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Excellent concert de l’ex-SOFT MACHINE Hugh HOPPER au Spirit ce 30.05.2004

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Une trentaine de personnes seulement avait fait le déplacement pour voir le bassiste Hugh HOPPER et son groupe FRANGLO BAND ce soir-là. La moyenne d’âge du public était d’ailleurs plutôt élevée : le « gris » était donc à l’honneur et les problèmes d’acné aux oubliettes depuis parfois plusieurs décennies. Pourtant, Hugh HOPPER, qui a maintenant 59 ans, fait véritablement partie du fantastique renouvellement musical des années 60. Il fait partie en 1963, avec son frère Brian, des WILDE FLOWERS fondé par Robert WYATT et qui comprendra un temps Kevin AYERS et les futurs CARAVAN Richard SINCLAIR, Pye HASTINGS et Richard COUGHLAN. Il participera à SOFT MACHINE dès le début (mais sur disque à partir du deuxième album après le départ de Kevin AYERS) et il ne quittera le groupe qu’en 1973 après l’album « Six ». Dès le troisième album, SOFT MACHINE est devenu un groupe plus sage, plus spécifiquement Jazz, sous l’influence conjuguée du claviériste Mike RATLEDGE et de Hugh HOPPER. Il fait également partie des compositeurs majeurs du matériel du groupe. Outre SOFT MACHINE, il a travaillé également avec Syd BARRETT pour son album solo, Kevin AYERS, Robert WYATT, Carla BLEY et il vient d’enregistrer l’album « Soft Works » avec les ex-SOFT MACHINE d’époques différentes, Allan HOLDSWORTH, Elton DEAN et John MARSHALL. Personnellement, je n’avais plus rien entendu de Hugh HOPPER depuis l’intéressant album « Illusion » d’ISOTOPE en 1975.

Le longiligne Hugh HOPPER est un bassiste au jeu relativement classique même s’il utilise encore, à petites doses, des effets sonores caractéristiques des premiers SOFT MACHINE ; ces influences majeures proviennent beaucoup du Jazz, un peu du rock et donc du son de « Canterbury » dont il fut l’un des acteurs. Le répertoire reprendra pas mal de ses propres compositions dont la magnifique pièce « Facelift », extraite de l’album « Third » de SOFT MACHINE. Le côté délirant, amené principalement par Daevid ALLEN, a totalement disparu de sa musique et on est donc très loin du monde surréaliste, pataphysicien, dont SOFT MACHINE se réclamait et dont Verviers a également eu son représentant avec l’écrivain André BLAVIER. Bizarrement, le fait qu’il n’y ait pas de claviers dans le FRANGLO BAND ne modifie pas grand-chose aux versions des longues parties provenant de SOFT MACHINE qui n’avait pourtant retrouvé un guitariste que pour leur huitième album « Bundles » avec Allan HOLDSWORTH. Hugh HOPPER communique avec le public le plus souvent en français et ses musiciens sont toujours mis en valeur ce qui est d’ailleurs souvent le cas dans les groupes où le leader est le bassiste. Un des derniers morceaux joués était une nouvelle composition, excellente mais qui aurait pu faire partie du matériel des années 70 ce qui montre bien qu’il est toujours clairement dans la même ligne.

Le groupe qui l’accompagne n’est composé que de musiciens français, très professionnels, que je ne connaissais pas du tout et sont, tous les trois, d’une qualité exceptionnelle. Ce ne sont aucun des jeunots débutants.

Le guitariste Patrice MEYER est impressionnant. Avec calme et aisance, sans exubérance extérieure, autant en rythmique qu’en solo, il étale sa technique avec, tour à tour, finesse, agressivité et subtilité. Son style rappelle surtout le regretté Shawn LANE mais également Allan HOLDSWORTH. J’ai plus particulièrement apprécié ce musicien qu’il me plairait de voir en leader. Il est le compositeur d’au moins deux longs morceaux présentés ce soir qui ont bien montrés le potentiel du bonhomme. On aura la chance de le revoir avec un ex-GONG, le batteur Pip PYLE, sur la scène du Spirit le 18 juin prochain. A ne pas manquer !

Pierre-Olivier GOVIN est aux saxophones, et, des saxophones, il en utilisera pas mal de tous les formats. C’est également un musicien d’une grande précision, jamais envahissant, plutôt dans le style d’un Didier MALHERBE. Il a joué avec Gil EVANS, KHALED, et bien d’autres. Après chaque intervention, il se retire à l’arrière de la scène.

Le batteur Manuel DENIZET complète magnifiquement l’ensemble. Il a joué, entre autres, avec John GREAVES, le bassiste d’HENRY COW (tout comme Patrice MEYER d’ailleurs).

J’ai d’ailleurs trouvé une extraordinaire musicalité dans cet ensemble. De plus, si chaque musicien est clairement un virtuose, l’ensemble est particulièrement bien huilé, bien coulé. Il n’y a jamais rien de trop ou de trop peu. Clairement, un groupe pour « gastronomes ».

Une bonne soirée de plus au Spirit qui se termina vers 23h après un unique rappel.

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