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Excellent concert d’ex-KING CRIMSON au Spirit ce 16.10.2003

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Une incarnation du KING CRIMSON des débuts avec le 21st CENTURY SCHIZOID BAND était au Spirit en cette soirée du 16 octobre 2003. Quatre des cinq musiciens présents ce soir-là ont participé à l’une ou l’autre des premières moutures de ce groupe mythique qui révolutionna les sonorités avec un grand succès à partir de la fin des années 60 sous la géniale houlette du guitariste et compositeur Robert FRIPP. Il fait d’ailleurs toujours tourner une Xième version de KING CRIMSON actuellement. Le démarrage de ce groupe 21st CENTURY SCHIZOID BAND fut, semble-t-il appuyé par Robert FRIPP au début de cette année. Le batteur Michael GILES, fondateur du groupe, devait au départ y participer mais fut rapidement remplacer par un autre ex-KING CRIMSON, Ian WALLACE.

Ce groupe, qui enregistra son premier album en 1969, changea de personnel pour quasiment chaque album jusqu’à son premier long “enterrement” en 1974 par l’invivable Robert FRIPP. Il est amusant de signaler qu’en 1972, Robert FRIPP avait déjà dissous KING CRIMSON et une de ses raisons était que le public demandait au groupe de jouer des “anciens” morceaux comme justement “21st Century Schizoid Man”.

Que dire de ce concert si ce n’est qu’il fut excellent du début à la fin vu l’immense qualité des musiciens présents et le répertoire joué, principalement axé sur le travail du KING CRIMSON de 1968 à 1972 (un seul morceau de la période WETTON/BRUFORD fut joué, me semble-t-il). Il est à noter que le morceau “21st Century Schizoid Man” fut composé par McDONALD (avec FRIPP/LAKE/M. GILES et SINFIELD pour les paroles).

Le multi-instrumentiste Ian McDONALD participa au premier album “In the Court of the Crimson King” en 1969 ; il fut également à la composition de chacun des morceaux de cet album. Sur le deuxième album, “In the Wake of Poseidon”, s’il avait encore co-composé certains morceaux, il avait déjà quitté le groupe qu’il ne rejoindra que pour l’album “Red” en 1974 avant que FRIPP ne saborde une fois de plus le groupe, ce qui décevra fortement McDONALD. Il fondera alors le méga-groupe FOREIGNER avec Mick JONES qu’il quittera après trois albums en plein succès. Il jouera également avec John WETTON, Steve HACKETT et même Marc BOLAN. Sur la scène du Spirit, tantôt aux claviers, tantôt au saxophone, tantôt à la flûte, parfois en appui vocal, il est le véritable chef d’orchestre. Il est évidemment à l’aise dans un répertoire qui est clairement le sien également. Sa complicité avec Mel COLLINS est notable et les deux musiciens s’observent véritablement avant et après leurs interventions respectives.

Mel COLLINS est aux saxophones, à la flûte et aux claviers comme son compère McDONALD. Ces envolées aux saxophones sont magistrales et expliquent pourquoi ce musicien fut toujours aussi demandé, participa à autant de groupes et fit autant de sessions, comme saxophoniste surtout, et dans des genres musicaux aussi différents (BAD COMPANY, CAMEL, Jim CAPALDI, DIRE STRAITS, HUMBLE PIE, Bryan FERRY, ROLLING STONES, Roger WATERS, … plus une volée d’autres du même acabit). Il apparut dans KING CRIMSON dès le second album, “In the Wake of Poseidon” en 1970 et restera jusqu’au cinquième, “Earthbound” en 1972. En 1974, il participera comme invité à l’album “Red”. On sent dans son jeu, l’énorme influence qu’a eu sur lui le jazz anglais (particulièrement le Free-Jazz) de la fin des années 60 que l’on retrouvait également dans un groupe comme SOFT MACHINE. Il semblait avoir sur la scène du Spirit indiscutablement plus de problèmes avec sa vue qu’avec ses instruments (ses changements réguliers de lunettes suivant l’instrument qu’il jouait étaient un peu marrant).

Le filiforme bassiste Peter GILES, qui ne participa qu’au second album de KING CRIMSON qu’il quitta pour enregistrer un album avec Ian McDONALD en 1971, avait joué dans l’ancêtre de KING CRIMSON (GILES, GILES & FRIPP). Son attitude très discrète sur scène ne masque pas une technique indiscutable. La pureté de son jeu, riche et varié, mais sans esbroufe, est très plaisante. Je suppose que c’est ce caractère qui l’aura incité à faire une carrière plus discrète ; il n’était d’ailleurs pas rentré dans le groupe au départ, car il préférait continuer en amateur et ne participa au second album que pour palier au départ de LAKE avant l’engagement d’un nouveau bassiste. C’est lui et son frère Michael qui avaient engagé FRIPP au départ.

Le batteur Ian WALLACE m’a impressionné. Quel batteur! Le boulot qu’il abat est phénoménal. Un jeu tout en puissance bien que fin et précis, des changements de rythmes constants, une aisance folle même dans les passages rapides. En fait, dans KING CRIMSON, sur disques, il m’avait nettement moins marqué que Bill BRUFORD (que je considère comme une véritable référence). Il était apparu dans le groupe en 1971 sur l’album “Islands” et se retrouvait sur le suivant “Earthbound” en 1972. Je dois dire qu’étant un grand amateur du virtuose de la guitare David LINDLEY, autre grand musicien de session, je l’avais plutôt remarqué dans son groupe. Il est à noter qu’il a également joué avec Bob DYLAN, Stevie NICKS, Jackson BROWNE, Don HENLEY, Alexis KORNER et même Johnny HALLYDAY (il est à noter qu’il a également enregistré avec Rick VITO que l’on a vu au Spirit). C’est donc le type du batteur que l’on peut mettre à toutes les sauces. Ce soir, ce professionnel a ébloui le public. Lorsqu’il avait quitté KING CRIMSON en 1972, il était parti avec Mel COLLINS et Boz BURRELL pour suivre un des pères du British-Blues, Alexis KORNER.

Le plus jeune membre du groupe (dans la quarantaine??), Jakko M. JAKSZYK m’était complètement inconnu. Ce guitariste intéressant dans le rôle difficile du Robert FRIPP de “21st CENTURY SCHIZOID BAND” remplit bien son rôle à la guitare et, en plus, dans son rôle de chanteur succédant entre autres, à Greg LAKE et John WETTON (mon préféré), il n’est pas mal non plus, avec un timbre de voix moins pur que LAKE et WETTON mais avec une précision et une personnalité certaine. Il a travaillé, semble-t-il avec LEVEL 42 et a enregistré avec Peter BLEGVAD, Tom ROBINSON, Pip PYLE (GONG) plus particulièrement.

Les quatre musiciens (proches des 60 ans), avec le cinquième, ne détonnent donc vraiment pas dans la galerie de KING CRIMSON et je serais même curieux de les revoir ensemble dans un répertoire plus récent. Bizarrement, ils ne sont pas partis dans de nombreux rappels mais ont prévenu que le public pourrait les retrouver dans la salle par après, ce qui fut le cas.

Très bonne soirée dans une salle presque comble.

JPS1er

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