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Triggerfinger, colosse du rock belge

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Cette fin d’année appartient décidément aux groupes belges à l’AB. Après
Front 242
et
Girls In Hawaii
, c’était au tour de Triggerfinger de remplir par deux fois la salle du boulevard Anspach. Flashback sur la seconde prestation du groupe Anversois, celle du vendredi 15 décembre. De prime abord, les liens qui unissent Hong Kong Dong, le trio invité pour assurer la première partie, et les hôtes de la soirée ne sautent pas aux oreilles. En effet, musicalement, leurs compositions électro pop parsemées de guitares discrètes renvoient plutôt vers Compact Disk Dummies si ceux-ci étaient emmenés par une chanteuse déjantée (elle a entamé le concert coiffée d’une demi-boule à facette géante). Et pourtant…

Cette chanteuse déjantée, Sarah Yu Zeebroeck, également illustratrice à ses heures, a réalisé l’immense fresque à l’arrière de la scène qui trouve son extension sur la grosse caisse du groupe principal. Quant au guitariste, il s’agit de l’excellent Geoffrey Burton (aperçu notamment chez Daan et Arno) qui officie en tant qu’extra sur cette tournée de Triggerfinger en support de leur cinquième album, “Colossus”.

Un album dont la dernière plage (si l’on excepte le morceau caché) s’intitule “Wollensak Walk”, un curieux instrumental crasseux et atypique avec lequel ils monteront sur scène avant de balancer “Upstairs Box”, joué avec… deux basses. Il ne faudra pas attendre la fin du morceau pour voir Mario Goossens, le démonstratif batteur aux multiples grimaces, grimper sur son kit. Malgré son hyperactivité et la chaleur des spots, il gardera chemise, cravate et veston jusqu’au bout, terminant littéralement en nage.

Ceci dit, il n’est pas le seul à se produire sur son trente-et-un. L’imposant bassiste Monsieur Paul (Paul Van Bruystegem pour l’état civil) arbore le même accoutrement dans les tons sombres alors que le chanteur Ruben Block se distingue par son goût pour les couleurs criardes : chemise rouge scintillante et costume bleu électrique. Pour l’anecdote, même les roadies sont sapés comme des princes.

Rassurez-vous, on n’assistait pas à un défilé de mode (ni à une soirée de jazz, rigolera le leader juste avant de balancer l’excellent “Flesh Tight”) mais à un concert de rock couillu dégoulinant de sueur. Le simple fait d’ajouter une guitare à l’équation sur les musclés “And There She Was Just Lying” et “By Absence Of The Sun” pendant lequel le batteur deviendra comme fou suffira à satisfaire une foule clairement venue pour en prendre plein les tympans.

La seconde moitié du set verra le groupe partir dans des délires qui alterneront le bon (cette époustouflante version de “My Baby’s Got A Gun” aux nombreux rebondissements, “Black Panic”) et l’énervant. Non pas que “Bring Me Back A Live Wild One” ponctué d’un interminable solo de batterie ou “All This Dancin’ Around” soient de mauvais titres, loin de là, mais leur réserver un traitement allongé à outrance finit par taper sur le système, même en présence de musiciens hors pair. Juste après, l’imparable “Colossus” agrémenté de maracas agités par Miss Hong Kong Dong remettra de l’ordre en guise de final du set principal.

On le sait, les covers improbables font partie de l’ADN de Triggerfinger. Après Lykke Li, c’est un titre de Rihanna qu’ils revisitent avec habileté en y injectant une vision inédite. “Man Down” sera ainsi la curiosité de la première salve de rappels. Mais le prenant “Afterglow” aux lights chaleureux, ultime extrait de la nouvelle plaque ainsi qu’une autre cover, plus à leur image (“Funtime” d’Iggy Pop) seront également des moments forts du set. Un set qui se terminera définitivement après un second retour des vestiaires au son décoiffant de “Let It Ride”. Seize titres au final qui auraient facilement pu atteindre la vingtaine sans l’étalage de la dextérité des musiciens. Le seul point négatif de la soirée…

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