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Franz Ferdinand : la pluie et le feu

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C’est dans le cadre enchanteur de l’Openluchttheater Rivierenhof, à deux pas d’Anvers, que les Écossais de Franz Ferdinand ont repris du service sur une scène belge ce mercredi 30 août. Sans actualité discographique, ils venaient y tester de nouvelles compositions auprès d’un public entièrement acquis à leur cause. L’événement affichait en effet complet depuis des lustres et ce n’est pas la pluie, invitée de dernière minute, qui allait gâcher la fête. En tout cas certainement pas pour The Homesick, le groupe choisi pour assurer la première partie en provenance des Pays-Bas voisins (ce qui explique peut-être l’état relativement second du chanteur…). Ces trois gamins ont vraisemblablement farfouillé dans la collection de disques de leurs parents qui devaient fréquenter assidument les soirées new wave de l’époque.

On retrouve ainsi une guitare glaciale (on pense beaucoup à The Cure), une basse sinistre et une voix pas encore caverneuse, même si le mixage (délibérément ?) en retrait de celle-ci permet de s’engouffrer dans des contrées prenantes amplifiées par de longs passages instrumentaux parfaitement maîtrisés. Ceci dit, la face psyché qui a émaillé la fin de leur set démontre qu’ils ont plus d’une corde à leur arc et que leurs influences sombres s’apparentent sans doute à une étape et non une fin en soi.

Depuis la dernière visite de Franz Ferdinand dans une salle belge, il s’est passé beaucoup de choses. Ils ont notamment enregistré et tourné un excellent album avec les Sparks sous le pseudo FFS en 2015 puis, l’année dernière, le guitariste Nick McCarthy a fait un pas de côté en quittant (momentanément ?) le groupe pour se concentrer sur sa vie familiale et poursuivre d’autres projets musicaux. Aucun album n’étant pour le moment annoncé, le concert de ce soir aurait pu s’apparenter à une répétition grandeur nature ou à set best of nostalgie. Ce ne sera pas le cas.

En effet, le groupe va d’emblée se montrer affûté au son de “Stand On The Horizon” à l’environnement disco (aussi bien sonore que visuel) suivi de “Lazy Boy”, un premier nouveau titre hyper efficace dans la même veine qui rend hommage à Cerrone ou à Giorgio Moroder, à l’instar d’“Outsiders” un peu plus tard dans le set.

Vêtu d’une veste qu’un marcheur de l’Entre-Sambre-et-Meuse n’aurait pas reniée, le leader Alex Kapranos arbore ce soir une curieuse coiffure peroxydée, quelque part entre Lady Di et Sick Boy (Trainspotting). Particulièrement en forme et prolixe, il va s’improviser G.O. et travailler le public qui n’attendait qu’une étincelle et “Do You Want To?” pour s’enflammer (“Lucky lucky, you’re so lucky…”).

À ses côtés, outre le bassiste Bob Hardy (de moins en moins en retrait) et le batteur Paul Thomson, on fera connaissance avec les deux musiciens engagés pour pallier l’absence de Nick McCarthy. Il s’agit du guitariste Dino Bardot, un ancien membre de 1990s (fréquenté également à l’époque par Alex Kapranos) et du multi-instrumentiste Julian Corrie, aussi bien à l’aise derrière son synthé (“Love Illumination”, “Walk Away”) que sa guitare (“The Fallen”).

Les hits, c’est bien, mais on était également curieux de découvrir de nouveaux titres. Outre celui mentionné plus haut, “Huck & Jim” associera couplets inquiétants et refrains uptempo à la Adam & The Ants (la théâtralité et le look du leader y sont peut-être pour quelque chose) tandis que “Paper Cages” pourrait bénéficier d’une production de… Dr Dre mais toujours avec ce petit côté arty qui fait la différence.

Essentiellement fans de la première heure, les spectateurs vont s’affoler sur les désormais classiques “The Dark Of The Matinée”, “Michael” et “Take Me Out” (trois guitares de front et des sauterelles dans le public), extraits de leur impeccable premier album sorti en 2004. Mais c’est avec “Ulysses”, le seul rescapé de la période “Tonight: Franz Ferdinand” qu’ils rejoindront les coulisses, alors que dans la fosse, on s’égosille déjà en vue du futur dernier titre des rappels.

Des rappels qui débuteront avec un ultime nouveau titre, le curieux et déstructuré “Always Ascending”, entre intro spatiale, riffs disco brouillons et final EDM un peu trop poppy. Un paradoxe à l’écoute du texte de “Goodbye Lovers And Friends” qui lui succèdera (“Don’t play pop music, You know I hate pop music”), que l’on dirait réarrangé pour illustrer une scène d’un jeu vidéo. Sans surprise, “This Fire” embrasera l’endroit alors que virevolteront dans les airs les coussins distribués à l’entrée du site pour amortir le postérieur de ceux qui souhaitaient (inexplicablement) rester assis. On attend impatiemment la suite.

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