Soirée métal symphonique au Biebob
Le label Napalm a eu la riche idée d’organiser une tournée intitulée «Symphonic Metal Nights» à l’affiche attrayant ciblant les amateurs de (power) métal symphonique et mélodique et de voix féminines. Mieux encore, cette tournée s’est arrêtée au Biebob le 15 février dernier et Music In Belgium était de la partie.
En ouverture de programme, la formation transalpine Secret Rule, emmenée par la chanteuse Angela Di Vincenzo, accompagnée d’Andy Menario à la guitare, de Michele Raspanti à la basse et de Nicola “Nyk” Corrente aux fûts. Les Italiens assurent la promotion de leur troisième album «The key to the world», sorti en novembre dernier. Les protagonistes prennent place sur scène sur fond d’instrumental avec «The Key». Aussitôt installés, ils entrent immédiatement dans le vif du sujet avec
«The Song of the Universe», excellent titre phare du nouvel opus. Après «Empty World», ils embraient avec un autre de leurs grands succès, intitulé
«Secret Place».
Je suis frappé par la qualité inattendue de la prestation de ce premier groupe de la soirée. Il est en effet assez inhabituel d’avoir des artistes de ce niveau en entrée en programme. La setlist continue avec l’énergique
«The Saviour». Le morceau suivant est, à l’origine, un duo tiré du nouvel album, avec la talentueuse Ailyn (ex-Sirenia) qui n’est malheureusement pas présente ce soir. Nous nous délectons cependant du titre
«Imaginary World». Après «Lost Child», le groupe arrive déjà à la fin de sa prestation qu’il clôture par «Trip of Destiny». Un métal symphonique de très bonne facture, aux légers accents électro, dans des rythmes souvent véloces. Un début de soirée ma foi très réussi!
La scène métal symphonique italienne, qui regorge d’artistes talentueux, est bien représentée ce soir puisque le second groupe à se produire devant le public du Biebob n’est autre que l’excellent groupe italien de Sleeping Romance. Au chant, la magnifique et talentueuse Federica Lanna, accompagnée de Federico Truzzi (guitare et orchestrations), Lorenzo Costi (basse), Francesco Zanarelli (batterie) et Fabrizio Incao (guitare). Ayant eu l’occasion de voir cette formation transalpine aux Pays-Bas il y a deux ou trois ans en concert acoustique et en concert électrique, je savais déjà un peu plus à quoi m’attendre. Ayant aussi eu l’occasion de chroniquer leur nouvel album
«Alba», j’étais même carrément impatient de découvrir les nouveaux morceaux en version live…
Malheureusement pour le public belge et bien que la tournée vienne seulement de commencer, la grippe a commencé à sévir à bord du bus qui sert à la fois de chambre d’hôtel et de moyen de transport aux groupes à l’affiche. C’est fiévreuse et vocalement affaiblie que Federica Lanna monte sur scène. Grâce à sa maîtrise technique, la chanteuse parvient à remplir son contrat et arrive courageusement au bout de la setlist (son état empirera cependant au point de ne pas pouvoir se produire le lendemain soir à Nijverdal aux Pays-Bas). Vu les circonstances, la formation transalpine s’en tire avec tous les honneurs. Après avoir pris place sur scène au son de l’instrumental «Overture – Twilight», la bande à Federica et Federico enchaînera les 5 titres de sa setlist presque tous extraits du nouvel opus, à savoir
«Where the Light Is Bleeding»,
«Lost in My Eyes»,
«The Promise Inside» (extrait de l’album «Enlighten» de 2014),
«My Temptation» (2017) et le titre générique du nouvel album «Alba». Plus j’écoute la musique de Sleeping Romance, plus le lien de filiation avec le Within Temptation des débuts me paraît évidente. Mais cette influence vient se greffer sur un vrai style personnel. Nous avons ici droit à des compositions interprétées avec brio par un groupe qui gagne à être connu!
Le groupe suivant n’est pas un inconnu puisque j’ai dû le voir aussi une bonne trentaine de fois au fil des ans. Depuis l’arrivée de son nouveau duo de chanteurs formé par Clémentine Delauney et Siegfried Samer, le groupe a beaucoup tourné pendant qu’il s’attelait par ailleurs à l’écriture de nouvelles compositions. Je veux bien sûr parler du groupe autrichien Visions Of Atlantis dont la version 3.0 est ici à l’œuvre. Aux côtés des vocalistes, on retrouve Werner Fiedler à la guitare, Thomas Caser à la batterie, Chris Kamper aux claviers et Michael Koren à la basse. Ne voulant pas faire les choses à moitié, le groupe a vraiment pris son temps et cela valait la peine d’attendre puisque l’album
«The Deep & The Dark» est un véritable petit chef d’œuvre.
La grippe n’épargne pas les membres de la formation autrichienne puisque Clémentine est atteinte ainsi que Thomas le batteur. Le set sera donc légèrement écourté. Ici aussi, la malédiction du « tour bus » obligera la groupe à écourter son set à Nijverdal (le batteur étant cloué au lit par la fièvre) et à renoncer à jouer un soir de la seconde semaine de la tournée…). Au programme de la soirée, une majorité de titres extraits du nouvel opus avec dans l’ordre: «The Deep and the Dark», «New Dawn», «Book of Nature», «Ritual Night»,
«Silent Mutiny», «Lost», «The Grand Illusion»,
«Return To Lemuria» et «Passing Dead End». Une magnifique prestation, à la hauteur des attentes suscitées par l’excellent nouvel album. Un professionnalisme impressionnant et un réel moment de bonheur musical partagé. Le groupe gagne visiblement en confiance et monte en puissance. Il accompagnera d’ailleurs Kamelot en 2018 dans le cadre du volet européen de la tournée du groupe.
Après la sortie de son dernier opus
«Lionheart» fin 2017 et une participation remarquée à la tournée
«Danse Macabre» avec Delain, on attendait impatiemment une nouvelle tournée headliner du groupe de power métal symphonique autrichien Serenity. Notre patience est enfin récompensée puisque les Tyroliens occupent ce soir le haut de l’affiche. Le Biebob n’affiche pas complet, mais il faut dire que la concurrence est rude ce soir avec Therion qui se produit à Courtrai et Korpiklaani–Heidevolk–Arkona–Trollfest à Anvers. C’est donc un exploit en soi d’avoir rallié autant de public face à ces grosses affiches concurrentes.
Les lumières s’éteignent au son de «Deus Lo Vult», l’intro de l’album «Lionheart». Une fois que les protagonistes ont pris position sur scène, le concert débute sur les chapeaux de roues avec
«United». Les spots dévoilent un décor représentant l’intérieur d’une cathédrale. Sur l’avant de la scène, deux grands drapeaux avec les armoiries de Richard Cœur de Lion… Ambiance assurée dès le premier morceau, déjà un véritable hymne métal qui fait bouger le public comme un seul homme. Le morceau suivant est tout aussi tonique. Cet extrait de l’album «Codex Atlanticus» et met en valeur le talent vocal du bassiste Fabio D’Amore. Vous aurez bien sûr reconnu
«Spirit In The Flesh». Le public est à la fête. Serenity enchaîne avec
«Coldness Kills», un de ses plus gros tubes, extrait de l’album «Fallen Sanctuary», avec un Chris très à l’aise à la guitare, qui débite des notes à n’en plus finir.
Pour cette première partie, le choix s’est porté sur des morceaux bien énergiques. Et le groupe n’en manque pas, par exemple le titre suivant:
«Iniquity». C’est d’ailleurs ce morceau qui marque l’entrée en scène de la chanteuse invitée sur cette tournée, Mélissa Bony (Rage Of Light, Evenmore). La talentueuse chanteuse helvétique avait fait une première apparition avec Serenity lors d’un festival estival en Suisse au mois d’août dernier. C’est donc elle qui accompagne le groupe sur cette tournée. Le public belge découvre son talent vocal et sa silhouette de top-modèle. Manifestement, le courant passe parfaitement sur scène avec Georg et les autres membres du groupe. Le public a l’air d’apprécier cette nouvelle invitée de choix… On enchaîne avec «The Matricide», extrait de l’album «War of Ages». Le public se dandine au rythme de la mélodie, les chevelures volent dans les airs. Ambiance métal. Pour suivre, retour au nouvel album avec un autre morceau bien entraînant: «Hero»
Changement de décor. Les techniciens installent des tabourets et des chandeliers pour un moment d’intimité avec un set acoustique composé de trois morceaux: la ballade
«Fairy Tales» ainsi qu’une version épurée de «When Canvas Starts to Burn» et «Engraved Within». Ce moment de douceur nous permet d’apprécier les jolies modulations de voix de Georg et Melissa qui semblent tous deux maîtriser l’exercice à la perfection. Personnellement, j’avoue avoir eu du mal à me faire à une version acoustique de «When Canvas Starts to Burn», que je n’ai commencé à vraiment apprécier dans cette version qu’à la troisième audition. Mais force est de reconnaître que le groupe a été inspiré d’insérer un set acoustique dans le concert pour permettre d’apprécier une autre facette de son savoir-faire musical.
Retour au set électrique avec, pour finir le set, cinq titres illustrant la puissance musicale dont sont capables les métallurgistes tyroliens: le déjà culte
«The Fortress (of Blood and Sand)» et son intro très kamelotienne, le classique des classiques
«Rust of Coming Ages», l’inoubliable et grandiose
«Serenade of Flames»,
«Lionheart» et peut-être un des meilleurs morceaux jamais composés par le groupe, le géantissime
« Follow Me». Vers la fin de «Lionheart», Georg et Fabio décrochent les magnifiques drapeaux pour les agiter au-dessus de la foule enthousiaste. Le groupe sort de scène sous les applaudissements nourris du public qui attend bien sûr les rappels…
Car malgré la débauche d’énergie sur scène et dans le public, les spectateurs présents en veulent encore et attendent le retour du groupe sur scène pour le bouquet final… Retour des guerriers autrichiens avec un dernier extrait du nouvel album,
«The Final Crusade»: Richard (Georg) voit défilé le film de sa vie avec intervention de la mort (Chris à la voix extrême) et d’un ange (Federica Lanna de Sleeping Romance). Federica étant malade, c’est Mélissa qui reprend le rôle avec brio devant le public du Biebob. Ensuite, on reste dans le mouvement avec
«Legacy of Tudors» et le concert s’achève par le traditionnel et incontournable «Velatum».
Le public présent salue longuement les artistes. Après le spectacle, rendez-vous au stand de merch pour échanger quelques mots avec les groupes, acheter des albums et des T-shirts et prendre les traditionnels selfies dans une ambiance bon enfant. Pour ma part, je décompte déjà les jours jusqu’à mon prochain concert des power-métallos autrichiens !
Photos © 2018 Hugues Timmermans