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Interview: HOLLYWOOD PORN STARS, promo Satellites

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Alors que le deuxième album des stars du porno belge sortira en fin de ce mois-ci, il semblait judicieux d’aller vérifier auprès des quatre liégeois qu’ils sont toujours en forme olympique et que le son très brut de décoffrage de Satellites est une promesse déjà tenue à donner une série de concerts explosifs. Rencard à deux pas de la Bourse, dans un Roi des Belges qui va très bien aux costards d’Anthony Sinatra. Avant tout, je voulais te dire que j’aime beaucoup l’album, on sent vraiment une évolution par rapport au précédent, est-ce que vous avez passé plus de temps sur celui-ci?

Eric: Pas au studio même, mais surtout avant le studio. Le premier album était un fourre-tout de tout ce qu’on avait fait en créant le groupe, et depuis il y a eu des tournées, des morceaux qu’on jouait depuis pas mal de temps sur scène. On est arrivé avec une trentaine de morceaux, on a du faire des choix, c’est sans doute pour tout ça que l’interprétation est beaucoup plus aboutie que pour le premier album, ça va plus à l’essentiel.

Et il a été enregistré dans des conditions live, de nouveau?

Eric: Oui, et on s’est vraiment fixé des limites, des contraintes de temps (12 jours), pour ne pas se perdre trop longtemps en studio, les chansons ne s’y prêtaient pas. On avait envie d’être vraiment prêts avant de commencer l’enregistrement, on a énormément répété ensemble les semaines avant, pour ne pas avoir à chipoter, réarranger les morceaux au studio.

Combien de chansons enregistrées, alors?

Eric: Au final, on a enregistré 30 démos, puis 16 chansons vraiment, d’où on a tiré les 12 de l’album. On voulait enregistrer plus que ce qui serait sur le disque pour être satisfait de chaque morceau, ne pas en laisser qui soient là juste pour remplir…

Tu as des morceaux un peu plus à toi, sur l’album, comme “The Fugitive” où la basse est vraiment mise en avant…

Eric: Oui, on a bossé avec Christine Verschoren (Ghinzu, Les Anges…), et elle est venue nous voir en répétition avant l’album, et elle aime beaucoup les rythmiques, donc elle nous a fort aidé à mettre ça en avant, mais aussi en terme de son, et elle nous guidait en mettant le doigt sur des détails auxquels on ne pensait pas, comme alléger certaines parties, aller à l’essentiel… Dans des morceaux comme “The Fugitive”, justement, on pourrait ajouter un tas de production superflue, mais grâce à elle, on en est vraiment resté à l’essentiel.

En tout cas, tout l’album est direct et plein d’énergie, on sent une tension même dans les morceaux les plus calmes…

Eric: C’est sûrement dû au fait que tout ait été enregistré à quatre dans une pièce, tous sur la même longueur d’onde. On a tout joué ensemble, sans post production, edit, overdubs ou secondes guitares. Même les synthés ont été joués en même temps, c’est Salvio (Piano Club, Malibu Stacy) qui s’en chargeait, comme sur le premier album.

On sent, par rapport au premier album qui était plus posé, que celui-ci est beaucoup plus direct…

Eric: On était vraiment plus prêts. Year of the tiger avait été enregistré en live, mais il y a eu une très longue phase de mixage et de chipotage, que cette fois-ci on a évité. Vu qu’on l’avait enregistré chez nous avec John Roo, qui faisait déjà notre son live, on a un peu traîné, on a pris tout un été. Mais pour Satellites, on avait booké le studio pour une certaine période, on avait John Goodmanson (Death Cab For Cutie, Blonde Redhead…) qui mixait aux Etats-Unis en dix jours pour les douze morceaux, on a donc du vraiment en rester à l’essentiel. On a pu entièrement se fier à lui, alors que pour le premier album ça n’était pas le cas tant il y a eu de personnes derrière la console, c’est aussi sans doute pour ça qu’il sonne différemment.

Vous avez écouté des disques en particulier pendant l’enregistrement? Je trouve qu’il sonne très fort Arctic Monkeys sur pas mal de chansons…

Eric: On nous a beaucoup parlé de ça, en effet, et c’est vrai qu’ils font de très bonnes choses, mais on écoute énormément de musique et on n’a pas écouté un album en particulier. Et en studio même, on n’écoutait quasiment pas de musique… Et puis les morceaux datent en général assez, donc on ne peut pas dire qu’il y ait une influence principale pour l’album.

Par contre, j’ai du mal à comprendre le choix d’“Andy” comme premier single et ouverture d’album, que je trouve un peu faiblard par rapport au reste des morceaux, l’enregistrement ne rend pas le potentiel énorme que la chanson avait en live.

Eric: C’est un morceau pour lequel on a beaucoup réfléchi à la place sur l’album. En plein milieu, il faisait tache. Et pour le choix du single, on a un peu demandé à tout le monde, mais finalement c’est la maison de disques qui a choisi. Et puis, peut-être que ne pas lâcher son premier single tout de suite, ce n’est pas plus mal… En fait, c’est peut-être le morceau qui fait le mieux la transition entre les deux albums, et c’était déjà un petit classique en live, qu’on voulait du coup absolument placer sur l’album. Aussi, on compte tourner un clip pour “Andy” ce mois-ci, pour la sortie de l’album.

Sinon, quelles sont tes chansons préférées sur l’album?

Eric: J’aime beaucoup “Young girls” et “I want you”, un peu les deux “chansons d’album” qui doivent mûrir pour les apprécier vraiment, et “Walking cash machine”, qui va être géniale sur scène.

(Anthony nous rejoint)

Il y a des chansons qu’on sent déjà préparées pour le live, avec des finales instrumentales et beaucoup d’énergie…

Eric: Tous les morceaux ont été enregistrés en live, donc ils se prêtent évidemment bien à la scène…

Anthony: Ca ne va pas être dur de les retranscrire, mais on n’a pas spécialement réfléchi les chansons pour qu’elles sonnent en live. Ca a été une sorte d’entre-deux, on savait qu’on voulait enregistrer l’album live, sans filet, sans tempo défini. Même tous les instruments qui ont été rajoutés ont été faits en live, à part quelques guitares acoustiques, et encore… Le but, c’était d’avoir un maximum de vie, et on est très enthousiastes à l’idée de pouvoir jouer ça sur scène. On essaie aussi de se mettre un maximum au courant de ce qui se passe sur scène, d’ailleurs on revient des Ardentes où on était dans le public…

Je trouve l’album plus travaillé que le précédent, tant pour des détails comme l’accent qui me semble moins “belge” que pour le son qui est vraiment gonflé à bloc…

Anthony: Je pense que quand on sort un premier album, on ne sait pas vraiment vers quoi on va, et maintenant avec l’expérience, on le sait peut-être plus. On voulait en tout cas garder un côté très brut et instantané, mais surtout très simple, et c’est sans doute ce qui a été le plus dur. Etre le plus au service des mélodies, sans mettre les musiciens en avant, et en mettant le plus de vie possible dans les chansons.

Malheureusement, Redboy n’est pas là, mais je me demandais comment se fait le choix de qui va chanter sur quel morceau, d’autant plus que c’est de plus en plus toi qui a la part belle sur cet album…

Anthony: Au départ, c’est vrai qu’on a construit le groupe sur base de deux chanteurs-compositeurs, mais au fur et à mesure, il s’est trouvé que c’était moi qui amenait le plus de morceaux, et c’est souvent plus facile quand on amène un morceau de le conduire jusqu’au bout. Mais j’ai quand même donné pas mal de parties de chant à Michael, là où je trouvais que ça sonnait bien. J’imaginais bien sa voix à certains moments sur certains morceaux…

Sinon, par rapport aux paroles, j’ai l’impression qu’elles sont beaucoup plus personnelles qu’auparavant, il y a cette image de lover désabusé (“I want you / but I don’t love you”, etc.) que j’ai l’impression que tu te donnes, je ne sais pas si c’est le cas…

Anthony: J’aime brouiller les pistes, en fait. J’utilise pour mes textes pas mal d’idées qui me traversent l’esprit, donc qui sont vécues, mais toujours avec une espèce de camouflage, quelque chose qui en fait une histoire pour que pas mal de gens puissent s’y retrouver. Et ce n’est pas du tout personnel au final, l’album n’est pas biographique… Ce qui change peut-être, c’est que c’est écrit ici à la première personne, ce qui n’était pas le cas sur le premier album. Mais encore une fois, il y a énormément de détachement dans ces textes. Ce qu’il y a, c’est qu’ils ont été écrits dans une période très rapprochée, qui était très mouvementée pour moi au niveau émotionnel, mais en les relisant, je n’y retrouve pas grand-chose de vraiment personnel.

Et tiens, d’où vient le nom de l’album?

Anthony: C’était le titre de travail d’un morceau, et au moment de chercher un nom pour l’album, on aimait bien cette image de satellite. Cette image d’envoyer une information, une chanson par internet, les ondes… sans savoir où elle va atterrir, un peu comme une bouteille à la mer: on ne sait pas qui va la recevoir. Et comme pas mal des textes parlent de distance que les gens ont entre eux, avec des gens proches ou plus éloignés, on trouvait que tout cela se recoupait bien.

Mon gros coup de cœur sur l’album, c’est “Walking cash machine”, qui, je trouve, donne une dimension internationale à l’album, très british surtout… C’est sûrement un des titres les plus Arctic Monkeys de l’album…

Anthony: C’est chouette, parce qu’on a pas mal d’avis sur l’album, et quand les gens y vont avec leur coup de cœur, c’est chaque fois sur un titre différent, c’est très encourageant.

Des ambitions plus larges avec ce nouvel album?

Eric: L’idée, c’est de continuer sur notre lancée, d’élargir notre territoire, d’aller jouer là où le disque est disponible (nb: Belgique, France, Allemagne, Italie, Portugal…). Se lancer aussi de nouveaux défis, jouer devant des publics pas forcément conquis à l’avance…
Anthony: C’est vachement plus motivant d’aller jouer par exemple à Brighton dans une salle de 150 personnes, et de devoir accrocher le public pour qu’il reste jusqu’au bout du concert, plutôt que de faire un concert ici chez nous, devant 10000 personnes qui connaissent toutes les chansons par coeur… En tout cas, la scène nous manque vraiment, on a hâte de recommencer les concerts!

Et ils ne sont pas les seuls à vouloir le retour d’Hollywood Porn Stars sur scène… C’est avec plaisir qu’on les retrouvera, entre autres, au Pukkelpop le 18 août, à Verviers le 31 août, au Buccolique festival le 8 septembre, et au Cirque Royal le 26 septembre.
N’hésitez pas non plus à lire
notre chronique de l’album
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Propos recueillis par Kevin Dochain
Photos © 2007 Charlotte Delafontaine

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