ArticlesConcerts

Fourteen Shades of Kris Dane

0 Shares

Avec “U.N.S.U.I.”, Kris Dane a enregistré son album le plus ambitieux à ce jour mais sans doute aussi le plus abouti. Il se produisait ce mercredi 24 octobre dans l’intimité de la Rotonde, un endroit taillé sur mesure pour donner vie aux délicates pièces qui le composent. Un endroit rêvé également pour Sundahl, le projet de Sten Sundahl en formule duo acoustique ce soir. Le Gantois à la voix rocailleuse est en effet simplement accompagné d’un guitariste dont les mélodies simples et efficaces enveloppent parfaitement des textes mélancoliques à souhait. Ceci dit, lorsqu’il attrape lui aussi une guitare, le tempo s’accélère et des mimiques expressives à la Tom Smith (Editors) font leur apparition, ce qui doit vraisemblablement se rapprocher de son quotidien lorsque le groupe se produit au grand complet.

Avec son sixième album, Kris Dane a fait très fort. Il a en effet pris un certain nombre de risques en laissant son imagination artistique emprunter des chemins de traverse pour un résultat intense et bluffant, clé du curieusement baptisé “U.N.S.U.I.”. Prenons par exemple “Shades”, sa pièce angulaire, qui se développe savamment sur plus de seize minutes d’une délicatesse à tomber, avec laquelle il débutera sa prestation ce soir, envoûtant d’emblée un auditoire subjugué.

S’il fallait oser débuter de la sorte, le classieux “Charity” et le groovant “Requiem” confirmeront ensuite le statut du Bruxellois d’adoption qui n’a sans doute jamais été aussi en adéquation avec son univers bardé de grands espaces au sein desquels on s’abandonne volontiers. Barbe grisonnante et tignasse bien fournie, il ne quittera pas sa guitare et fera vivre ses compositions d’une voix délicieusement granuleuse, le tout devant quatre immenses projecteurs qui ne s’illumineront toutefois qu’à de très rares occasions.

En effet, nul besoin d’artifice lorsque l’on a confiance en sa plume et que l’on peut compter sur un solide backing band. Car c’est une véritable dream team qui se trouve sur la scène de la Rotonde à ses côtés. Si le guitariste Pascal Paulus (Mélanie De Biasio) mène la manœuvre, la complicité entre le bassiste Michel Hatzigeorgiou (Aka Moon) et le batteur Dré Pallemaerts, sommité du jazz, époustoufle alors que la choriste Klara Finder, discrète et essentielle à la fois, apporte sa touche féminine à l’ensemble.

Tout ce beau monde, augmenté d’un claviériste au bonnet de laine vissé sur le crâne, emmènera les extraits d’“U.N.S.U.I.” vers des contrées rêveuses et entêtantes dont les versions studio n’étaient que des esquisses à la grâce pourtant déjà omniprésente. Du jazzy “Horizon” aux enlevés “Someone” et “Paradisu” à la section rythmique impressionnante en passant par le sulfureux “Father”, on se rendra compte qu’il a enregistré là un des albums essentiels de l’année. Et tant qu’ils y étaient, ils ont revisité “Rose Of Jericho” dans une version langoureuse alors que “Golden Rain”, à l’instar de “Chapel” en clôture du set principal, laissera la choriste s’exprimer pleinement.

Les rappels se limiteront à deux titres mais tant le prenant “Babylon” que “All”, à la richesse orchestrale inversement proportionnelle à celle de son texte, ponctueront une prestation solide et exemplaire à laquelle Kris Dane ne nous avait pas nécessairement habitués. Comme quoi, prendre des risques…

Laisser un commentaire

Music In Belgium