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Blue Suede Tour

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Annoncé depuis des mois, “The Blue Hour”, le très attendu nouvel album de Suede, est arrivé avec l’automne, soit juste à temps pour la venue du groupe emmené par un Brett Anderson en toute grande forme ce dimanche 30 septembre à l’Ancienne Belgique. Un concert que Gwenno Saunders a presque failli louper pour cause d’embouteillages entre Berlin et Bruxelles, elle qui devait monter sur scène à 20h tapantes pour assurer la première partie. Et comme on sait que l’AB ne badine pas avec les horaires, l’ex-vocaliste des Pipettes au sein du projet parallèle qui porte son prénom a juste eu le temps de se remaquiller au terme d’un soundcheck succinct avant de se retrouver face au public.

Lorsqu’elle ne chante pas en gallois, c’est en cornique, un dialecte incompréhensible venu des Cornouailles, qu’elle s’exprime. Incompréhensible mais mélodieux même si le son relativement brouillon ne lui a pas rendu service. Ceci dit, le coloré et poppy “Tir Ha Mor” a tout pour être un tube. Théâtrale malgré son chemisier boutonné jusqu’au cou, elle manie l’humour avec un certain talent, parvenant à faire réciter aux spectateurs une formule d’intronisation à une congrégation fromagère imaginaire.

Dans un registre nettement plus sérieux, Brett Anderson et ses camarades de Suede peuvent, à l’instar des Pixies, se targuer d’avoir particulièrement bien négocié leur reformation après un split de sept ans. “The Bue Hour”, leur troisième album publié depuis (le huitième au total) se présente comme le digne successeur de l’excellent “Night Thoughts”, en un rien moins conceptuel. Toutefois, le leader garde un souvenir amer de son dernier passage en Belgique, aux Ardentes il y a deux ans, où les monomaniaques fans d’Indochine l’avaient énervé au plus haut point.

Rien de tout cela ce soir, la salle est pleine à craquer et le public n’attend que la vision de la première mèche de son idole pour exploser même si, dans un premier temps, le groupe va jouer derrière un immense rideau. Mais contrairement à leur prestation au même endroit en support de “Night Thoughts” en février 2016, il restera vierge de projection et on se demande d’ailleurs toujours la raison pour laquelle il sera utilisé de temps à autre pendant le concert.

Un concert entamé avec le patiemment construit “As One” et “Wastelands”, les deux premières plages du nouvel album. On les pensait alors partis dans un trip découverte live de la plaque mais “I Don’t Know How To Reach You” et un “Outsiders” d’excellente facture nous démontreront le contraire. Entre-temps, le rideau s’était ouvert et c’est un Brett Anderson en chemise déboutonnée et déjà en sueur qui apparaîtra sur le devant de la scène.

Intenable et chantant comme si sa vie en dépendait, il focalise l’attention au point de renvoyer ses camarades de jeu à de la simple figuration (seul le bassiste Mat Osman tentera quelques déhanchements maladroits). D’une manière générale, les autres tirent la troche mais font le boulot. Il suffit de voir Richard Oakes qui, dès qu’il attrape sa guitare, en tire un son bien crasseux qui enverra notamment “We Are The Pigs”, “So Young” ou “Killing Of A Flashboy” dans une autre dimension.

Tout comme son prédécesseur, “The Blue Hour” est un album mélodieux et travaillé sur lequel on placerait aisément des images. “Tides” en sera une parfaite illustration, prolongée par un curieux “Roadkill” en forme de sermon alors qu’un peu plus tard, “Flytipping” clôturera le set principal telle une pièce alambiquée. On n’aurait certes pas rechigné sur l’un ou l’autre nouveau titre supplémentaire, d’autant que “Mistress” ou “Beyond The Outskirts”, par exemple, ont de sérieux arguments à faire valoir.

Il s’agira néanmoins du seul bémol de la soirée car, en attendant, le groupe se lâchera complètement sur un “No Tomorrow” d’anthologie avant d’enchaîner les hits comme d’autres les perles. “Metal Mickey”, “Trash”, “Animal Nitrate”, autant d’hymnes qui ont bâti la légende de Suede. Brett Anderson, désormais complètement trempé, prendra quelques bains de foule, peaufinera ses figures d’aérobic et prendra comme à son habitude le fil de son micro pour un lasso. Pas pour rien qu’il n’a pas pris un gramme (ni une ride, d’ailleurs…).

Il surprendra tout de même son monde en se lançant seul à la guitare dans une version acoustique quasi sans amplification de “Europe Is Our Playground”, une face B du milieu des nineties à la saveur désormais particulière. Pour l’anecdote, la dernière fois que l’on a vu Brett Anderson avec une guitare, c’était lors de sa tournée solo passée par le Botanique en 2007.

Quant aux rappels, ils se limiteront à deux titres entrecoupés d’un hommage à l’une des idoles du leader, Jacques Brel (“The greatest performer of all time”). Un dernier hit avec “Beautiful Ones” dans une AB en folie et un ultime nouveau titre, l’impeccable “Life Is Golden”, que l’on voit bien devenir un futur classique du groupe. Comme quoi, ils peuvent encore se montrer imprévisibles…

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