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Nuits du Bota 2017 : les mélodies aigre-douces d’Albin de la Simone

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Albin de la Simone n’est pas un groupe. Pourtant, on a rarement vu artiste solo autant ouvert à la rencontre et à l’échange que l’Amiénois au gentil minois, qui a attendu la trentaine pour envisager de la jouer perso à temps partiel. Avant – mais aussi pendant -, c’est comme musicien accompagnateur, en studio et en tournée, qu’il s’est forgé un CV long comme le bras : Vanessa Paradis, Miossec, Jean-Louis Murat, Vincent Delerm, Jean-Louis Aubert, Alain Souchon, Salif Keita, Nicolas Peyrac (!), Iggy Pop (!!), Shaka Ponk (!!!), voire – impitoyable Wikipédia -, les 2Be3 à Bercy en préludes qu’on ne saurait imaginer autres qu’alimentaires.
Un parcours de sideman recherché (clavier, basse), auquel vont s’ajouter des dizaines de passades complices explosant largement les conventions de la sacro-sainte trilogie album-promo-tournée pour partir dans toutes les directions, sans jamais perdre la boussole : Saint-Saëns revisité pour le jeune public, une expo-spectacle au format work in progress autour d’emballants films fantômes méticuleusement documentés (affiches, costumes, photos de tournages…) quoique 100 % inventés, des happenings arty au milieu des œuvres de Henry Darger ou de Kees Van Dongen, une BO ciné pour Bertrand Bonello…

Mais ce qui nous amène aujourd’hui à remettre le couvert, c’est bien le fait qu’Albin de la Simone a décidé, depuis le début de XXIe siècle, de voguer également en nom propre vers une félicité pop d’une insigne subtilité, qui lui vaut la considération d’un cercle élargi d’initiés. Publié en 2005, son deuxième disque avait beau s’intituler “Je vais changer”, on n’escomptait, a contrario, aucune révolution de palais de la part d’un fils spirituel de Souchon, à l’esprit tout en nuance dans l’observation des sentiments.

Dans le livret de ce cinquième album, Albin de la Simone (ADLS) explique que chez lui, l’écriture “progresse lentement”, voire “douloureusement”, car il n’aime qu’une “maigre portion” de ce qu’il écrit. Il détaille aussi les raisons pour lesquelles il a découvert que le piano droit lui allait “au teint” ou, à l’inverse, feint de s’étonner de l’absence d’instruments à vent. Et s’ouvre au sujet du fidèle gynécée qui le couvre d’attentions. La pochette – une photo d’animaux, dont ADLS symbolisé par un ours brun avec une guirlande autour du cou – est signée de la plasticienne Sophie Calle.

Les chanteuses Vanessa Paradis (via messagerie téléphonique) et Emiliana Torrini jouent les guests furtives. Et, une nouvelle fois, Maëva Le Berre et Anne Gouverneur composent la garde rapprochée, respectivement au violoncelle et au violon (plus François Lasserre, recrue incorporée, à la guitare). Car cela fait maintenant un paquet d’années qu’on a pris l’habitude de voir les deux jeunes femmes encadrer le chanteur, sur scène notamment, où leur complicité agrémente et nourrit l’intimisme délicat des concerts.

La setlist de ce concert non sonorisé (comprenez, sans micro) survole, dans le désordre la discographie d’ABDS : si le dernier opus est mis en avant notamment en début de concert (“Ma barbe pousse”, “Dans la tête”), il n’oublie pas ses premiers albums (“Il pleut dans ma bouche”, “J’ai changé”).
Et le public ? Lui aussi a changé depuis 2003…ou pas.

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