Werchter 2007, jour 4, puissance et sensualité
Journée sold out également ce dimanche à Werchter pour une programmation assez éclectique et alliant les extrêmes. Le rouleau-compresseur Metallica aura bien fonctionné une fois de plus. Mais il ne faut pas pour autant oublier une superbe prestation de Tori Amos ainsi qu’un spectacle haut en couleur de la part de Faithless. Incubus allait donner un petit avant-goût métal à la soirée. Le groupe mené par Brandon Boyd a été chaleureusement accueilli par une pluie battante. Heureusement l’averse n’a duré que quelques minutes. Pendant une heure, ces californiens ont fourni une très bonne prestation. Le chant de Brandon Boyd rappelle parfois Chris Cornell. Il est à la fois puissant et empreint de sensibilité. La première partie de leur set fut très énergique, laissant la place ensuite à des chansons plus variées et teintées de soul. Incubus a réussi à mettre une très bonne ambiance malgré la pluie. Une belle découverte scénique en ce qui me concerne.
Ensuite, et sur la scène du Marquee, l’irlandais Damien Rice a proposé une musique beaucoup plus intimiste et mélancolique. Néanmoins, le public était bien présent pour un moment de calme avant la déferlante qui allait s’abattre juste après.
Après un extrait du film “Le Bon, La Brute, et le Truand” en guise d’introduction, c’est sur “Creeping Death” que Metallica a fait son apparition sur la grande scène de Werchter, et le public a réagi au quart de tour. L’enthousiasme était tel que James Hetfield lui-même n’en revenait pas. Continuant sur cette lancée, le groupe enchaîne avec “For Whom The Bell Tolls”, autre grand classique.
Au cours de la soirée, le groupe n’aura joué que des extraits de leur meilleure époque, à savoir celle allant de leurs débuts au “Black Album” sorti en 1991. Seule exeption à la règle, “The Memory Remains” dont tout le public a repris l’air. On aura donc eu droit entre autres à “Disposable heroes”, “Fade to Black”, “Sanitarium”, “Orion” (avec un God Bless Cliff Burton de la part d’Hetfield), “Sad But true”, “…And Justice For All”, ou encore “The Four Horsemen”. “Nothing else Matters” fut interprété avec beaucoup d’émotion devant un public conquis.
Metallica communique beaucoup, ils aiment venir à Werchter et le montrent. James Hetfield est chaleureux avec son public. Par ailleurs, et même si leur deuxième partie de carrière repose sur des albums très moyens, le groupe n’en reste pas moins une très grosse machine en live. C’est intense, c’est lourd, ils assènent classique après classique et on en redemande.
Parmi les grand moments, on notera bien sûr “Master of Puppets”, ou “One”. Comme d’habitude, ce dernier fut précédé d’explosions et de feux d’artifices assez impressionants. “Last Caress” faisait partie des rappels, tout comme “Enter Sandman” secondé lui aussi par des explosions. C’est avec “Seek And Destroy” que Metallica a mis fin à environ 2h d’un show très intense.
Même si Metallica a toujours l’air de se chercher depuis le Black Album, ou qu’ils n’arrivent plus à retrouver l’inspiration qui a fait d’eux ce qu’ils sont, on pourra objectivement constater que sur scène, ils sont là et bien là. C’est peut-être tout simplement le symbole même de la puissance, car c’est ce mot-là précisément qui pourrait le mieux définir le groupe.
On aurait pu croire que le public ferait défaut au Marquee pour le début du concert de Tori Amos, puisqu’il a commencé alors que Metallica n’avait pas encore quitté la grande scène. Que du contraire, il n’était pas facile de pénétrer dans la grande tente, et le public était nombreux à l’extérieur.
La belle rousse arborait une perruque noire en début de concert, et sa personnalité décalée a vraiment réussi à séduire malgré un passage en fin de soirée le dernier jour du festival. Il faut dire que l’accumulation de fatigue n’est pas chose idéale lorsqu’on assiste à une prestation dont la musique est plus “compliquée”, ou élaborée.
Malgré cela, Tori Amos a réussi à entraîner le public dans cet univers à part qui est le sien. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre puisque cette artiste éclectique peut passer d’un album exclusivement piano-voix, à de la pop teintée de techno. Pour l’occasion, son show fut assez énergique et rythmé. La demoiselle en impose vraiment et on la sent revêtue naturellement d’une certaine autorité vis-à-vis de son audience, ceci sans arrogance aucune.
Si le mot décrivant le mieux le groupe précédent est puissance, celui qui convient pour Tori Amos est sensualité. Sa voix est charmeuse et aguichante, ses mélodies sont recherchées et non-conventionnelles. Elle est extrêmement riche dans ses compositions et arrangements. Qui d’autre qu’elle aurait eu le culot d’aller reprendre “Raining Blood” de Slayer juste au piano, ou encore des titres d’Eminem ou Depeche Mode ? Pourtant c’est bien ce qu’elle a fait sur son album “Strange Little Girls” composé uniquement de reprises, mais quelles reprises!!
Tori Amos est unique, son show est électrique, presque physique parfois. C’est en tous les cas un personnage dont je ne pourrai que conseiller la découverte.
Etant peu intéressé par la musique techno et assimilés, ce n’est que de manière distraite que j’ai regardé pendant un moment la prestation de Faithless, qui devait clôturer cette édition 2007. Le lightshow était impressionant, et la scène très lumineuse. Musicalement je n’accroche pas du tout, mais c’est loin d’être l’avis général puisque les gens bougeaient encore pas mal à cette heure avancée de la nuit.
Ce Werchter 2007 aura mélangé valeurs sûres et découvertes, c’est un des buts d’un tel festival, et je dois dire que les découvertes furent pour la plupart assez intéressantes.