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Le soleil noir de Mogwai

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Comme cela avait déjà été le cas en 2014, les Écossais de Mogwai ont doublé leur passage à l’Ancienne Belgique. Une manière élégante de tourner le dos à des salles potentiellement trop vastes pour leur univers particulier. Retour sur la première de ces deux soirées, celle du vendredi 20 octobre. Qu’il s’agisse de 65daysofstatic, de Forest Swords ou de Mugstar, la liste des premières parties invitées par leurs soins au fil des années a fière allure, raison pour laquelle on était au poste dès 19h45 pour accueillir Sacred Paws les yeux fermés. Mais une fois n’est pas coutume, on a bien vite déchanté à l’écoute des rythmes métissés et des harmonies vocales faussement rebelles du duo constitué d’une batteuse et d’une guitariste à la coiffure afro, augmenté sporadiquement d’une bassiste pour le moins discrète.

Musicalement parlant, on se balade quelque part entre Vampire Weekend et Fool’s Gold, bien loin des influences crasseuses de Golden Grrrls, leur précédent projet. Autant dire que l’on s’attendait à autre chose de la part d’un groupe récemment signé chez Rock Action, le label des hôtes de ce soir et en support de ceux-ci.

L’année 2016 a été chargée pour Mogwai puisqu’après avoir publié et tourné “Atomic”, la B.O. illustrant le documentaire du même nom sur le nucléaire (on se souvient d’un passage en mode mineur au Cirque Royal lors des Nuits), ils ont participé aux côtés notamment de Trent Reznor à l’illustration sonore de “Before The Flood”, un film sur le changement climatique. Parallèlement, Stuart Braithwaite a pris part à l’aventure Minor Victories (leur visite au Bota, elle, valait clairement le détour) et a joué dans Lost In France, un documentaire sur la genèse de la scène underground de Glasgow.

Cela ne l’a toutefois pas empêché de retrouver ses camarades de jeu pour enregistrer “Every Country’s Sun”, le neuvième album studio du groupe au sens strict du terme. Un album produit par Dave Fridmann qui s’est ainsi retrouvé seul aux manettes pour la première fois depuis 2001 et qui, vingt ans après “Young Team”, a donné au combo écossais la meilleure position de sa carrière dans le UK Top 40, loupant le top 5 d’une marche.

C’est d’ailleurs avec un extrait de celui-ci, “20 Size”, que le show débutera sur un mode relativement plan-plan. L’occasion d’admirer la chemise de bûcheron de Dominic Aitchison, le bassiste abondamment barbu et de faire connaissance avec Cat Myers, la nouvelle batteuse toute fluette (aperçue au sein de Honeyblood) qui a pris la place de Martin Bulloch en tournée. À droite de la scène, Stuart Braithwaite, reconnaissable entre mille, va magnifier de sa voix trafiquée l’excellent “Party In The Dark” alors que le feutré “Take Me Somewhere Nice”, dans la foulée, introduira parfaitement “Coolverine”, la parfaite plage d’intro du nouvel album, planante à souhait.

Le groupe joue devant un décor constitué de parois délimitées par des rampes de spots verticales qui vont installer une ambiance assez sinistre. Ceci dit, une demi-heure avait déjà filé que nos tympans n’avaient pas encore ressenti une vibration digne de ce nom. Limitation sonore imposée par la salle ou retenue délibérée ? Aucune des deux options visiblement car dès “Rano Pano”, on allait retrouver le Mogwai des grands soirs, boosté par Alex Mackay, le nouveau guitariste particulièrement inspiré.

Ainsi, les récents “Don’t Believe The Fife” et “Every Country’s Sun” ne pâliront certainement pas confrontés à un hypnotique et futuriste “Remurdured” (on dirait du Kraftwerk en mode post rock). Et que dire d’“Old Poisons” matraqué de lights rouge, à l’instar du volume démentiel désormais de rigueur dans la salle, lors duquel les spectateurs entameront des pogos spontanés…

Les rappels fonctionneront quant à eux à deux vitesses avec un “2 Rights Make 1 Wrong” un peu trop sage (cet énervant vocoder…) malgré des effets stroboscopiques omniprésents alors qu’un “We’re No Here” toutes guitares en avant achèvera le boulot dans un capharnaüm sonore que prolongeront les deux guitaristes concentrés sur leurs pédales à effets. Un set époustouflant qui ne sera absolument pas le même le lendemain. Une preuve supplémentaire du respect que les Écossais réservent à leurs fans purs et durs…

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