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Concert SOFT MACHINE LEGACY & Floating Stone au Spirit of 66 le 7.10.2007

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Depuis pas mal d’années maintenant, le Spirit of 66 de Verviers apparaît comme un lieu de passage obligé pour de nombreux artistes de renom en tournée européenne. Ce 7 octobre 2007, c’était au tour de Soft Machine Legacy de s’y arrêter. Fondé à la fin 2004 par quatre anciens membres de Soft Machine, le groupe rencontre un joli succès partout où il passe. Cela se confirme dans un Spirit of 66 plein à craquer. La moyenne d’âge du public montre bien que le groupe attire moins les jeunes générations. C’est bien dommage, surtout que Soft Machine et les nombreuses associations dérivées montées par ses « Ex- » ne se sont jamais contentés d’uniquement ressasser un glorieux passé. Dans tous les cas, ils ont continué de créer et cette version-ci ne déroge pas à la règle, avec déjà deux albums en studio publiés (« Soft Machine Legacy » en 2006 et « Steam » en 2007).

En scène, les nouvelles compositions n’ont rien à envier aux plus anciennes. Parmi ces dernières, on reconnaît les merveilleux « Facelift », « As If » et « Chloe and the Pirates ». Bien qu’il n’y ait pas de claviériste dans la bande actuelle, ces titres et les ambiances rappellent aussi celui qui sera resté le plus longtemps dans le groupe, Mike Ratledge. Le tout se positionne dans un courant « Jazz-Rock anglais », typique, relié à l’« Ecole de Canterbury ». En fait, cette orientation s’était progressivement imposée dans Soft Machine à partir du troisième album. Les incessants mouvements de personnel en son sein ont toujours eu l’avantage de rénover et de revisiter la musique du groupe. Outre de nouveaux noms apparaissant à chaque nouvel album, ils ont amené de nouveaux instruments en en faisant disparaître d’autres, de nouvelles sonorités et de nouvelles approches. Cet ensemble de faits a généré une dynamique interne indiscutable, pas toujours comprise et admise par le public. Les plus fidèles, dont je suis, ont apprécié l’évolution et n’ont pas assisté à ce concert dans un esprit strictement nostalgique.

Le longiligne bassiste Hugh Hopper pratique la langue française sans trop de difficultés, à la différence du guitariste John Etheridge qui s’y essaye sans gêne, mais péniblement. Ces deux-là présenteront les différents titres, le premier avec sa froideur naturelle et le second avec le sourire.

La basse joue très en avant. Elle est lourde, efficace et bourrée d’effets. La batterie file dans tous les sens. Ce n’est que lorsqu’il quitte ses caisses que l’on se rend bien compte que John Marshall n’est plus tout jeune. Il apparaît en fin de compte bien fatigué. Il est vrai que le groupe a offert deux rappels à un public conquis. D’un autre côté, guitare et saxophone jouent beaucoup ensemble. Ils se partagent les solos, et évoluent régulièrement en parallèle. Dans cette dernière situation, le saxophone a parfois tendance à supplanter la guitare. John Etheridge a gardé ce son chaud qui le caractérise. La précision de son toucher reste impressionnante, même dans les exercices en solo les plus périlleux. Theo Travis est le plus jeune de la bande, il a remplacé Elton Dean, décédé en février 2006 (voir article). Il est particulièrement explosif et éblouissant aux saxophones. Son talent avait déjà pu s’apprécier sur la scène du Spirit avec Gong.

Les musiciens présents, par ordre d’ancienneté :

  • Hugh Hopper (né en 1945) : Basse
  • John Marshall (né en 1941) : Batterie & Percussions
  • John Etheridge (né en 1948) : Guitare
  • Theo Travis (né en 1964) : Saxophones & Flûtes

Pour plus de détail sur ces artistes, je renvoie le lecteur aux chroniques de « Floating World Live (Bremen, January 29, 1975) » et « Soft Machine Legacy ».

Il faut également signaler qu’avant la prestation de Soft Machine Legacy, une première partie était programmée. La prestation du duo Floating Stone, mené par le guitariste Américain Jeff Aug et le percussionniste Allemand Niko Lai, fut suivie avec beaucoup d’intérêt par un public, au départ surpris par autant de qualité. L’ovation finale qu’il lui réserva en fut la preuve, tout comme le commentaire du patron du lieu. J’espère que c’est un signe qu’on les y reverra bientôt. En tout cas, ce duo représente quelque chose d’inattendu. Il rappelle parfois John McLaughlin lorsqu’il travaillait avec des percussionnistes Indiens, mais sans que cela ne s’étende dans trop de débordements techniques, Peppino d’Agostino & Stef Burns (voir chronique « Bayshore Road ») pour les ambiances et les effets, et même des guitaristes du style de Jacques Stotzem. En tout cas, ce guitariste n’est pas manchot et manie la guitare (acoustique) avec délice. Le percussionniste joue accroupi de l’udu et divers petits instruments percussifs. Malheureusement, seuls les premiers rangs auront pu le voir. En prime, les deux musiciens montrent une belle complicité et ne manquent pas d’humour, ponctuant leur jeu respectif de petites touches amusantes. Les compositions sont joliment fichues. Leur double CD « Segue » donne envie de s’y intéresser plus profondément (www.myspace.com/floatingstone).

Une excellente soirée, comme l’avait été celle du fantastique trio Aka Moon très récemment !

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