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Tom, delicato, virtuoso Principato & Powerhouse au Nekkersdal le 29 avril 2008

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Le Roots Music club bruxellois accueillait, en cette fin avril, un des bluesmen les plus appréciés sous nos cieux peu cléments. La veille, le bluesrock trio avait cassé la baraque au Banana Peel de Ruiselede, bourré à craquer. Les blues addicts bruxellois sont plus calmes et plus critiques, mais le Nekkersdal affichait quasi complet pour honorer le citoyen de Falls Church, Virginia. Tom parcourt les scènes blues depuis 40 ans. Début 70, il se retrouve dans le East Coast band Powerhouse (déjà!) qui a sorti 2 albums blues/soul/roots : “Night life” et “Lovin Machine”, réédités en 1 CD. Le chanteur du band, George Leh, a notamment fait partie du J Geils Band.

C’est en 1984, que Tom débute une carrière solo. Avant cela, on retrouve sa guitare, entre autres, chez Geoff Muldaur, Big Mama Thornton ou chez les Assassins, pour lesquels il partage ses soli avec Jimmy Thackery. A ce jour, sa discographie compte plus de 15 albums. Au Nekkersdal, il nous jouera plusieurs titres du dernier en date “Raising the Roof”. Il est assisté par une rythmique d’une redoutable efficacité. Le géant John Perry est à la basse (5 strings) et backing vocals. Le racé Joe Wells se charge des drums.

2h30, Philippe Verstraeten, ravi (salle pleine, malgré une demi-finale en Champions League), annonce : Tom Principato and band. Coiffé de son éternel petit chapeau, Mr Principato nous balance quelques riffs bien juteux et funky et attaque un morceau de son dernier offspring “I was walking down the street …” chante-t-il, pour introduire le titre pimenté “Lock and Key”. Pour suivre “If love is blind (I hope I never see you again)” de Dave Kitchen, au typical Creedence Clearwater Revival rocksound.

Pas de jeu de scène grandiloquent, pas de cinéma, Tom se promène calmement sur le podium et nous assène ses riffs en caressant ou pinçant ses cordes. Du grand art ! Un premier instrumental, un slow blues à faire pleurer la plus immonde brute : “Blue Mood” dédicacé à BB King. Une guitare dégoulinante. Retour au groove, façon New Orleans, avec scatting vocals, un shuffle d’enfer. Ce premier set sera relativement quiet, Tom se la jouant slowhand. Il parsème ses titres de touches jazz/blues/rock/reggae/rhythm ‘n blues/funk voire de saveurs jamaïcaines. Ses comparses assurant un background idéal à ses envolées magiques.

“Lies” de JJ Cale, aux paroles “You told me this You told me that You try to tell me ,tell me where it’s at …”, reçoit un traitement impeccable. Les doigts virevoltent sur les cordes, un petit coup sur la handle pour faire gémir l’animal, basse et batterie accélèrent, high speed, nouvelle accalmie…. Du travail d’orfèvre. “I hear you knocking” 1955 de Dave Bartholomew et Pearl King, popularisé par Dave Edmunds. Le public reste ébahi devant cette version intimiste. Volume de guitare au niveau zéro, tu entends le pincement des cordes dans un silence abbatial (évidemment il fallait que Victor, le barman, se serve une pintje à ce moment : sourires…). Magistral. Le public, assez passif jusque-là, s’éveille. “8 counts for Rita” de l’organiste Jimmy Smith qu’il admire. Et le superbe instrumental “Santana Claus”, aux effluves Carlos, pour clôturer ce set de 55′.

Les Cd’s se vendent à la pelle. Le set 2 sera encore plus intense, des titres plus uptempo. “Knockin on the door”. L’ombre d’Eric Clapton, de Carlos Santana ou de Peter Green plane sur la gemeenschapshuis. Tom se tient sur le même échelon. “Too damn funky” par exemple, te ramène au titre “Slunky” que l’on retrouve sur le premier effort solo d’Eric Clapton (1970). “In the middle of the night”, un reggae chaloupé aux effets wah wah tonitruants. “Crosstown traffic” sera chanté par John. Laeken ou Manhattan, mêmes frustrations sur la route. “Mi solea” nouvel instrumental latino, de la dentelle ! Passion et feeling sont au rendez-vous. “Drinkin wine spo-dee -o -dee” retour à la Nouvelle-Orléans pour ce classique drinking-rock. “All right, let’s rock and roll”, he says et c’est parti pour un powerful “Rumble”.

Avec ses petites lunettes de fonctionnaire, Tom n’a pas vraiment le look, mais c’est loin d’être un plouc. Ses riffs sont de la sorcellerie pure. “Every minute, every hour” un sleazy rock, une guitare infaillible, se faisant pistolet mitrailleur. Il se remet en avalant quelques lampées de Palm et another one from our latest CD “Bo Bo’s Groove”, un nouvel instrumental métissé. Il termine avec le titre adéquat “I’m gone”, des vocalises jazzy, “so long baby,I’m gone …”. Ce gars est dopé aux amphétamines, un sprint guitaristique à faire pâlir d’envie Carl Lewis. 55′, once again.

Double rappel, le public a compris que Tom Principato a créé l’événement. Deux morceaux de sa galette “Guitar Gumbo” : “Return of the Voodoo Thing”, à la rythmique en béton armé, pendant que Tom flingue tout ce qui bouge. Et “Tango’d up in the blues” un instrumental plus Peter Green que nature, qui à lui seul, valait l’investissement de 14€. Un jeu aérien s’adressant à tous tes sens et à tes tripes.

Tom did it … Rideau !

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