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Girl Power à l’Eden

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Pour la troisième année consécutive, Les femmes s’en mêlent conjugue mois de mars et gent féminine du côté de Charleroi. Un concept importé de France dont l’affiche locale, concoctée par Charlotte Maison, visage et voix de Soldout, avait fière allure…

En guise d’apéro, elle avait invité les Anversois de Few Bits pour leur première visite dans le Pays Noir. Les six musiciens vont dès lors intelligemment la jouer crescendo en entamant leur set via le mélancolique “Starry Eyed”, nouveau single qui laisse la voix sucrée de la très sérieuse Karolien Van Ransbeeck prendre les rênes. Captivante, celle-ci évolue dans le même registre que celle de Stevie Nicks au sein de Fleetwood Mac. À moins que ce ne soit le vaste environnement americana qui donne cette impression de retenue.

Si de prime abord on se demandera la raison pour laquelle pas moins de quatre guitares (dont une acoustique et une douze cordes) se répondent sur scène, la seconde partie du set répondra à cette interrogation de la plus musclée des manières. En effet, ils balanceront des titres nettement plus enlevés dont l’essence renverra à l’univers bordélique et crasseux des Dandy Warhols. Mais avec une élégance que le groupe de Portland n’approchera sans doute jamais…

Une quinzaine de jours après avoir enflammé le Club de l’AB, les trois nanas de Dream Wife et leur batteur généreusement bouclé s’apprêtaient à asséner une nouvelle gifle au public belge. Leur premier album sorti voici deux mois se profile déjà comme un des sérieux prétendants à notre top de l’année. Un album truffé de compositions rafraîchissantes et nerveuses à la fois, rehaussées d’un empowerment féministe assumé. Un beau pied de nez à Weinstein et compagnie…

Trois personnalités et autant de coiffures différentes. On a du mal à choisir entre les poses de la chanteuse toute de rouge vêtue (plus Barbie et moins pom-pom girl qu’à l’AB), le trip épileptique soutenu de la guitariste ou l’air sérieux et appliqué de la bassiste. Mais musicalement, cela cogne sec, et pas seulement via les instruments (la guitariste y laissera d’ailleurs un tiers de ses cordes). Sans oublier le message derrière des riffs imparables (“Somebody”, “Spend The Night”) véhiculé avec un sourire presque rebelle (“F.U.U.”). “Support your local bad bitch”, comme elles le clameront avant un destructeur “Let’s Make Out”

La nouvelle, tombée récemment, a pris tout le monde par surprise. L’aventure Soldout se clôturera définitivement le 11 décembre prochain par un baroud d’honneur à l’Ancienne Belgique. La prestation de ce soir était donc l’une des dernières occasions de voir le duo (augmenté d’un batteur) en salle. Leur compteur discographique restera dès lors bloqué à quatre albums, dont “Forever”, sorti il y a un an quasi jour pour jour, formera la trame d’un set entamé au son de “Do It Again”, leur excellente collaboration avec Goose.

Les Courtraisiens ne sont évidemment pas là mais cela n’empêche pas David Baboulis de se démener sans compter derrière sa console au beau milieu de lasers du plus bel effet. À sa gauche, Charlotte Maison se nourrit de ses beats et participe à l’élaboration de leur univers via une mini batterie électronique et un synthé. “94” et “Call Me Out” vont ainsi construire un prometteur début de set mais la suite immédiate sera malheureusement d’une moins grande intensité (les effets sur la voix pendant “My Love”, par exemple, n’apportent pas grand-chose).

En fin de set, “Dune” et “Oppression” seront magnifiés par l’âme et la chaleur que le même organe mettra en valeur, bien aidé par des nappes électroniques millimétrées. Une recette qui trouvera sans surprise son apogée sur le toujours aussi efficace “I Don’t Want To Have Sex With You” (un autre message…) qui mettra un point final à une prestation que l’on qualifiera malgré tout de mitigée, même si les deux titres du rappel jouiront d’une puissance redoutable. Ceci dit, quand les femmes s’en mêlent, cela fait mal…

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