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Musique rock et totalitarisme

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L’époque actuelle se nourrit d’éphémère, de superficiel, de voyeurisme et de clinquant et la mode « jeune » dicte sa loi. De plus, elle est allergique à l’effort et refuse les contraintes. Elle a ses règlements et ses codes tacites qu’elle impose de facto. Malheur à celui qui enfreint les règles : il risque l’exclusion du groupe social auquel il appartient ! En politique, et ce n’est pas un hasard, le totalitarisme renaît de ses cendres en France, en Autriche, en Belgique, au Danemark, aux Pays-Bas, en Italie, dans les pays de l’Est et même … en Suisse. Les intégristes, bien que minoritaires, sévissent dans les pays arabes ou en Iran, pour ne citer que quelques exemples sans prétendre à l’exhaustivité. Les éléments décrits ci-dessus font de cette société qui a perdu ses repères le terreau idéal pour le développement de l’intolérance.

Même l’Amérique est en proie à l’émergence des partisans d’un pouvoir fort, et c’est un euphémisme. Bush et son entourage, dont Wolfowitz, sont des gens dangereux. Ils veulent imposer leur volonté au monde entier, sous couvert de liberté. Mais quelle liberté ? Pour traquer le terrorisme, on espionne le courrier et les mails, dans le monde entier. Les moyens technologiques existent, même si leur efficacité peut parfois être mise en doute, et la CIA est très active dans ce domaine. C’est l’intrusion organisée dans la vie privée. Citons pour mémoire les caméras de surveillance qui fleurissent à tous les coins de rue. 1984 n’est pas loin : George Orwell s’est seulement trompé de dix-neuf ans.

Dans tous ces pays, on exploite la misère et le manque d’éducation, savamment entretenus, des plus défavorisés sur le plan socioculturel pour leur imposer en douce un comportement basé sur le patriotisme, l’identité culturelle, la religion, autant d’éléments qui engendrent les divisions. Il n’est pas souhaitable d’être en marge et de penser différemment, voire même de poser des questions. Susan Sarandon et George Clooney l’ont appris à leurs dépens, de même que Robert Del Naja (Massive Attack), à qui on a fait des difficultés pour pénétrer sur le territoire américain.

A ces graves questions, dans un premier temps, il n’y a qu’une réponse : la prise de conscience. Après vient la résistance. C’est le thème principal de Hail To The Thief de Radiohead. Nous avons manqué de vigilance et maintenant il est trop tard, il n’y a plus rien à faire. Dans « A Punchup at a Wedding », Thom York parle d’un individu éméché dont le seul souci est de gâcher la fête.

Toutes proportions gardées, c’est à ça que je pensais en lisant le Guestbook sur le site MiB. Des gens parlent de ce qu’ils aiment. Cela suffit pour s’attirer la haine de petits esprits qui, par jalousie, veulent gâcher le plaisir des autres. Ces personnes prétendent détenir la vérité et elles iraient même jusqu’à l’imposer. Ce sont les ayatollahs du rock. Un jour, j’ai osé dire du bien de l’album Boomslang de Johnny Marr & The Healers. J’ai été vilipendé comme un malpropre au nom de la « vérité » par des gens qui confondent esprit critique et agressivité, cynisme et besoin de démolir. J’ai eu de la chance : je n’ai pas été giflé et ma famille n’a pas fait l’objet de menaces !

En tant que chroniqueur, on est amené à émettre un avis. Cela ne doit pas être pris trop au sérieux. Ce n’est jamais qu’un avis destiné à des adolescents ou à des adultes responsables. Les sorties de cd sont à ce point nombreuses que chacun tente d’y voir clair. Cela ne confère aucun pouvoir à ceux et celles qui exercent ces prérogatives, le plus souvent à titre bénévole. Certes, cela comporte des devoirs : tous, nous avons une obligation morale vis à vis des lecteurs. C’est à ce prix que l’on peut espérer gagner leur confiance.

Pour répondre à une critique, constructive celle-là, la ligne de conduite du site est de privilégier l’information et son contenu plutôt que la forme. On y gagne en profondeur et en crédibilité. C’est un a priori certes discutable mais appliqué de façon tacite par l’équipe rédactionnelle, sans concertation préalable. Il y a des principes qui n’ont pas besoin d’être énoncés de manière explicite pour être adoptés. A cette nuance près, les critiques constructives sont les bienvenues et sont prises en considération. Le progrès est à ce prix.

Récemment, un lecteur Français m’a reproché gentiment de ne pas assez parler de son groupe favori., Golden Earring. La critique est méritée. C’est un groupe qui fait de la bonne musique et nous allons y remédier dans les meilleurs délais. C’est un amateur de musique rock au sens noble du terme. Une autre personne me reproche d’indiquer des extraits de paroles en anglais. Tout le monde ne comprend pas l’anglais, c’est vrai. A cela aussi nous allons remédier. Pourtant, prendre un dictionnaire n’est pas si difficile. Même s’il manque un mot ou deux, on peut souvent comprendre le sens du texte, sans traduire mot à mot. Cette critique était constructive et exempte d’animosité. Elle méritait d’être signée. Ca ne demande qu’un peu de courage.

Par contre, le sectarisme ne répond en aucun cas à cette exigence parce qu’il conduit à des dérives. Le premier stade, celui de la prise de conscience, est dépassé. Nous devons maintenant entamer la phase de la résistance si nous voulons continuer à prendre du plaisir à l’écoute de notre musique préférée, qui n’est pas nécessairement celle de notre voisin. En face de cette menace, la tolérance est la seule attitude possible, sans pour autant tolérer l’intolérable. N’attendons pas qu’il soit trop tard !

6 thoughts on “Musique rock et totalitarisme

  • A l’heure actuelle et vu les quelques rédacteurs de MiB malmenés (heureusement par écrit… quoique là je me sent “à l’aise”) par les “petits esprits” que tu cites dans ton article… il est un fait que l’on doit resserer les rangs et garder la tête sur les épaules.
    J’adhère tout à fait à ton optique de la situation ainsi que ton intervention ciblée dans le “livre d’or”.
    Toute ma sympathie et mon amitié !

    Domy
    (Dominique LEBON)

  • Merci pour ton soutien. C’est l’intérêt de tous les vrais amateurs de rock. La musique, la musique, rien que la musique !

  • Merci pour ton soutien. Toute l’équipe continuera dans cet état d’esprit, j’en suis sûr. Ce n’est pas ainsi que l’on parviendra à nous déstabiliser. Keep on rockin’!

  • Bon papier, sur le fond. Avec, hélas, bien peu à redire… si ce n’est que je me souviens m’être fait traiter de tous les noms en son temps (tu vas voir si ça date, trempe pas ton sucre dans ma verveine…) pour avoir osé défendre un album dont je continue à penser le plus grand bien : The Roaring Silence, de Mandfred Man’s Earth Band. Times are changing, qu’il disait, l’ôte…
    Là-dessus, j’en profite pour saluer l’équipe qui met ce site en ligne : c’est du beau boulot.

  • Merci au nom de toute l’équipe et en mon nom personnel pour ton soutien. Ce n’est pas tous les jours qu’on a un feedback. Quant à Manfred Mann, c’était un grand ! Parfois, ils sont méconnus ou mal compris. Ceux qui t’ont traité de tous les noms sont de ceux qui ont mal compris. Les chiens aboient, la caravane passe …

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