ROCK & REX + LATER … with JOOLS HOLLAND (le best of)
Quand l’insomnie permet de voir deux émissions exceptionnelles au cours de la même nuit, elle peut être considérée comme une bénédiction. C’est ce qui s’est passé dans la nuit du 29 au 30 décembre 2005. Sur ARTE d’abord, de 23 h 35 à 1 h 15. L’émission s’appelle « Rock & Rex » et elle a été enregistrée au Grand Rex à Paris. Le Grand Rex n’est pas seulement le plus grand cinéma d’Europe, c’est aussi une salle destinée à l’organisation d’événements majeurs.
Les extraits des concerts donnés les 3 et 4 novembre 2005 font partie de ces spectacles privilégiés. Jugez plutôt : Patti Smith, d’abord, qui interprète « Peacable Kingdom » puis « People Have The Power » avec toute la conviction dont elle est capable. Avec sa gentillesse naturelle aussi, ne manquant jamais de faire cadeau d’un sourire ou d’un petit signe complice au public. Elle est accompagnée du seul Tony Shanahan, au piano d’abord, à la guitare ensuite. Cela ne l’empêche pas de recevoir une ovation méritée.
Lui succède un futur groupe majeur, The Kills, moitié anglais, moitié américain. Ils ont droit à une interview, où ils professent leur admiration, lui pour le Velvet Underground, elle pour Patti Smith. Ils interprètent successivement « The Good Ones », « Dead Road 7 » et « Love Is A Deserter ». Le jeu minimaliste de la guitare ne semble être là que pour soutenir le jeu de scène érotique et spasmodique de la belle Alison. Ce groupe sera grand tant que ces deux-là resteront ensemble. Mais l’amour, ça va, ça vient …
Vient ensuite Archive, avec « Fuck U » dont le chant est assuré par un homme, et « Pulse », presté par une femme. Le caractère répétitif de ce dernier titre le rend envoûtant et il récolte des acclamations méritées.
Nos compatriotes de dEUS ont la lourde tâche de succéder au groupe anglais et s’en tirent fort bien, d’abord avec un titre très vif, « If You Don’t Get What You Want », puis une ballade, « Nothing Really Ends », chantée sur un ton feutré, histoire de montrer que l’on peut exceller dans tous les genres. Allons, nous n’avons pas à rougir de nos compatriotes dans ce rassemblement de groupes triés sur le volet.
Grand National y va ensuite d’un titre groovy au possible, « Peanut Dreams », suivi par un autre plus enlevé, « Playing In The Distance », qui reçoit des applaudissements mérités. Maxïmo Park, un groupe très classe et très énergique, se dit très flatté d’être sur la même scène que Patti Smith. On les comprend. Ils interprètent « Graffiti » puis « Apply Some Pressure », deux excellents morceaux.
On termine dans une ambiance euphorique avec Madness, qui pulvérise l’applaudimètre et, surtout, fait bouger la foule dans ce temple impressionnant. « One Step Beyond », avec un saxo magique, « Baggy Trousers », avec des cuivres mais sans le saxophone, et « Night Boat To Cairo », qui le retrouve toujours aussi fringant, sèment la folie dans la salle. Ce doit être difficile, quand on a participé à un tel spectacle, quand on est excité à ce point, de rentrer chez soi en toute quiétude.
De 2 h à 3 h 05, c’est au tour de la BBC2 de nous présenter un best of de la célèbre émission « Later … with Jools Holland ». Particularité : il n’y a ni présentateur ni interruption entre les morceaux. Sous-titrée « Cool Britannia 2 », ce qui laisse supposer qu’il y aura une suite l’année prochaine, cette émission exclut d’emblée les Américains The Killers, Black Rebel Motorcycle Club, The Kills, Interpol, The Dandy Warhols ou The White Stripes. Cela met aussi hors course les Australiens Jet ou The Vines et les Néo-Zélandais The Datsuns. A part ça, c’est presque parfait.
On peut toujours discuter les choix de la programmation mais cela permet de passer un titre de tout ce qui compte dans la musique rock britannique actuelle, à l’exception de Art Brut, The Subways, Maxïmo Park, The Rakes ou Elbow. Ce foisonnement de groupes talentueux ayant tous leur personnalité rappelle immanquablement les sixties.
Beaucoup disparaîtront ? La belle affaire. D’autres viendront les remplacer. Qui parle encore de Gerry and the Pacemakers, des Searchers, du Dave Clarke Five, de Freddie and The Dreamers ? Ils ont pourtant tenu la dragée haute aux Fab Four pendant quelque temps.
Voici la liste des groupes ou artistes et des titres présentés, avec le mois et l’année de passage à l’émission :
- Arctic Monkeys, « I Bet You Look Good On The Dancefloor » (octobre 2005), un futur groupe majeur très énergique
- Kaiser Chiefs, « I Predict A Riot » (mai 2005), un autre incontournable
- The Verve, « Lucky Man » (novembre 1997) pour Richard Ashcroft
- Hard-Fi, « Hard To Beat » (mai 2005)
- Morrissey, « Irish Blood, English Heart » (mai 2004), dont le retour en Angleterre lui vaut des égards
- Bloc Party, « Helicopter » (novembre 2004), aussi un futur grand
- Keane, « Can’t Stop Now » (octobre 2003)
- Razorlight, « Golden Touch » (novembre 2004), qui donne tout ce qu’il a
- New Order, « Krafty » (juin 2005), qui doit cette sélection à Joy Division, sans doute
- The Libertines, « Boys In The Band » (novembre 2002), dont le talent fait regretter certains écarts de conduite
- Doves, « Black And White Town » (juin 2005)
- The Futureheads, « Decent Days And Nights » (octobre 2004)
- The Zutons, « You Will You Won’t » (novembre 2004)
- Franz Ferdinand, « Darts Of Pleasure » (novembre 2003)
- Radiohead, « There There » (juin 2003), qui reste un incontournable
- Editors, « Bullets » (octobre 2005), un futur grand
- Paul Weller, « From The Floorboards Up » (novembre 2005), toujours d’attaque
- The Go! Team, « The Power Is On » (mai 2005), aux influences hip hop, un choix plus discutable