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Death From Above, outrage is (not yet) now

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Trois ans jour pour jour après avoir détruit l’AB, l’infernal duo Canadien Death From Above s’apprêtait à réserver le même sort à l’Orangerie du Botanique en ce premier jour du mois de mars. Comment pouvait-il en être autrement avec un nouvel album baptisé “Outrage! Is Now” ? Et pourtant… En tout cas, avec le groupe invité en première partie, la soirée ne pouvait que commencer sous les meilleurs auspices. Si on avait déjà croisé la route de Le Butcherettes en première partie d’At The Drive-In voici deux ans, on ne se souvenait pas d’une énergie aussi débordante de la part d’une chanteuse complètement frappadingue. Sa chevelure mise à part (elle aurait pu faire un effort…), elle est vêtue de rouge de la tête au pied, y compris son visage grossièrement peinturluré.

Expressive et dotée d’une voix oscillant entre celles d’Alison Mosshart et de Brody Dalle, elle va laisser s’exprimer une énergie débordante autour d’un bassiste et d’une batteuse dont la seule touche commune sera la couleur du lipstick. Musicalement, les riffs incendiaires (on pense par moments à AC/DC) se marient à des claviers vintage, le tout entouré d’un rythme rugueux à souhait. On ne risque plus de les oublier…

Depuis le come back de Death From Above 1979 et la tournée en support de “The Physical World”, un album live enregistré dans les studios Third Man Records de Jack White a vu le jour en 2015. Mais le principal fait d’armes de ces derniers mois a trait au nom du groupe qui a laissé tomber le 1979 et est donc revenu à son appellation d’origine. Pour rappel, la bisbrouille venait d’une similitude avec Death From Above Records, le label de James Murphy (LCD Soundsystem) qui n’a semble-t-il pas réagi cette fois… Toujours est-il qu’“Outrage! Is Now”, la troisième plaque du duo, est sortie en septembre dernier sans toutefois provoquer le retentissement attendu.

En effet, à l’instar de “Nomad” en intro de set, il manque la hargne qui avait fait d’eux un phénomène en studio décuplé sur scène. Des titres comme “Caught Up” et “Moonlight” pâtissent d’un manque d’inspiration qui les fait ressembler à… Muse. Même le cinéma autour du classique “Turn It Out” (un roadie vient soutenir l’ampli afin de permettre au bassiste de faire vrombir son instrument sans faire tomber le matériel) ne rattrapera pas un début de prestation sans réel entrain. Il faudra attendre “Always On” et son hommage déguisé à Nirvana pour enfin ressentir un début de vibration. Une séquence prolongée par les riffs crasseux de “Little Girl” et les arrangements lumineux de “White Is Red”.

Le duo se produit devant son logo version XXL à l’arrière de la scène. Du côté droit, Sebastien Grainger en blanc immaculé et cheveux peroxydés martèle son kit tout en assurant les vocaux. Une sérieuse performance vu la cadence qu’il impose. À gauche, Jesse F Keeler, tout de noir vêtu et généreusement barbu, triture sa basse (ou sa guitare à quatre cordes, c’est selon). Il va également actionner un synthé qui verra tant la plage titulaire de la nouvelle plaque que le très poppy “Freeze Me” repartir dans un trip à la Muse aux sonorités légèrement électroniques.

Le concert de ce soir arrive en plein milieu d’une tournée en support d’At The Drive-In (décidément…) où ils jouent quarante-cinq minutes d’un set concis. L’allonger d’une demi-heure l’a sans doute fait perdre en intensité. On pense aux dispensables “Holy Books” et “Never Swim Alone” (pale imitation de Faith No More). Heureusement, les efficaces “Trainwreck 1979” et “Romantic Rights” généreront enfin quelques pogos dans l’assemblée.

Tout à coup, alors que Sebastien Grainger arpente la scène loin de son instrument, un spectateur monte sur scène et se dirige vers la batterie. Il enlève sa montre, dépose son smartphone et s’installe derrière le kit. Les musiciens lancent alors des regards ahuris en entendant le bonhomme frapper comme si sa vie en dépendait. On apprendra plus tard que le spectateur en question s’appelle William, qu’il est Canadien en transit à Gand et qu’il joue dans un cover band de DFA. CQFD.

Piqués au vif (?) et de nouveau à deux, ils vont ensuite se lancer dans une version destructrice de “Physical World” avant des rappels qui les verront jouer une requête du public (le très ancien “Dead Womb”) avant de terminer avec un cataclysmique “Pull Out”. “Too fast, too loud, as usual” lancera le batteur. Mais pourquoi donc ce spectateur n’est-il pas monté plus tôt sur scène ?

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