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Concert du bassiste T.M. STEVENS au Spirit ce 10.04.2005

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Personnellement, la première fois que j’ai entendu parler de T.M. Stevens, c’était comme bassiste du groupe One Truth Band, que John McLaughlin avait monté juste après Shakti avec le violoniste L. Shankar et le claviériste Stu Goldberg en 1978. Rapidement, John McLaughlin s’était trouvé dans l’obligation de remanier son groupe, suite à d’importants conflits entre certains membres de celui-ci. D’ailleurs, sur le seul album du groupe, « Electric Dream », paru en 1979, c’est le bassiste Fernando Sanders qui apparaît à la place de T.M. Stevens avec un autre batteur également.

A l’évidence, pour être engagé par McLaughlin, il ne fallait pas être manchot. Par après, il a travaillé, entre autres et dans le désordre, avec le batteur Narada Michael Walden, ex-Mahavishnu Orchestra, avec James Brown, les guitaristes Billy Squier et Steve Vai, Joe Cocker, Billy Joel, Cyndi Lauper, Nona Hendryx et Tina Turner. Que de styles différents dans tous ces artistes !

En définitive, son premier album solo, « Boom », ne sortira qu’en 1995 et sera régulièrement suivi d’autres enregistrements, souvent japonais, et mal distribués.

Pour cette soirée, un trop maigre public s’était déplacé mais cela n’allait en rien perturber la folle ambiance générée par le délirant bassiste T.M. Stevens en trio.

Quand tous arrivent en scène, à 21h, donc avec un retard certain, ils ont tous, comme prévu, le visage peinturluré.

T.M. Stevens, un géant en robe africaine, aux lunettes noires et aux longues nattes plutôt rousses, ressemble à un guerrier Zoulou sur le sentier de la guerre. Sa superbe grosse basse décorée paraît pourtant bien petite dans les énormes paluches de ce colosse.

Le guitariste Michael Barnes, plus petit, a une longue bande noire peinte au niveau des yeux et, avec sa coiffure et ses peintures, il a presque plus l’air d’un guerrier Indien que d’un guerrier Zoulou.

Par contre, les peintures du batteur Gary Sullivan, avec ses lunettes, lui donne plus l’air d’un grand matou que d’un grand guerrier.

Tout au long de la soirée, T.M. Stevens, très sympathique, sera en communication avec le public, plaisantant, lui demandant s’il veut des morceaux rapides ou des morceaux lents, le faisant applaudir, parlant du racisme, faisant monter sur le podium, pour un morceau, spectateurs et spectatrices (surtout) pour danser, présentant ses musiciens « à l’américaine », demandant un « Grand Marnier » pour soigner sa voix, faisant monter sur scène une spectatrice-traductrice anglais-français pour bien faire comprendre l’importance qu’il y a à ne pas être « fainéant » et à venir assister à de la musique en « Live », envoyant une petite pique sur certains types d’artistes (Britney Spears), remerciant Francis Geron pour ce qu’il fait, le faisant également monter sur scène, …

Quel coco ! Mais aussi, quel show ! Quelle ambiance festive !

Suivant une information reçue, il semble également que ce qu’il joue en concert peut fortement varier en fonction de son inspiration du moment et de la réceptivité du public, même si on y retrouve souvent des reprises de certaines de ses idoles, comme James Brown et Jimi Hendrix. Certaines de ses propres compositions constituent de petites bombes comme le stupéfiant « Shocka Zooloo ».

Sa musique est d’abord un mélange de Funk, dans son sens le plus large et le plus générique, allant de James Brown, de Sly & the Family Stones, de Graham Central station, en passant par les délires spectaculaires les plus divers de George Clinton et de ses disciples (Bootsy Collins, par exemple) et en terminant par Prince ; puis c’est du Rock plutôt Heavy, teinté, comme peut le faire Living Colour et Steve Salas.

Si T.M. Stevens chante plutôt bien, c’est surtout un bassiste impressionnant qui tire la mécanique et joue très en avant. Quand il se consacre plus spécifiquement à son instrument, il dévoile encore mieux son potentiel et on mesure bien la raison pour laquelle sa carrière derrière d’autres « pointures » est si imposante. Ces doigts malaxent et arrachent ses cordes en naviguant dans toutes les positions sur le manche.

Le guitariste Michael Barnes, placide, crache son venin avec assurance et régularité et ses brillants solos ne l’excitent pas outre mesure. En fait, c’est surtout lui qui amène le côté plus Heavy, jouant plutôt dans la veine du génial Vernon Reid que de Steve Salas. Si T.M. Stevens ne descend pas de la scène, le guitariste, lui, n’hésite pas à y aller.

Le batteur Gary Sullivan suit parfaitement tout cela. Il a un micro et sa voix accompagne également ses battements, ce qui a pu se remarquer plus particulièrement lors de son excellent solo, même si, à force de jongler avec ses baguettes, il en avait perdu, un court moment, la maîtrise.

La qualité de la sono était remarquable et le volume sonore parfait, équilibré, jamais assourdissant et donc, sans aucune démesure.

Après un bon rappel, tout était fini à 22h30 et le public, rassasié, ayant bien bougé, pouvait se diriger vers les nombreux CDs présentés par l’artiste. J’ai rarement vu un tel engouement et ces CDs semblaient se vendre comme des petits pains.

Moi qui ne possédait rien de T.M. Stevens en solo, j’en ai profité pour acquérir « Shocka Zooloo », publié en 2001 et franchement excellent et recommandable, avec quelques bijoux dont le très Marvin Gaye, « Stay Together » et une fin de rêve avec « Shocka Zooloo », « Give It Up » et « Trash ». Sur cet album apparaissent quelques musiciens renommés, dont Al Pitrelli, Bernie Worrell, Steve Salas et Will Calhoun. Faisant une allergie aux pochettes en Japonais, j’ai évité les autres CDs.

Excellente soirée.

JPS1er

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