Nuits du Bota 2017 : la dernière de Moaning Cities
Premier festival d’envergure de la saison, les Nuits du Bota ont débuté ce jeudi 11 mai avec une affiche aussi hétéroclite qu’alléchante lors de laquelle se sont notamment succédé Las Aves, Daan et Moaning Cities.
Ceci dit, les orages qui se sont abattus sur la capitale en fin d’après-midi ont bien failli mettre à mal le concert de Sandor sous le chapiteau. Une demi-heure avant le début de son set, la Suissesse était en effet toujours bloquée sur le tarmac de l’aéroport. Un contretemps qui ne l’a pas empêchée d’assurer sa prestation malgré un soundcheck réduit à sa plus simple expression. On a même l’impression que ce coup d’adrénaline lui a permis de déclamer sans complexe ses comptines sucrées aux textes borderline dans un environnement proche de celui de Jeanne Added (elle est entourée de deux musiciens derrière des consoles) mais avec une sobriété qui la rend attachante.
À la Rotonde, ce sont les Carolos de (Run) Sofa qui lançaient les festivités, armés de compositions audacieuses. Groovantes à souhait et servies par une rythmique soutenue, elles prennent de temps à autre des directions surprenantes que l’on dirait empruntées au jazz, au hip hop ou même à la world métissée. À moins que ce ne soient les danses tribales d’un chanteur habité qui nous donnent cette impression. Toujours est-il que les nouveaux titres testés ce soir préfigurent un futur premier album qui devrait valoir le coup d’oreille.
Ce jeudi était une journée maudite pour les Alsaciens de Last Train qui, bien que présents au Bota, ont été contraints d’annuler leur prestation sur injonction médicale. Une frustration sans nom sur laquelle nous reviendrons dans l’interview que le batteur et le bassiste nous ont accordée. Durant cet entretien, ils nous ont vivement conseillé d’aller jeter un œil à la prestation de Las Aves à l’Orangerie. On a donc été voir le phénomène fondé sur les cendres de The Dodoz et emmené par une chanteuse à l’accoutrement sportif. Musicalement, on se retrouve davantage dans l’univers de M.I.A. et de Soulwax que dans celui des Strokes ou de Bloc Party. Encore que, les riffs de guitares cinglants viennent complémenter des compositions qui ont fait fureur parmi le public. Ils seront de retour cet été au Brussels Summer Festival.
Petit détour ensuite par le chapiteau où Daan venait d’entamer son set. L’artiste aux inamovibles lunettes de soleil est au beau milieu d’une imposante tournée en support de “Nada”, l’album qu’il a enregistré suite à quelques voyages en Espagne avec le réalisateur Peter De Bruyne (De Nada est le nom du documentaire résumant cette expérience). Officiant dans un environnement nettement plus rock que lors de son dernier passage à
l’Orangerie, le groupe semble en effet libéré. Son guitariste peut enfin s’en donner à cœur joie tout comme la jolie Isolde derrière ses fûts. Les versions de “Seven Lives” et de “King Of Nothing” prennent ainsi une autre dimension qui nous fera oublier sa pauvre prestation dans les locaux de Chez [PIAS] lors du récent Record Store Day. On est de nouveau réconciliés avec le bonhomme.
Retour à la Rotonde pour le dernier concert bruxellois de Moaning Cities qui, après un ultime baroud d’honneur à la Ferme du Biéreau le 24 mai prochain, mettront la clé sous le paillasson pour une durée indéterminée. Ils ont sans doute mûrement réfléchi la chose mais, après leur prestation de ce soir, on ne peut que regretter cette décision. Le quatuor (qui a récemment changé de batteur) n’a sans doute jamais été aussi en symbiose sur scène. Tour à tour mélancoliques, planantes et envoûtantes (ah, ce sitar…), leurs compositions plongent la salle dans une ambiance de méditation avant de l’assommer à coup de riffs de guitare incisifs, sublimés par un son limpide, à l’instar de “Drag”, ultime morceau d’une puissance rare. Ils vont nous manquer, c’est certain…