Robert Plant & Alison Krauss, un superbe duo
C’est devant un Forest National à peine aux deux-tiers plein que s’est produit notre duo vocal ce dimanche 11 mai 2008. Faut dire que le concert était programmé au beau milieu d’un week-end de pentecôte (qui plus est particulièrement ensoleillé) et que la formule duo reprenant des standards country-folk est moins « porteuse » que l’improbable (ou probable allez savoir !!) reformation du célèbre dirigeable dont on nous parle tant dans les médias depuis des mois ! Et bien comme souvent, les absents ont eu tort !!!
D’abord, l’harmonie de notre couple de vocalistes est un régal pour l’oreille. La voix cristalline d’Alison se marie à merveille avec celle du grand Robert. Ce dernier n’a (vraiment !) rien perdu de son talent. Ensuite, les musiciens sont tous exceptionnels. T-Bone Burnett en rythmicien discret, bien qu’ayant une petite dégaine « à la » Townsend, en chef d’orchestre de la formation ; Dennis Crouch à la contrebasse ; Jay Bellerose en costard cravate à la batterie (rappelant par certaines attitudes Jean-Marie « Animal » des Muppets !!!) ; Buddy Miller à la mandoline, guitare et pedal-steel ; et le fantastique Stuart Duncan, véritable folk-hero, passant tour à tour du violon (façon fiddle of course !), au banjo, à la guitare et à la mandoline.
La liste des morceaux faisait évidemment la part belle à l’album « Raising Sand » de la formation. On a forcément droit à de vrais duos (« Rich Woman », « Killing the Blues »…, à Alison seule (sur « Sister Rosetta goes before us » ou le superbe « Trampled Rose » de Tom Waits). Robert chantera seul sur « Fortune Teller ». Il est très en verve, visiblement heureux d’être là s’exprimant en français entre les morceaux (et sans être sifflé, pour une fois !). Quelle voix il a gardé, quel registre, et surtout quelle vie il donne à son interprétation !!! Alison est beaucoup plus introvertie, mais sa voix est superbe, et elle l’utilise remarquablement. Elle se lâche beaucoup plus quand elle joue du violon, instrument dont elle est visiblement virtuose.
Pour ce qui est des duos, tantôt c’est Robert qui chante en avant, accompagné par Alison, tantôt c’est l’inverse. Les voix s’harmonisent parfaitement. Un petit intermède T-Bone, avec un « laissez les bons temps rouler », apparemment en français (là, franchement, fallait le savoir).
Pour ce qui est des escapades hors de l’album, un petit Robert Plant, le bon vieux « In the mood » avec un petit intermède celtique au violon par Alison (des années que je n’avais plus entendu cette chanson, vingt-dieux que ça fait du bien !!!), un Emmylou Harris (que Stuart Duncan accompagnait récemment en compagnie de Mark Knopfler) : « Green Pastures », et des Led Zep (non ?, si si !!!) : un surpenant « Black Dog », « folkisé » à souhait, et surtout l’inévitable « Battle of Evermore » déjà folk à la base, ou Alison tiendra à merveille le rôle de Sandy Denny. S’il n’y avait dû y avoir qu’un Zeppelin, c’était celui-là. Après cette pièce d’antholgie, le groupe enchaîne sur le magnifique « Please read the Letter », seule pièce de « Raising Sand » écrite par Robert, et … Jimmy Page !, avant de recevoir une standing ovation bien méritée.
Ils nous reviennent ensuite à deux reprises, pour deux sets de deux chansons, dont un petit Zeppelin supplémentaire : « When the levee breaks », véritable friandise. Le groupe salue à la manière des comédiens et, s’en va, Robert Plant se retourne pour venir saluer le public une dernière fois. Il s’est visiblement plu sur scène, et son plaisir est largement partagé par le public. Ne vaut-il pas mieux voir un artiste livrer au public ce qu’il souhaite, et donner le meilleur de lui-même, que de le voir rejouer avec son ancien groupe sans en avoir vraiment l’envie ?
Maintenant, si les membres subsistant de Led Zeppelin souhaitent réellement rééditer la belle expérience de l’O2 Arena et repartir ensemble en tournée, on ne s’en plaindra pas !!!
Sorry, mais en surfant sur le blog de Marc Ysaye, je m’aperçois que j’ai oublieé de citer un titre majeur , au rayon surprises: le magnifique Matty Groves de Fairport Convention, autre titre interprété à l’origine par Sandy Denny.
Pascal laurent