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Cabbage et Wolf Alice au Bota, un match Manchester-London

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Si la pléthorique programmation du Bota a le don de ravir les plus exigeants, elle provoque également des dilemmes compliqués à résoudre. Ainsi, ce samedi 28 octobre, on a décidé de ne pas choisir entre Cabbage au Witloof Bar et Wolf Alice à l’Orangerie. Ceci dit, des soucis sur le rail britannique ont failli contrecarrer nos plans car les premiers nommés sont seulement montés sur scène vers 20h35. Les natifs de Mossley dans les environs de Manchester étaient en tout cas bien remontés lorsqu’ils ont entamé “Kevin”, titre crasseux qui rappelle l’univers bordélique de Fat White Family et l’attitude hooligan dans toute sa splendeur.

L’épileptique leader Lee Broadbent se produit ainsi en short et vareuse de foot avec, en guise de mauvais goût, des chaussettes lignées colorées qu’il ne prend même pas la peine de dissimuler dans des chaussures. Sans parler de son accent à couper au couteau… Sa voix renvoie irrémédiablement à celle de John Lydon qui aurait emmené The Clash plutôt que les Sex Pistols car derrière une énergie décuplée, on perçoit un travail de composition faussement bâclé que l’on retrouve également chez Shame par exemple.

D’autant que le guitariste chevelu à lunettes Joe Martin, lorsqu’il échange son instrument contre un micro, apporte une zénitude toute relative, et même un certain groove (le très Talking Heads “Lunch Woman”, le presque psyché “Tell Me Lies About Manchester”) agrémentés d’un brin de folie supplémentaire (il terminera notamment torse-nu). Mais ce n’est que pour mieux laisser son compère repartir par la suite sur une rythmique infernale (“Fraudulent Artist”) et ponctuer le tout via un destructeur “Uber Capitalist Death Trade” que des pogos rendront encore plus agressif. En quarante minutes, tout était dit. Et bien dit.

En février dernier, lors de l’avant-première de T2 Trainspotting, on a redécouvert “Silk”, le titre de Wolf Alice inclus sur la bande originale du film. L’occasion de se replonger dans “My Love Is Cool”, le premier album des Londoniens qui regorge de pépites indie encensées par le NME. Le célèbre périodique anglais a par ailleurs réservé un accueil dithyrambique similaire à “Visions Of A Life”, leur récente nouvelle plaque, en lui attribuant sa note maximale.

Entre-temps, Ellie Rowsell a posé sa voix sur “3WW” et “Deadcrush”, deux extraits de “Relaxer”, le dernier opus d’Alt-J. Le groupe est également au centre d’On The Road, un pseudo documentaire romancé sur la vie en tournée dirigé par Michael Winterbottom (Stop Making Sense, 24 Hour Party People). Vous l’aurez compris, le quatuor semble incontournable dans son pays natal. Un peu moins par ici, même si l’Orangerie n’est pas loin d’afficher complet ce soir.

Une Orangerie que l’on a traversée au son de “Don’t Delete The Kisses” alors qu’ils avaient déjà entamé leur set depuis une bonne vingtaine de minutes (on ne dit pas merci à Cabbage sur ce coup-là…). Si leur échauffement était terminé, l’intensité un peu moins soutenue qu’un étage plus bas était à deux doigts de mettre le nôtre à mal. On se trouve en effet ici dans un univers nettement plus arrondi avec des effets sur la voix et des compositions au potentiel radiophonique affirmé. Toutes proportions gardées, on pense par moments aux Cranberries (“Bros”, “Planet Hunter”).

Curieusement, la chanteuse, petit bout de femme au charme certain, reste assez statique sur scène, à l’inverse du guitariste Joff Oddie et du bassiste Theo Ellis, particulièrement déchainés. Avec le batteur Joey Amey et sa coiffure à la Ramones, ils vont baliser la rythmique de compositions qui, au fil du concert, deviendront de plus en plus nerveuses, l’excellent “Lisbon” et “Space & Time” en tête. Dommage qu’ils soient entrecoupés de passages dispensables (“Sadboy” ou le déstructuré “Visions Of A Life”, un peu trop classic rock 70s).

Ceci dit, “Fluffy” remettra les choses en place de manière criarde juste avant des rappels qu’Ellie entamera seule délicatement à la guitare avant d’être rejointe par ses trois camarades de jeu pour un “Blush” au final prenant à souhait. Le tout se clôturera au son d’un “Giant Peach” appelant presqu’à la rébellion. Mais malgré tout, c’est la fougue de Cabbage que l’on retiendra ce soir…

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