruce a gardé une voix très puissante et haut-perché, mais qui n’a peut-être plus les mêmes nuances qu’avant ! Jannick Gers a joué le premier morceau sur une Les Paul noire… ce qui est exceptionnel pour ce Fender-freak absolu ! Pour le reste, il assure essentiellement le show et les parties rythmiques avec un ou deux solos par-ci par-là.

L’ambiance n’a vraiment décollé qu’à partir de «Fear of the Dark». Je pense que beaucoup de spectateurs étaient venus pour un concert « Best of » et qu’ils ont été un peu déçus par la setlist qui m’a personnellement ravi car j’adore «The Book of Souls». Pour avoir vu Maiden 5 fois l’année passée, j’ai trouvé le public vraiment très calme. Pourtant, comme à leur habitude, Bruce, Steve et Jannick se sont donnés à fond pour mettre l’ambiance.


Techniquement parlant, Murray et Smith restent au top dans le style…..avec une technique de jeu en harmonie proche de la perfection. Petit speech habituel de Bruce avant «Blood Brothers» pour rappeler que quel que soit notre race, notre couleur, notre religion : «We are all Maiden fans, we are a family and we stand together». À noter qu’il a émaillé le concert de petits mots en français et en flamand.

Gros bémol à ce bilan positif: le SportPaleis, qui reste la pire salle de Belgique pour toute une série de raisons: acoustique déplorable, vision moyenne depuis le pit, sanitaires insuffisants en nombre et tellement éloignés qu’on rate 4 morceaux si on veut aller pisser. Sans parler du parking sauvage qui est souvent la seule solution de parking. À quand un Bercy ou un O2 Arena à Bruxelles ?



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Nicolas:

Moins d’un an après avoir visité les plus grands festivals européens, Iron Maiden est de retour sur notre continent afin de chauffer quelques grandes salles durant cinq semaines. Et nous Belges, petits veinards que nous sommes, avions le privilège ce samedi 22 avril d’accueillir les Anglais au Sportpaleis d’Anvers en ouverture de cette courte tournée, par ailleurs exclusivement concentrée sur le Royaume-Uni et l’Allemagne. Ces dates étant un prolongement du «The Book Of Souls World Tour», je m’attendais donc à ce que le très bon dernier opus sorti l’an dernier se taille la part du gâteau dans la setlist du soir. Ce fut le cas.

Je ne peux pas dire grand-chose du groupe d’ouverture, les Floridiens de Shinedown, étant donné le temps perdu dans les traditionnelles files d’attente pour sortir du ring d’Anvers et accéder enfin à une place de parking. C’est donc lors de l’avant-dernier titre du combo ricain que mon ami Phil et moi approchons de la scène. Tout juste puis-je témoigner que le Metal alternatif US du combo n’a pas trop déplu au public présent (pourtant exigeant).


Alors que les roadies quittent la scène, la sono balance les premières notes du «Doctor, Doctor» de UFO provoquant un rugissement de plaisir dans le Sportpaleis sold out. En effet, quel fan de Maiden ne connaît pas ce titre servant d’intro aux concerts du groupe depuis plusieurs années maintenant ?

Enfin, la salle plonge dans l’obscurité (sauf la scène) et les bâches sont enlevées, laissant apparaître un magnifique décor inspiré par la civilisation Maya. Les énormes écrans latéraux diffusent une animation mettant en valeur le jeu vidéo «Legacy Of The Beast» apparu sur mobile il y a quelques mois. Bonne surprise car cette vidéo est différente de celle diffusée au Graspop l’an dernier !

Comme en 2016, c’est avec l’enchaînement «If Eterny Should Fail»/«Speed Of Light» que la Vierge de Fer ouvre les hostilités. Dickinson apparaît au-dessus du kit de batterie, cagoulé devant un chaudron d’où s’évapore un amas de fumée. Il récite l’intro du titre d’ouverture de «The Book Of Souls» devant une assistance presque recueillie…mais quand le reste du groupe apparaît, la foule exulte et les riffs s’enchaînent.

Cela fait belle lurette que l’on sait qu’au Sportpaleis il est difficile de faire des miracles quant à la qualité du son. Il faudra donc attendre trois titres pour enfin clairement distinguer une amélioration sonore nette et malgré cela les soli ne seront pas toujours mis en valeur tout au long du show. Steve Harris harangue la foule sur l’intro du premier classique de la soirée, «Wrathchild», en faisant claquer sa basse avec hargne. L’effet est immédiat et l’audience témoigne sa satisfaction en hurlant le refrain. Bruce nous fait un petit exposé sur la longévité du groupe (300 ans…sacré Bruce !) et annonce un titre du premier album de Maiden sur lequel il apparaît («The Number Of The Beast»). Voyant la guitare acoustique fixée par un roadie devant Adrian Smith je comprends qu’il s’agit de «Children Of The Damned».


Par rapport aux prestations habituelles en plein air, un light show en salle apporte une vraie plus-value à la qualité du spectacle, surtout qu’à chaque titre est dédié un backdrop différent. Bruce Dickinson est en très grande forme vocale et physique, Janick Gers se tortille et fait tourner son instrument autour de lui, Adrian Smith est précis et se charge des chœurs, Dave Murray ne changera jamais avec son éternel demi-sourire, Nicko est toujours aussi impressionnant derrière son immense kit et Steve Harris semble toujours aussi motivé qu’en 1985 !

Issus du dernier opus, «Death Or Glory» et «The Red And the Black» sont les nouveaux morceaux qui passent le mieux auprès du public. Le dernier cité grâce à ses «wohohohooo» qu’affectionne la foule.

L’ambiance monte d’un cran lorsqu’apparaît le backdrop à l’effigie de «The Trooper». Et même si Dickinson nous ressort le même gimmick depuis plus de trente ans avec ses drapeaux britanniques, c’est exactement ce que les fans attendent. Sur «Powerslave», le chanteur porte un masque de catcheur mexicain qui doit le faire transpirer, mais qui ne l’empêche pas de parcourir un nombre incroyable de mètres sur toute la scène sans montrer le moindre signe d’essoufflement !


Les titres s’enchaînent et le groupe est toujours aussi solide. Mais, et ce n’est pas étonnant, on ressent une accalmie dans le public lors des nouveaux morceaux…Il faut dire que la majeure partie de l’audience est composée de fans de longue date venus pour écouter des classiques.

Dans la fosse, les die-hards fans répondent présents, mais dans les gradins ça manque un peu d’entrain… Cependant la production a intelligemment prévu l’arrivée d’Eddie sur le titre «The Book Of Souls». Notre momie préférée se bat avec Janick avant de se faire arracher le cœur par Bruce, depuis une des grandes plateformes latérales.

La dernière ligne droite du concert s’apparente à une succession de classiques de la Vierge de Fer, comme s’ils avaient voulu garder le meilleur pour la fin ! «Fear Of The Dark» a le don d’électriser la foule jusqu’aux gradins où certains se lèvent et après un «Iron Maiden» tonitruant, les musiciens disparaissent une première fois avant les rappels.


Le bouc s’élève en fond de scène sur l’intro de «The Number Of The Beast» dans l’euphorie générale. Nous avons droit à un grand moment de communion ensuite avec le magnifique «Blood Brothers», avant de terminer en beauté sur l’excellent «Wasted Years». Le groupe salue la foule, Nicko vient devant la scène jeter quelques peaux de caisse claire et des baguettes dans le public puis rejoint ses comparses backstage…la fameuse chanson «Always Look At The Bright Side Of Life» des Monthy Pythons se fait entendre, signe de la fin du show.

Malgré ce réveil un peu « brutal », car beaucoup attendaient «Hallowed Be Thy Name», Maiden a encore une fois prouvé que les années n’ont aucune emprise sur leur aptitude à délivrer d’excellents concerts. Beaucoup de groupes issus des 80’s ne prendraient pas le risque de jouer autant de titres de leur dernier album, mais pas Iron Maiden qui semble toujours planer au-dessus de toute la planète Metal en compagnie de Metallica.

Merci messieurs et Up The Irons !

Textes: Hugues Timmermans, Georges Boussingault et Nicolas Lhoir
Photos © 2017 Hugues Timmermans

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