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L’interview exclusive de AXXIS pour Music in Belgium (1e partie)

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De passage à Anvers en ce début d’année aux côtés de Gamma Ray et de Helloween, le groupe allemand Axxis présentait son nouvel et excellent album « Doom Of Destiny ». Nous avons pu interviewer le chanteur Bernard Wiess lors de ce concert, en voici le contenu. Music in Belgium – Bernie, très bon concert, bon son aussi, quelles sont tes impressions ?
Bernard Wiess – Oui, pour un set de 35 minutes c’était très chouette. Au niveau son, nous travaillons avec le même ingénieur qu’Helloween depuis environ cinq ans et il fait un super boulot.


MiB – J’ai lu dans une autre interview que cette tournée était votre première tournée internationale depuis celle que vous avez fait avec Black Sabbath en 1989. Comment est l’ambiance avec les autres groupes. Tu disais avoir déjà tourné avec Helloween mais ne pas connaître les musiciens de Gamma ray.
BW – Effectivement, c’est notre première grosse tournée depuis un bail. Ca se passe vraiment très bien, il y a une très bonne ambiance, c’est très amical, c’est presque comme être en famille.

MiB – Ca doit aussi être une expérience formidable de pouvoir tourner dans tous ces pays, c’est quelque chose qu’Axxis attendait depuis longtemps paraît-il.
BW – Absolument, le truc avec Axxis c’est qu’on est très populaires en Allemagne mais on n’a jamais réussi à traverser les frontières. La raison en est assez simple en fait. Nous avions un contrat d’exclusivité avec EMI en Allemagne. Les autres représentants européens du label n’étaient pas intéressés par notre musique et nous ne pouvions pas signer avec d’autres labels. On était donc pieds et poings liés. Cela a duré presque quinze ans, et ce n’est que depuis que nous travaillons avec des plus petits labels que nous pouvons enfin jouer en France, Espagne et dans beaucoup d’autres pays comme pour la tournée présente. Peux-tu imaginer que la première fois où nous avons joué en France, c’ était à l’occasion du Raismesfest 2006 ? C’est absurde !! Ce n’est que maintenant, et après toutes ces années que nous pouvons enfin penser à nous construire une carrière ailleurs qu’en Allemagne. C’est vraiment étrange.

MiB – Une question qui n’a rien à voir. Lakonia vous a laissé tomber juste avant la tournée et c’est Ana Mladinovici de Magica qui assure ses parties vocales. Comment est-ce qu’elle s’en tire ?
BW – C’est effectivement une situation qui était délicate. Il faut savoir que nous sommes les producteurs de Lakonia et qu’au départ il n’était même pas prévu qu’on refasse un album d’Axxis avec elle puisqu’elle enregistre son propre album , et que d’autre part, nous pensions enregistrer « Doom Of Destiny » sans aucune autre voix que la mienne. Mais lorsque l’opportunité de faire cette tournée avec Helloween s’est présentée, on s’est dit que c’était là aussi un bon moyen de la présenter à un public beaucoup plus large. Nous lui avons donc demandé si elle était intéressée par cette tournée et elle s’est montré très enthousiaste. J’ai donc carrément réenregistré mes voix pour cet album, effacé des parties ou je chantais seul afin de lui laisser de la place pour ses interventions. Ce n’est que deux jours après le mastering qu’elle a dit qu’elle avait un problème pour assurer la tournée car elle commençait des études de logopédie. Je lui ai dit que ça ne pouvait pas tomber plus mal, qu’elle pouvait retarder ses études d’une année, mais rien à faire. J’étais vraiment très déçu par son attitude. Heureusement que notre label nous a proposé Ana, elle était disponible, et après l’avoir écouté je me suis dit qu’elle pouvait parfaitement faire l’affaire. Elle a eu très peu de temps pour apprendre les chansons en question mais ça se passe vraiment très bien.

MiB – As-tu déjà pu mesurer les répercussions de cette tournée pour Axxis, le feedback des fans etc ?
BW – Oui, et c’est incroyable. Prends la scandinavie par exemple, on s’attendait vraiment à passer comme un groupe de première partie, mais tout le monde connaissait nos chansons. En Suède c’était comme si on était Gamma Ray, les gens chantaient avec nous. C’était vraiment formidable.

MiB – Est-ce que dans le cas de cette tournée, vous avez du faire comme beaucoup d’autres groupes, c’est-à-dire « acheter » une place en tant que première partie ?
BW – OK, dans ce cas-ci, nous devons faire face à de grosses dépenses comme le bus pour la tournée, le carburant, le logement, la nourriture etc. Mais on ne sort pas tout de notre poche. Notre label co-finance cela avec nous.

MiB – Peut-être une manière de faire une certaine promotion du groupe avant de revenir en tête d’affiche ?
BW – Absolument, nous espérons que cette tournée pourra nous ouvrir des portes pour revenir dans certains pays, dans des clubs ou des salles de moyenne importance. En Allemagne c’est un peu différent car là les fans sont un peu déçus, ils aimeraient nous voir plus haut dans l’affiche. Nous vendons beaucoup de disques là-bas et la situation est inversée par rapport au reste de l’Europe. Donc nous espérons pouvoir faire une tournée allemande en tête d’affiche également.


MiB – Votre nouvel album est vraiment bon. Nous recevons environ 750 disques par an et rares sont ceux qui interpellent dans la mouvance hard, mélodique, power-metal etc. Que penses-tu de ce qui se passe dans le metal actuel ? Les modes changent, MTV a lancé le hard dans les années ’90 et ensuite plus rien.
BW – Oui les choses changent, mais d’un autre côté nous voyons d’anciens fans venir aux concerts avec leurs enfants et ces derniers s’intéressent aussi à notre musique. Ce qui est aussi intéressant à voir avec Axxis c’est la diversité du public. Nous avons des fans qui écoutent Slayer ou Kreator.

MiB – Il y a tant de groupes actuellement qu’il est pratiquement impossible en fait pour une nouvelle formation de se faire un place, non ?
BW – C’est un fait, et la mentalité des labels a changé aussi. Maintenant si un premier album ne marche pas, on vire le groupe. Quand j’ai commencé c’était l’inverse, on te signait pour trois albums afin de te faire évoluer, apprendre le métier, tourner, jouer dans toutes les toilettes possibles. Et là tu pouvais arriver à quelque chose car le label était aussi vraiment derrière toi.

MiB – Mais d’un autre côté, et avec la technique actuelle, beaucoup de nouveaux groupes peuvent aussi avoir la possibilité d’enregistrer dans des home-studio sur pc sans vraiment y perdre leur culotte, non ? Et cela peut leur donner la possibilité d’arriver à un résultat intéressant aussi, non ?
BW – D’un côté oui, mais de l’autre, c’est aussi une des raisons pour lesquelles tout sonne pareil partout je crois.

MiB – C’est vrai qu’il y a malgré tout un vrai manque d’idées. Si tu prends tel ou tel groupe, même des grosses pointures, tu sens qu’ils ne se renouvellent pas. Par contre vous avez réussi de votre côté à produire un album impeccable dans le genre. Même si le style est quelque part plutôt connu, il n’empêche que les idées, les compositions, sont vraiment d’un autre calibre.
BW – Nous attachons énormément d’importance aux compositions et à la diversité musicale. Je ne veux pas me copier moi-même. Prends par exemple notre nouveau guitariste Marco, il n’a que vingt-trois ans et il connaît parfois mieux Axxis que moi-même. Il écoute plein de styles différents et a beaucoup de maturité. Notre manière de procéder est aussi assez personnelle, par exemple au niveau de la batterie. D’habitude le batteur est toujours le pigeon dans l’histoire, il doit jouer sur une piste témoin, avec un click etc, et en plus y ajouter le feeling et la pêche. Nous on fait tout à l’envers, on enregistre tout, les musiques, les voix, les chœurs, et c’est ensuite que nous donnons tout à notre batteur pour qu’il puisse disposer de toute l’ampleur de la chanson et qu’il puisse placer ses accents là où il faut et de la manière la plus naturelle possible.

Marco Wriedt rejoint la conversation pour la
seconde partie de cette interview
que vous découvrirez demain. Restez branché !

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