Décès d’un des pères du Jazz-Rock : Joe ZAWINUL

Ce 11 septembre 2007, le pianiste, claviériste et compositeur Josef (Joe) Zawinul est décédé d’un cancer, à Vienne, sa ville natale. Il avait 75 ans. Il restera dans les mémoires comme un « Jazzman » à l’esprit ouvert, un génial touche-à-tout. Il avait débuté par l’apprentissage de l’accordéon, interprétant de la musique tzigane, avant de passer au piano. En fait, le monde du « Rock » ne l’avait découvert qu’à partir de deux des albums fondateurs du « Jazz-rock », « In a Silent Way » (1969) et « Bitches Brew » (1970), fruits autant du génie de Miles Davis que de celui de ses accompagnateurs, qui tous exploreront le genre par la suite : Chick Corea avec Return to Forever, Herbie Hancock avec The Headhunters, John McLaughlin avec Mahavishnu Orchestra, Tony Williams avec le Tony Williams Lifetime, Wayne Shorter et lui-même avec Weather Report, …. A cette époque, il a déjà 37 ans et sa réputation n’est plus à faire dans l’univers du « Jazz ». En effet, peu de temps après son arrivée aux Etats-Unis en 1959, il avait rejoint la formation de Maynard Ferguson avant de rejoindre celle de Cannonball Adderley, dans laquelle il avait expérimenté le piano électrique créé par Harold Rhodes et Leo Fender, ainsi que les racines noires du « Rhythm & Blues ». D’autres passages remarqués installeront définitivement sa réputation.

Comme ses autres compères de talent, vite à l’étroit dans le ciel de Miles Davis, il ne s’éternise pas à ses côtés. Dès 1971, il fonde Weather Report avec le saxophoniste Wayne Shorter, qu’il avait déjà rencontré chez Maynard Ferguson. De 1971 à 1986, ils mettront cette formation étonnamment percussive à toutes les sauces, jouant beaucoup sur l’expérimentation et les atmosphères, fusionnant « Rock », « Jazz », « Musique Ethnique », … la faisant évoluer à chaque album, au gré de l’humeur des deux leaders et de l’intégration d’individualités au calibre impressionnant : on peut citer les bassistes Miroslav Vitous, Jaco Pastorius, Alphonso Johnson et Victor Bailey, et les batteurs et percussionnistes Alphonse Mouzon, Airto Moreira, Chester Thompson, Ndugu Leon Chancler, Omar Hakim, Peter Erskine, … Tous les albums de la période s’étalant de 1972 à 1982 méritent le détour ; mes favoris : « Mysterious Traveller » (1974), « Tale Spinnin » (1975), « Heavy Weather » (1977), « Mr. Gone » (1978), « Live & Unreleased » (2002).

Zawinul Syndicate apparaît en 1988 et complète encore la palette de son concepteur. Il y intègre des vocaux et même des guitares (fait rarissime chez Weather Report), l’oriente vers le « Funk » et plus encore la « World Music ». C’est avec cet ensemble qu’il termine son long cheminement.

Un grand artiste est mort. Nous ne l’oublierons pas, car il est clair que ses traces resteront.