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Les Sparks tout feu tout flamme à l’AB

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À bientôt cinquante ans de carrière, les Sparks viennent d’ajouter un chapitre lumineux à leur pléthorique discographie. “Hippopotamus”, leur vingt-troisième album sorti tout récemment, renoue avec les grandes heures des frères Mael. Ils étaient sur la scène de l’Ancienne Belgique ce samedi 16 septembre. La première partie avait été confiée à un certain Mister Goodnite, qui n’est autre que Tyler Parkford, leur claviériste de tournée mais aussi membre fondateur de Mini Mansions. Ceci dit, ce projet n’a absolument rien à voir avec le groupe qui a joué en support de Royal Blood il y a deux ans. Le bonhomme se mue en effet en parfait crooner, du timbre de voix vintage au costume tiré aux quatre épingles en passant par l’attitude désuète. Mais ce n’est encore rien par rapport à l’environnement sonore diffusé à partir d’un disque vinyle qui crépite au coin du feu, actionné maladroitement par le chanteur himself. Ou comment revisiter le karaoké de nos ancêtres.

Surfant sur la vague qui a entouré leur fructueuse association avec les Ecossais de Franz Ferdinand sous le pseudo FFS (un album éponyme impeccable et un concert de feu dans cette même salle en juin 2015), les Sparks ont comme par enchantement retrouvé l’inspiration. “Hippopotamus” est en effet leur première plaque à atteindre le top 10 anglais depuis “Propaganda” en… 1974. Un succès commercial et critique tout à fait mérité qu’ils vont célébrer en réservant une large partie du set à ces nouvelles compositions dont “What The Hell Is It This Time?” d’entrée de jeu.

Devant un décor étonnamment sobre, les frangins et leurs cinq musiciens (de jeunes loups affamés bourrés d’énergie) vont faire grimper la température d’un cran via le hit “At Home, At Work, At Play” et l’imparable “When Do I Get To Sing ‘My Way’” qui émailleront le début de leur prestation. Outre Mister Goodnite, deux excellents guitaristes, un bassiste et un batteur jouent de front à l’arrière de la scène, vêtus de pulls marinière. Russel, le chanteur, arbore quant à lui un bermuda alors que Ron, le claviériste à la minuscule moustache caractéristique, sera sapé plus classe que les autres (en col et cravate) tout en respectant le dress code ligné de la soirée.

Parmi les nouveaux titres qui constitueront le cœur de la set-list, on retiendra “Missionary Position”, “Edith Piaf (Said It Better Than Me)” et le délirant “Scandinavian Design”. Des titres poppy juste ce qu’il faut, remplis d’humour et de second degré qui ne fonctionneraient certainement pas dans le répertoire d’autres musiciens. Des titres à la limite du kitsch mais suffisamment nerveux que pour conserver une crédibilité aux oreilles d’un public à la moyenne d’âge respectable.

Il faut dire que la voix suraigüe du chanteur, modulable à souhait, lui permet d’accomplir des performances que beaucoup de ses pairs lui envient, comme sur les pièces mélodramatiques que sont “Dick Around” et “This Town Ain’t Big Enough For Both Of Us” (un “Bohemian Rhapsody” avant l’heure) ou le crescendo “My Baby’s Taking Me Home”. Bon, de temps en temps, cela dérape (le vahiné “Sherlock Holmes”, les guitares dégoulinantes de “Never Turn Your Back On Mother Earth”) mais pas suffisamment pour que cela leur soit préjudiciable.

Bien entendu, on pourrait reprocher l’hyperactivité de Russel ou le rituel de Ron, éternel pince-sans-rire derrière son clavier, qui occupe le centre de la scène le temps d’une danse effrénée lors du break de “The Number One Song In Heaven” avant de rejoindre son espace de confort. Mais cela fait partie du show.

Les rappels les verront revisiter leur parenthèse FFS au travers de “Johnny Delusional” dans une version qui n’a rien à envier à l’originale. À ce propos, on regrettera que Franz Ferdinand, lors de leur concert à Anvers il y a peu, ait complètement oublié cet épisode, mais c’est une autre histoire. “Amateur Hour” aux guitares particulièrement tranchantes clôturera le set sur une note festive alors que les spectateurs acclameront longuement les deux frères qui prolongeront le plaisir en profitant du moment. Ron s’appropriera même le micro l’espace d’un instant pour, entre deux remerciements, dédier le set de ce soir à la mémoire du regretté Marc Moulin avec qui ils ont régulièrement collaboré au long de leur carrière. Chapeau bas, messieurs…

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