Le concert d’adieu de VENUS, Ancienne Belgique, 23 mars 2007
Un grand groupe belge disparaît. Venus a tiré sa révérence lors d’un concert d’adieu donné à l’Ancienne Belgique ce vendredi. L’émotion était au rendez-vous car c’était aussi le 10e anniversaire d’un groupe qui a fait preuve durant tout ce temps d’une grande créativité ce qui l’a hissé parmi les tous grands artistes belges. Venus termine donc en force. Le dernier album “
The Red Room“ restera sa plus grande réussite même si le succès de “
Vertigone“, sorti en 2003, n’a pas été égalé commercialement parlant. Pourtant ce nouvel opus était indéniablement un cran au-dessus avec une créativité à son paroxysme. Alors la faute à qui ? J’aurais tendance à rejeter cela sur les radios qui, n’ayant pas trouvé un autre “Beautiful Days” sur “The Red Room”, ont préféré bouder le groupe. La promotion de l’album s’en est donc ressentie alors qu’il y avait de fabuleuses pépites à faire découvrir aux auditeurs.
Mais venons-en à ce dernier concert. Marc Huyghens et ses compères de Venus ont mis les petits plats dans les grands. Marc arborait une belle cravate rouge à faire pâlir le noeud d’Elio. Son bassiste était lui aussi tout de rouge vétu et un drapé de velours rouge était suspendu en fond de scène rappelant la couverture de l’album. Lors des morceaux qui en sont extraits, elle était éclairée d’une lumière tamisée emplissant la scène d’une ambiance particulière.
Autour des quatre musiciens de Venus, s’était ajouté pour l’occasion Erwin le saxophoniste que l’on vit pour les premiers titres et qui extirpa de son instrument les arrangements sonores tout à fait particuliers que l’on retrouve sur “The Red Room”. Une claviériste était aussi présente. Elle assurait également des backing vocals. Enfin, il ne faut pas oublier les invités, dernier concert oblige. Marc avait donc convié à la fête deux chanteuses, un second violoniste, Lionel et Antoine des Girls In Hawaii, Sacha de Zop Hopop, John et Mika de Ghinzu. Tous ont interprété du Venus jusqu’à parfois se l’approprier.
C’est avec “Here & Now” (extrait de “The Red Room”) que débuta le concert. Erwin extirpa de son saxo des sons extraordinaires qui vinrent baigner toute la chanson. Bien vite on se rendit compte que la soirée serait inoubliable. Les musiciens font preuve d’un punch extraordinaire. Le batteur Jean-Marc Butty par exemple est bien plus qu’un batteur. C’est un percussionniste dans toute sa splendeur. Jamais il ne se contente d’un simple rythme. Il crée de bout en bout avec un dynamisme époustouflant. Le contrebassiste Pierre Jacqmin déploie un grand feeling sur son manche et affiche une solidité à toute épreuve. Parfois des sons semblant provenir des profondeurs océaniques atteignent nos oreilles. Non, ce ne sont pas les claviers à l’oeuvre ni même le violon, mais la contrebasse dans des aiguës aux rondeurs profondes. Quant au violon joué par le guitariste Christian Schreurs, il en sort des gémissements à vous flanquer les frissons tant ses arrangements sont mirifiques et superbement joués. Et puis, n’oublions pas le leader Marc Huyghens à la voix si particulière, une forte personnalité en ressort et en fait la touche toute particulière de Venus. Nous avons pu le voir particulièrement ému, tout le groupe d’ailleurs l’était, lorsque spontanément la salle a entonné un “Joyeux Anniversaire Venus”.
Envoûté par les titres qui se suivent avec une égale qualité de classe internationale, nous ne voyons pas le temps passer. Les invités se suivent et il faut absolument noter la prestation de Sacha Toorop sur “Beautiful Days”. Il s’est approprié la chanson en lui donnant une couleur toute à lui. C’était un grand moment qui souleva bien entendu la foule. Puis ils enchaînèrent sur “Poison”, une des chansons les plus prenantes du dernier opus. Lorsque nos deux Girls In Hawaii sont montés sur scène, c’était pour reprendre “Wanda Wulz”. Le groupe était encore boosté avec ce guitariste supplémentaire. Et puis, Venus repris le titre “O Marie” de Daniel Lanois, une reprise époustouflante pour cette chanson que le groupe s’est entièrement réappropriée. Nous avions l’impression que tous les musiciens étaient à ce moment sur un nuage. Le groove qui se dégageait était tout simplement exceptionnel.
Plus tard vinrent encore John et Mika, nos deux Ghinzu, pour le titre “Perfect Lover” provenant du permier album “Welcome To The Modern Dance Hall” sorti en 1999. Toujours aussi forts nos deux gaillards. Peu après, Marc s’essayera même au fameux déhanchement de John, mais il est difficile à égaler de ce côté. Petit à petit, le concert arriva à sa fin mais le public en redemandait encore et les musiciens de Venus reprirent le légendaire “Amsterdam” avant que tous ne reviennent pour “Bass Shivering Bass”, aussi extrait du premier opus.
Sûr que nous ne sommes pas prêts d’oublier un tel concert. Venus nous quitte, c’est dommage car c’était sans aucun doute un des tous grands groupes belges actuels, si pas le plus grand. Ils ont réalisé durant leur carrière l’exploit de sortir trois albums sur trois ayant tous un niveau très élevé, tout comme le live avec l’orchestre d’ailleurs. “The Red Room” aura été leur sommet malgré tout (si vous ne l’avez pas, courrez vite l’acheter !) et c’est sur cette pure réussite qu’ils nous quittent. Nous les regretterons c’est sûr.
Notez encore que le concert était enregistré et qu’un album live devrait donc sortir d’ici quelques mois. Ce sera sans nul doute un témoignage indispensable du passage de Venus dans le ciel rock belge.
Le Rédac’Chef
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Photos © 2007 Ingrid Ballieu