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Le monde sauvage d’Hanni El Khatib

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Quelques semaines après son passage au Dour Festival, Hanni El Khatib foulait pour la quatrième fois les planches du Botanique ce jeudi 5 octobre. L’occasion de se retourner sur “Savage Times”, un quatrième album en guise de bilan de son année 2016…

Lors de notre entrée dans l’Orangerie, les Français de Holy Oysters avaient déjà entamé leur set sur un mode planant. Il s’agissait de l’arbre qui cachait la forêt car leurs influences disco pop marquées, à la croisée des chemins entre M83 et Phoenix avec un petit clin d’œil funky à Prince, allaient rapidement se dévoiler. Articulées autour de trois voix (dont celle très haute du leader à l’impeccable accent anglais) et de claviers entêtants, leurs compositions n’ont qu’un objectif, celui de vous envoyer sur la piste de danse. Avec plus ou moins de réussite.

Hanni El Khatib a passé la majeure partie de l’année dernière à enregistrer et publier une série d’EPs sous le titre générique “Savage Times”. Cinq volumes aujourd’hui compilés sur un album du même nom avec le dernier chapitre en bonus. Ce format court lui a ainsi permis de s’engouffrer dans des contrées aussi variées que surprenantes avec au final une collection plus aventureuse qu’il n’y parait.

Ceci dit, à l’instar de “Baby’s OK” et de “Mangos And Rice” balancés d’entrée de jeu, le Californien n’a laissé de côté ni l’énergie ni le son crasseux qui ont construit sa réputation de bad boy. D’un point de vue musical en tout car il reste dans l’absolu un personnage attachant et réservé. Belle gueule, il porte ce soir un polo rouge vif qui dévoile des avant-bras généreusement tatoués. À ses côtés, un batteur visiblement obnubilé par sa caisse claire (il ne mettra pas plus de quelques secondes avant de nous exploser les tympans) ainsi qu’un guitariste (claviériste à ses heures) et un bassiste au groove addictif.

Sur l’écran géant derrière eux, le scorpion noir sur fond rose qui orne la pochette de l’album trône en maître avant de laisser place à des séquences animées délibérément défraîchies qui vont ratisser large sans rapport apparent avec les titres joués (compétitions sportives, documentaires naturalistes, jeux vidéo,…).

Si l’album précédent (“Moonlight” en 2015) avait déjà amorcé un virage moins brut (le très Frank Black “Melt Me” et le presque psyché “The Teeth” notamment joués ce soir), “Savage Times” l’a amplifié. Il suffit de se pencher sur “Paralyzed”, titre dansant à souhait qui renvoie à la période patte d’éph des Rolling Stones, sur le blues lancinant et glacial de “Till Your Rose Comes Home” ou sur le langoureux (et excellent) “This I Know”. Sans parler du sexy “Come Down”.

À priori, il aurait préféré jouer à la Rotonde (en souvenir de son premier passage en duo avec son batteur) et ne manquera pas de le signaler. Cela ne l’empêchera pas de sauter dans le public avec sa guitare pour un “You Rascal You” qui mettra le feu aux poudres avant un final rugueux dont “Pay No Mind” et “Family” ne seront pas les moins perlés de sueur.

Après un court séjour en coulisses, le chanteur entamera en solitaire “Miracle”, ultime nouveau titre de la soirée, avant d’être rejoint par ses comparses. Ce petit monde se lâchera ensuite sur un analogique “Fuck It, You Win” au riff d’enfer et un “Two Brothers” à la vibe disco orientale, point final d’une prestation dont le seul bémol aura trait à son inhabituelle courte durée. Peut-être aurait-ce été différent dans la salle située au milieu du complexe…

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