Nuits du Bota 2017 : Angel Olsen, la fée du chapiteau
Ce mercredi 17 mai, le chapiteau des Nuits du Bota a retrouvé une certaine sérénité. Exit les effluves de bière de la veille et place à la grâce d’Angel Olsen dont le troisième album, “My Woman”, a été unanimement plébiscité l’an dernier.
Le premier à monter sur les planches ce soir se nomme Tim Darcy. Loin d’être un inconnu, il s’agit du leader de Ought qui s’est récemment lancé dans une parenthèse en solitaire. Il a publié en début d’année “Saturday Night”, un premier album qui a de quoi surprendre. À mille lieues de son quotidien, ce grand dadet un peu gauche laisse en effet de côté ses influences glaciales pour en explorer d’autres, nettement plus atypiques.
Son organe vocal peut ainsi se parer de velours en vue de conférer un cachet crooner à des compositions que l’on dirait d’un autre temps. On pense énormément à Roy Orbison au milieu des sixties sans pour autant tomber dans la ringardise (“Still Waking Up”). Contrairement à son passage à la Rotonde en février dernier où il était accompagné de deux créatures dont une choriste violoniste, il se produit seul à la guitare, occasionnellement soutenu par une boite à rythmes. En conséquence, son set finira pas devenir un rien trop linéaire.
Un petit coup d’œil à la Rotonde pour le lancement officiel de l’album d’Endz, projet de vétérans du rock made in Wallonie puis retour au chapiteau où les grands espaces américains seront explorés via Ryley Walker. Les titres travaillés du bonhomme prennent un certain temps à se développer sur scène et deviennent tout bonnement exquis lorsqu’ils arrivent à maturité (on pense à du Midlake ou à du Wilco en un rien plus nerveux).
Il faut dire que les musiciens qui l’accompagnent sont loin d’être des manchots (mention à l’imposant bassiste et au batteur qui va jusqu’à utiliser un… archet et des clochettes qu’il agite avec ses dents). Ceci dit, la longueur et la complexité de certains morceaux vont nous perdre de temps à autre, avant qu’un délire du batteur ne nous rappelle à l’ordre. Il serait intéressant de les revoir dans l’intimité d’une salle.
En 2014, “Burn Your Fire For No Witness”, le deuxième album d’Angel Olsen, l’a élevée au statut de personnalité respectée. Autrement dit, elle était attendue au tournant et, au travers de l’excellent “My Woman” sorti à l’automne dernier, a fait taire tous ses détracteurs. Choisi par Rough Trade comme album du mois de septembre, il s’est également retrouvé en bonne place dans les référendums de fin d’année.
Ceci dit, on a commis une grosse erreur de stratégie ce mercredi soir. Plutôt que de se plonger directement dans l’univers de l’Américaine, on a été jeter une oreille aux sauvages de Cherry Glazerr à la Rotonde. Quelques titres seulement mais qui ont eu l’effet d’une bombe tant l’énergie dégagée par l’improbable chanteuse et ses compositions qui le sont tout autant, alliant indie rock, mélodies imparables et hurlements mesurés nous ont laissés pantois.
On a donc pris le train Olsen en route alors qu’elle était en pleine interprétation du fantastique “Not Gonna Kill You” qu’il est encore plus sur scène avec trois guitares en action. L’analyse de la set-list et les témoignages sur place vont davantage nous faire regretter notre décision car il s’agissait de la fin de la première partie théorique du concert, nerveuse à sa manière, qui l’a notamment vue jouer les efficaces “Shut Up And Kiss Me” et “Give It Up”, sucreries pop extraites de son dernier album.
La suite allait en effet se révéler un rien plus laborieuse, empruntant les mêmes travers que Ryley Walker. Des titres exagérément allongés (“Sister” et “Woman” en tête) qui font perdre pied aux spectateurs. Ceux-ci vont d’ailleurs tout doucement commencer à déserter le chapiteau malgré des musiciens d’une qualité indéniable. On va ainsi regretter la sous-utilisation des instruments électriques car chaque montée dans les tours s’accompagnait de frissons de bien-être.
Ceci dit, la voix de la bien nommée Angel (qui arbore un top coloré) reste la principale attraction. Elle rend ainsi justice à “Acrobat” et à “Those Were The Days”, par exemple, mais ce n’était pas l’endroit propice. Quant aux rappels, ils vaudront surtout pour son hymne “Unfucktheworld” (inscrit fièrement sur la grosse caisse de la batterie) et son hit “Never Be Mine” aux influences délicieusement sixties. La prochaine fois, on adapte notre stratégie…