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Festival d’Art de Huy 2018 : le projet Tamala

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Dernier concert de cette édition 2018 et non des moindres, puisqu’il offre à nouveau au public d’accueillir et d’apprécier un autre trio constitué lui-aussi de véritables virtuoses (comme pour le projet Taos déjà présenté sur notre site), de trois professeurs en fait tous trois travaillant au sein de l’ A.S.B.L. Muziekpublique dans des domaines propres à chacun d’entre-eux. Tamala projet multiculturel mais malgré tout axé sur le Sénégal rassemble trois musiciens hors normes avec d’une part le violoniste belge Wouter Vandenabeele, le chanteur/percussionniste d’origine sénégalaise Mola Sylla et le prestigieux joueur de kora Bao Sissoko lui-aussi originaire du Sénégal. Basés à Bruxelles et Amsterdam, ils viennent de sortir un premier album, construit sur un projet flamboyant et haut en couleurs, ce dernier venant de recevoir deux prestigieux prix (prix Klara 2018 et l’Octave des Musiques du monde 2018) ! Un concert qui clôture toute en beauté ce très beau festival nous ouvrant les portes vers d’autres cultures, d’autres contrées, d’autres instruments mais aussi, vers de talentueux musiciens restés humbles et donc naturels. Voilà une belle rencontre entre l’Afrique et l’Europe où, les trois protagonistes montrent sur scène une réelle joie de jouer et surtout, une réelle complicité malgré des origines différentes. Mais tout cela s’explique aisément puisque Wouter voyage depuis des années vers l’Afrique et plus particulièrement vers le Sénégal où, il donne de sa musique mais aussi de sa personne pour aider les gens de là-bas. Exemple s’il en est avec ce projet d’école ouvert aux enfants de la rue, sujet qu’il transcende dans une chanson avec les deux musiciens sénégalais. Wouter est en grande forme ce soir, exubérant et prodigieux avec ses deux violons, qu’il maîtrise à la perfection allant même jusqu’à malmener son archet. Jouer de la kora est une affaire de famille chez les Sissoko des musiciens que l’on dit assimilé aux griots, des orfèvres dans le maniement de cet étrange instrument dont Bao est un digne représentant, offrant au public un jeu coloré et enchanteur. Tamala ne serait rien bien sûr sans la voix unique de Mola, qui chante tantôt avec sensibilité tantôt avec force, pour porter des textes souvent durs et chargés d’histoire ou de mélancolie. Le récital de ce soir nous parle de Dakar, Zanzibar mais aussi d’un petit village attaqué où, les femmes n’ont eu d’autres recours que de s’immoler par le feu pour ne pas perdre leur dignité. Si la musique est très colorée et entraînante il n’en reste pas moins, que la formation traite à travers ses chansons de sujets plutôt brûlants.

Au final il se dégage que Tamala est un groupe de scène où chaque concert est différent, laissant place souvent à l’improvisation en tenant compte de l’état d’esprit du moment des musiciens. Ce soir après le concert Bao me dira que Wouter il était chaud ! En fait ils étaient tous les trois inspirés et habités par la musique, montrant au public un groupe bourré de talent et de générosité…bravo à tous les trois et merci à vous.

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