L’interview de MARILLION pour Music in Belgium
Lors du récent passage de Marillion en Belgique, nous avons eu le plaisir de rencontrer Steve Hogarth pour vous. Voici l’interview… Marillion est revenu en Belgique après sept années d’absence. Cela se passait ce lundi 13 septembre à la CC Fabriek de Sint-Lievens-Houtem. Nous avons pu nous entretenir avec son chanteur Steve Hogarth.
Music in Belgium (MiB) – Quels sont les groupes et artistes qui ont influencés Marillion ?
Steve Hogarth (SH) – Personnellement, j’ai commencé avec les Beatles, les Kinks et The Who, plus tard les premiers albums de Yes, Genesis avant le départ de Peter Gabriel, le troisième album de Peter, XTC, Joni Mitchell, Prefab Sprout, The Blue Nile, Massive Attack plus récemment, Jeff Buckley, Rufus Wainwright, Psychedelic Furs, Darryl Hall, Billie Holiday.
MiB – Etes-vous autodidactes ou avez-vous appris la musique ?
SH – Je n’ai jamais eu de leçon de musique dans ma vie. J’ai un graduat en ingénérie électronique, mais j’étais plus souvent dans une autre partie de l’université en train d’apprendre le piano par moi-même. Je n’ai jamais eu de leçon de piano. D’ailleurs, je ne sais pas lire les partitions. C’est la même chose pour les autres. Je ne pense pas que Mark ni Steve ai eu des cours. Pete en a eu pour la guitare quand il était très jeune. Pour Ian, je ne sais pas. C’est très difficile d’avoir des informations sur lui. C’est un homme mystérieux. Nous avons surtout appris en écoutant les musiciens et groupes que nous aimions. J’ai été voir Deep Purple à Sheffield quand j’avais 17 ans. C’était la tournée “Machine Head” avec “Smoke On The Water”. C’est ce qui a changé ma vie. J’ai alors décidé que c’était ce que je voulais faire. Le jour suivant, je demandais à mes parents un piano. Pour la guitare, je ne joue pas vraiment de la guitare, je fais juste un peu de bruit… Disons que j’aide un peu quand nous jouons live. L’introduction de “Don’t Hurt Yourself”, je la joue en concert, mais c’est Pete qui l’a faite en studio alors que Steve y jouait la basse.
MiB – Qu’est-ce qui peut t’influencer quand tu écris les paroles ?
SH – C’est très difficile de répondre à cette question car je ne sais pas d’où elles me viennent. Peut-être que des gens décédés me les envoient ou alors elle se préparent dans mon subconscient sans que je ne le sache et puis brusquement elles sortent. Celles de “This Strange Engine” sont très longues et je les ai écrites en vingt minutes. C’est aussi un peu l’histoire de ma vie qui s’y retrouvent. Je ne pense pas avoir été influencé par quelqu’un dans l’écriture, ni par des livres ou des films. Pour “Easter” par exemple, je voulais que cela soit une sorte d’hymne national pour l’Irlande.
MiB – A quoi pensais-tu lorsque tu as écrit les paroles de “The Invisible Man” ?
SH – Ce n’est pas une chanson que je veux vraiment expliquer. Essentiellement, c’est à propos du fait d’être témoins sans nécessairement avoir été présents. C’est à propos du sentiment de responsablilité pour des choses qui sont hors de votre contrôle. Si un génocide se produit au Rwanda, vous ne pouvez que regarder les photos. La plupart du temps, pour de telles choses, nous ne pouvons rien faire parce que cela arrive souvent de l’autre côté de la planète. Parfois, cela nous irrite. Vous savez dans le monde actuel, tout est souvent mené au nom de l’argent et des bénéfices de sociétés souvent américaines. C’est une sorte d’impérialisme. La plupart du temps, vous ne devez plus envoyer l’armée pour avoir un pays. Vous l’envahissez avec vos produits. Par exemple, vous n’avez plus besoin à ce jour d’envahir la Pologne. Il vous suffit de l’acheter.
MiB – Quand nous avons chroniqué la version simple de “Marbles”, elle nous avait déçu. Nous avons peu de temps après décidé de chroniquer la version double et elle nous est apparue comme un album tout à fait différent. Pourquoi faire un double et distribuer un simple dans le commerce ? Etiez-vous conscient des différences entre les deux versions ?
SH – Notre intention à la base était de faire un double album. Quand nous avons été voir les distributeurs, il y a eu beaucoup d’oppositions des vendeurs pour commercialiser un double album. Ils ne voulaient pas le faire. Ils allaient devoir le vendre plus cher et n’allaient pas faire assez de profit sur la vente. Ils nous ont dit qu’ils ne voulaient pas vendre un double album et que si nous voulions être dans les magasins, cela devait être un simple album. Nous avons alors été amenés à retirer certaines choses. Mais, vous pouvez toujours acheter la version double via notre site marillion.com. Vous n’êtes pas obligé d’acheter l’édition spéciale avec le livret de 160 pages, vous pouvez juste acheter le double CD. Mais pour revenir au choix des morceaux, nous avons dû prendre cette décision rapidement car la date de sortie approchait. Nous avons dû choisir les titres qui seraient sur la version simple avant que le mixage ne soit réalisé. Ce n’est pas une bonne solution de procéder de la sorte car les morceaux changent beaucoup lors du mixage. Mais, nous n’avions pas le choix. Et puis, il y avait aussi un problème de place. Si nous avions mis “The Invisible Man” et “Ocean Cloud” sur le simple, il n’y aurait plus eu beaucoup de place pour d’autres. Il fallait choisir en les deux et nous avons trouvé que “The Invisible Man” était plus importante que “Ocean Cloud”. Je pense aussi que “Ocean Cloud” est une chanson que nous pourrions écrire durant notre sommeil. “The Invisible Man” me semble être autre chose, plus intense du côté des paroles. Si vous me demandez quelle est mon morceau favori, je vous dirais que quand nous avons écrit et enregistré, c’était “The Invisible Man”. Quand nous avons eu terminé et que nous avons réécouté tous les morceaux, mon titre préféré est devenu “Neverland”. C’est devenu mon morceau favori à écouter. Mais, ma chanson préférée à chanter en concert est “Fantastic Place”. C’est celui sur lequel je prends le plus de plaisir tous les soirs. Trois favoris donc, “The Invisible Man” pour les paroles, “Neverland” pour écouter et “Fantastic Place” pour chanter. Mais, la semaine prochaine, je vous donnerais peut-être une autre réponse…
MiB – Les quatre petits morceaux “Marbles” parlent de l’enfance. Pourquoi avoir décidé d’écrire sur ce sujet à 45 ans ? Est-ce la vie qui veut cela ou les enfants ?
SH – Nous avons une expression en Angleterre “Loose his marbles” signifie “perdre la tête”. Aussi, quand vous devenez adulte vous perdez une partie de votre innocence. Plus tard, c’est un problème de mémoire. J’ai beaucoup de problème avec ma mémoire. L’ensemble de l’album a été écrit alors que George W Bush partait en guerre contre l’Iraq. En fait, les problèmes iraquiens et ceux liés à Ben Laden sont des créations des américains. A propos de ce dernier, j’ai la sensation qu’à un certain moment dans le passé, les américains l’ont trahit et humilié et je pense que le 11 septembre n’est pas l’acte d’un fou mais plutôt la facture impayée qu’il a présenté à l’Amérique. C’est ce que je suspecte. Je pense aussi que ce qui se passe aujourd’hui dans le monde est terrible et qu’ils ne disent pas tout, simplement parce que nous trouverions que cela n’a pas de sens. Ce que fait Michael Moore est d’attirer l’attention sur ces faits. C’est d’ailleurs un miracle que personne n’ait encore essayé de le supprimer. D’habitude, quand vous parlez contre le système aux Etats-Unis, vous êtes immédiatement lapidés. Notre gouvernement est allé en Iraq avec George Bush sans se poser de questions. Un des problèmes est aussi que l’Amérique n’a pas d’histoire. Pourquoi les français n’ont-ils pas voulu suivre? C’est parce qu’ils ont fait cela dans le passé en Algérie et qu’ils savent qu’on ne résout pas les problèmes ainsi. Ils ont appris de leurs erreurs. Mais, je m’égare. Revenons à l’album. C’est pour cela qu’il commence par les mots “The world’s gone mad”. Et les “Marbles” représentent aussi le gars qui a grandi et se demande ce qui se passe en se rappelant sa jeunesse où les choses avaient semble-t-il plus de sens, étaient plus simples et magiques. Quand j’étais jeune, avec un copain, nous prenions une raquette de tennis et nous envoyions les billes vers le ciel sans bien sûr avoir pensé à ce qui arriverait quand elles retomberaient. Elle retombaient comme des bombes qui auraient pu tuer des gens, des chats et casser des fenêtres. Un jour, un voisin est venu voir mes parents avec la facture de vitres cassées. Pour me punir, mon père a pris mes billes et les a données à un gamin de la rue que je n’aimais pas. C’est le plus grand traumatisme de mon enfance.
MiB – Marillion a plus de 20 ans de carrière dont environ 16 ans avec toi au chant. Que ressentez-vous après autant d’années ? Quel est pour toi le meilleur et le moins bon album ?
SH – C’est un peu un cliché, mais les albums sont le fruit de notre existence, ce sont nos enfants. Il est donc difficile de dire quel est le préféré de ses enfants. Je n’ai pas de favori. C’est vrai qu’il y a bien des choses que je changerais. Mais, sans doute “Holidays in Eden” est-il celui avec lequel j’ai des problèmes parce qu’il est trop propre au niveau de la production. Avec “Radiation” aussi j’ai des problèmes. Mais là, c’est l’opposé. C’est parce que je le trouve trop “sale”. Il est trop difficile à écouter. Mais, il contient de très bonnes chansons comme “A Few Words for the Dead”. Ce sont sans doute les meilleures paroles que j’ai écrites. “Now She’ll Never Know” est la plus honnête et me vient du coeur. Je ne peux pas vraiment répondre à cette question. Je peux dire ce que je changerais pour chacune. La raison de la longue vie de Marillion est à rechercher dans le fait que nous n’avons pas encore tout dit. Nous changeons. Sur “marillion.com”, il y a des choses plus reggae. “Hope for the Future” sur “This Strange Engine” sonne plus américain. Enfin, “Neverland” sur “Marbles” contient un peu de gospel. Nous allons vers des choses que nous n’avons jamais faites. Dans les dix prochaines années, il est possible que Marillion écrivent une symphonie ou un album du genre d’Iggy Pop. C’est possible parce que nous sommes libres. Personne ne nous dit ce que nous devons faire ni comment nous devons le faire.
MiB – Quel est la plus ancienne chanson de Marillion jouée lors de la tournée “Marbles” ?
SH – “Waiting to Happen”, je pense. Mais, nous avons joué “The Space” hier. Nous ne le jouerons pas ce soir. Certains soirs, nous jouerons “Easter”, d’autres “The Space”. Nous jouerons “Cover My Eyes” ce soir.
MiB – Pourquoi donnez-vous si peu de concerts en Belgique ?
SH – La raison à cela, c’est que notre agent et notre manager jusqu’il y a trois ou cinq ans trouvait que la Belgique n’était pas assez rentable parce qu’ils ne savaient pas y faire assez d’argent. Maintenant, nous n’avons plus d’agent ni de manager. Nous faisons tout nous-même. Nous faisons appel à des promoteurs locaux que nous trouvons souvent par internet. Et depuis que nous faisons tout nous-même, les concerts deviennent tous profitables. Cela montre tout l’argent que certaines personnes pouvaient prendre pour ne rien faire. Tout cela pour vous dire que nous reviendrons en Belgique lors de chacune de nos tournées.
La chronique de “Marbles” (version double)
Le compte-rendu du concert
Les photos du concerts
Steve Hogarth et Music in Belgium
Le Rédac’Chef
Propos recueillis par Sébastien Boutry et Jean-Pierre Lhoir
Photos de Ingrid Ballieu et Séverine Boutry
C’est la première fois que je lis quelque chose ici qui n’a pas été recopié ou traduit littéralement du NME. Félicitations, donc. Comme quoi même à 53 ans on peut encore progresser, Jean-Pol. Bonne continuation dans cette voix!
Sinon, on sent quand même le type qui lit les questions qu’il a préparé sans jamais saisir les perches que lui tend l’artiste… Je vous mets un 6/10 pour l’encouragement. A+
Enfin j’ai déjà lu bien pire (sur webzine Nameless par exemple) alors disons que c’est pas mal du tout. 😉
il y en a pas un qui serait jaloux ?
Manquait juste “qu’est-ce qui vous vient en premier, la musique ou les paroles ?”. Hum.
bonsoir quoique je sais qu’il y’a personne pr le moment j’ai pas bien lu l’article ms bon je penses ke c’est interessant de savoir ttes ces choses sur cet artist ms j’aimerais bien reçevoir plus d’informations sur d’autres par ex le groupe evanescence ke j’adore ou beyonce je trouves vraiment rien y concernant mnt je dois me mettre au lit je commences à sentir ms yeux lourds je me suis couchée un peu tard hier…je sais ke ce ke je suis en tr1 d’ecrire n’a aucune relation avec un commentaire sur 7 interview de steeve h ms bon je vs laisses mnt vs avez assez beneficier de ma presence musicinbelgium 😉 yallah @+