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BOTTLE ROCKETS Live !

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Petite soirée quasi parfaite ce 12 septembre au Spirit of 66, n’était-ce la rareté d’un public décidément très difficile à attirer pour des découvertes intéressantes. Les vrais de vrais (Gégé, Steph, Joël, Jean-Luc, Pierre, Alain sans son chapeau…) étaient évidemment au poste dans l’espoir d’une véritable révélation.

Bottle Rockets comme son nom ne l’indique pas est un grand groupe sérieux capable d’égaler les meilleurs, dans la galaxie des Uncle Tupelo, Wilco et consorts, par des compositions étonnantes, solides, bien charpentées et accrocheuses dès la première écoute. Emmené par Brian Henneman, citoyen du Missouri, le quatuor sonne presque texan et fait partie de la lignée des véritables American roots rock bands.

Le combo ne se prend pas la tête mais offre un spectacle abouti, admirablement balancé faisant place à un maximum de chansons originales parmi lesquelles quelques covers discrètes se fondent admirablement.

Titulaire d’une discographie élégante (dix albums à ce jour), on notera principalement la récente période Bloodshot Records, comprenant l’immense hommage à Doug Sahm « Songs of Sahm » (2002) aujourd’hui introuvable, et le surprenant « Zoysia » (2006). A noter un album live pour Blue Rose Records : « In Heilbronn/Germany/17 juillet 2005 » qui donne une très bonne idée de ce qu’est Bottle Rockets on stage.

Brian Henneman, sur la route depuis les mid-eightees, a formé Blue Moons un groupe de reprise rock and roll 60s, puis Chicken Truck. Entre les coups, notre bonhomme joue les roadies pour Uncle Tupelo et poussera même ses talents musicaux en 1992 sur un album du célèbre band. Il réalisera également un single avec ses potes de Blue Moons et Mark Ortmann son batteur actuel. Fondateur de Bottle Rockets en 1993 avec Mark, Tom Parr et Tom Ray, cela ne l’empêche pas de jouer de la guitare pour l’album AM de Wilco (pas mal…). Il refuse toutefois de rejoindre ce groupe pour continuer à tourner avec Bottle Rockets.

Mark Ortmann (drums) a fait longtemps partie de la mouvance des musiciens de la route de Nashville. Il rencontre Brian au début des années nonante et fonde avec lui les Bottle Rockets en apportant une contribution non négligeable à ce dernier dans l’élaboration des compos.

John Horton (lead g.) est arrivé en 2003, il a écumé de longues années la scène de St-Louis et rejoint Nashville pour collaborer avec Mike Ireland avant de rencontrer la paire fondatrice de Bottle Rockets.

Keith Voegele (bass) est le petit dernier de la bande puisqu’il débarque en 2005 en provenance du milieu musical de Saint-Louis, lui aussi.

Il résulte de cette évolution, une incroyable capacité incisive et éclectique à donner le meilleur en permanence. Le long cheminement du band et, on s’en doute, ses galères lui ont apporté rigueur et maturité. Les sujets évoqués avec poésie et retenue appartiennent évidemment à l’histoire personnelle ou collective des membres du groupe. Là où Drive By Truckers met de la sonorité et Ryan Adams du style, Bottle Rockets peint sobrement une ruralité magnifique et intense.

Le groupe entame le show bien en phase musicalement. Petit problème de micro vite réglé par Big Francis bondissant en backstage. On apprécie le choix du titre d’entrée « Take Me To The Bank » dans la lignée des grandes reprises ça sonne comme « Get Your Kicks… ».

Enchaînements sur trois titres somptueux de “Zoysia”… Il y en aura six, ce soir. On mesure déjà toute la portée du travail. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Un turbin irréprochable, soigné dans le moindre accord, des intros à faire pâlir de jalousie Billy Gibbons soi-même, le tout serré, millimétré, procure une véritable jouissance aux oreilles et aux tripes. C’est vraiment de la belle ouvrage.

D’où je suis, je ne peux malheureusement pas profiter de toute l’amplitude harmonique mais je note quand même qu’à vouloir trop bien faire le band surexpose parfois le gros son par rapport aux vocaux. Ceci dit, on pourra toujours retrouver l’équilibre sur le CD…

Vient ensuite une chanson étonnante : « Nancy Sinatra » composée par Brian Henneman avec… Dan Baird ! Eh ! Oui, le team Bloodshot manage aussi un certain « Yayhoos ». Pas à dire, avec Gégé on sentait que ça tapait Georgia Satellites… bon sang, mais c’est bien sûr !

On entre alors dans une phase d’attention religieuse (enfin je me comprends) qui va durer au moins dix morceaux, à la limite d’une écoute hypnotique, le temps passe comme si de rien n’était et l’univers sonore de Bottle Rockets s’installe profondément en nous. Car, il faut le répéter, les compositions fortes et belles appartiennent vraiment au grand répertoire de la musique alt country dans toute sa splendeur. Rien n’est ennuyant dans ce projet et comme dirait Michael Bertin : « it’s damn near perfect » ! (Notez que je l’ai dit moi-même en commençant…). Si le moindre de ces titres avait été réalisé en 1976, cela aurait pu être le titre de l’été voire un top ten assuré au billboard US. Eh oui, panta reï… tout coule !

Mention spéciale à l’intro de « Slo-Toms », énooooooorme !!!!

Ce qu’on entend là, on a l’impression de l’avoir déjà entendu quelque part mais à vrai dire cela ne ressemble à rien d’autre qu’à du Bottle Rockets. Le band de Saint-Louis a pu intégrer et recréer sa propre histoire musicale à partir de références « classiques » comme le fit Creedence Clearwater Revival en son temps. C’est de la grande musique US affirmée, sans fanfreluche, directement dépouillée, dans le vif du sujet, quoi !

A l’origine, Scott Taylor a co-écrit une bonne partie des titres initiaux. Le hasard nous en fait découvrir trois d’affilée et permet de comprendre pourquoi cet ensemble a de la valeur. D’abord, Brian Henneman partage son pouvoir créatif, ensuite, les fidèles qui s’attèlent à la tâche savent garder leur place et, enfin, la volonté de créer des chansons qui durent à l’écoute est devenue avec le temps la marque de fabrique du groupe. Mélangez tout cela et vous obtenez forcément la qualité !

La tierce de titres qui suit (« Gravity Fails », « 24 Hours In A Day » et « Kerosène ») due à la paire Taylor/Henneman couvre pratiquement tout le registre de Bottle Rockets, une rythmique hâchée au gros son et lardée de coups de lead assassins, une musicalité hors normes permanente, un ensemble basse/batterie absolument homogène et de l’émotion à revendre (« Kérosene » une vraie merveille !).

Il faut dire qu’avec des chansons comme « Get Down River » on atteint des sommets. De la pureté des racines aux accents du sud éternel, c’est un régal. Le grand voyage à travers l’ouest dont tout le monde rêve. Sublime moment ! Tu remontes à cheval pour « I ‘ll Be Comin Around » et ça accélère à l’infini. Puis des contretemps réparateurs te ravagent l’intérieur. Ca respire les grands espaces et les guitares t’alignent pour le compte.

Je note depuis le début que la « Creston » de Brian Henneman a des colorations magiques Un peu comme la Rickenbacker de Roger McGuinn, elle apporte un plus à l’ensemble, une véritable marque de fabrique.

« Gotta get up » et « Zoysia » clôturent magistralement un show fantastique. Le dernier titre à lui tout seul valait le déplacement (NB : ne pas oublier le rappel sur Surrender version C. T. améliorée, chère à mon pote Pierre…).

Un grand soir, je vous le dis, une merveilleuse envolée vers le bonheur. Aucun regret, cela valait le coup !!!

DD

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