L’expérience RPWL envahit le Spirit of 66
En ce dimanche 20 avril 2008, tous les amateurs de rock mélodique aux ambiances floydiennes soignées s’étaient donnés rendez-vous dans le décor du Spirit of 66 pour y applaudir le groupe allemand RPWL. Ils venaient y présenter leur nouvel album sorti le mois dernier. Comme par hasard, le printemps semblait enfin montrer le bout de son nez. Le concert s’annonçait chaud. Dès la montée sur scène de nos amis allemands, on s’apperçoit vite qu’ils ne sont pas quatre, comme sur l’album, mais bien cinq. Si un nouveau batteur les a rejoints, il se nomme Marc Turiaux et se tient sur le côté droit de la scène, on aperçoit aussi un double clavier en second plan sur le côté gauche, Markus Jehle les accompagne durant la tournée qu’ils viennent d’entamer comme il l’avait fait pour la précédente. Voilà qui libère un peu Yogi Lang. Il peut plus se consacrer au chant. Mais rassurez-vous, il s’est gardé quelques claviers quand même et en use à bon escient. A part cela, RPWL a toujours en son sein le guitariste Karlheinz Wallner et le bassiste Chris Postl. Il ne leur manque finalement que le R.
Le nouvel album s’intitule “The RPWL Experience”. Il est sorti le 3 mars dernier. Nous vous en parlerons bientôt. Ils ont bien entendu fait la part belle à leurs nouveaux titres. Des projections venaient soutenir les paroles de Yogi. C’est vrai qu’il attache beaucoup d’importance aux textes. Il en parle avant chaque morceau quand c’est nécessaire, parfois un peu trop même. Mais cela a l’avantage de nous expliquer certaines choses qu’on aurait peut-être compris qu’à moitié. Lors de “Choose What You Want To Look At”, il nous fait réfléchir à ce que nous regardons à la télévision. Les gouvernements souvent utilisent les médias dans un rôle de pantière nous transformant en marionnette. A travers ces filets, c’est à nous d’esquiver ou de faire le tri. Yogi passe aussi souvent en retrait pour rejoindre son Moog. A un moment nous avons cru entendre du Manfred Mann tant le son tiré du Moog nous rappelait l’Earth Band. Mais dans l’ensemble c’est malgré tout Pink Floyd qui est la grande influence de RPWL. Ils reprennent d’ailleurs souvent, et ce soir n’a pas failli à la règle, des titres de ce géant du rock.
En parlant reprises, sur le nouvel album il y a le “Masters of War” de Bob Dylan, un titre qui figurait sur “The Freewheelin'” sorti en 1963, 45 ans déjà… Il était bien entendu au programme de ce concert. La version tout particulière que nous offre le band est entièrement imbibée du Floyd. Certains verront sans doute cela avec indignation pensant qu’on ne peut changer un tel titre. Pourtant force est de constater que cette reprise empreinte de la personnalité de RPWL et du Floyd a le mérite d’exister. Elle apporte un regard neuf sur la chanson qu’on croirait sortie d’un “Wish You Were Here”.
Comme s’il voulait contredire certaines étiquettes, RPWL a aussi des titres plus pop rock. Ils sont alors plus directs et accrocheurs. C’est bien pour les radios et pour se faire connaître mais cela satisfait moins les amateurs de prog. Tiens, à propos de prog, durant leur dernière tournée ils ont beaucoup discuté avec leurs fans mais n’ont semble-t-il pas encore été convaincus de ce qu’était vraiment le rock progressif et qu’ils en faisaient. Ils le chantent même avec humour dans “This Is Not A Prog Song”. Et puis il y a ce medley très hard rock et même rock’n’roll à un moment. Ils passent en revue les pointures du genre. Ca non, c’est sûr que c’est pas du prog, mais c’est très bien fait et cela met indéniablement de l’ambiance. D’ailleurs le groupe est finalement bien plus rock sur scène que sur CD, hard rock même parfois. Normal somme toute puisque la chaleur de l’ambiance du Spirit of 66 transcende souvent les artistes qui y passent. Enfin, nous ne pouvions pas terminer sans épingler l’excellent solo du jeune batteur Marc Turiaux. Il a su nous tenir en haleine comme le faisaient quelques grands batteurs des seventies. Quant à Markus Jehle, il dynamise parfaitement les envolées du clavier rassemblant ses notes telles une nuée d’oiseaux migrateurs.
RPWL nous a ainsi gratifié de plus de deux heures trente de concert en n’oubliant pas le fameux “Hole In The Sky” de leur premier album. Le public en voulait toujours plus et ils sont même arrivés en bout de setlist ne sachant plus quoi jouer. Comme l’a dit Yogi, nous les avons poussés au bout de leurs ressources. C’est un public de gourmet gourmand qu’ils ont devant eux et en cherchant bien, ils ont malgré tout repêché un petit dernier afin de nous satisfaire.
Le Rédac’Chef
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Photos © 2008 Ingrid Ballieu