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BRMC, des rebelles généreux à l’AB ce 14 juin 2008

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Quelques mois après leur passage à l’Orangerie du Botanique, les excellents Black Rebel Motorcycle Club étaient de retour sur le sol belge, toujours en support de leur quatrième album, “Baby 81”, sorti voici déjà plus d’un an. Les rebelles de San Francisco exilés à L.A. avaient cette fois-ci choisi l’AB, à l’endroit même où le public belge les avaient découverts le 2 mars 2002 (ils avaient joué dans le Club ce jour-là).

Par ailleurs, un autre parallélisme saute aux yeux par rapport à cette date. A l’époque, le batteur du groupe, Nick Jago, avait dû déclarer forfait suite à des problèmes de visa et avait été remplacé au pied levé par Peter Salisbury, le batteur de The Verve. Six ans plus tard, Nick Jago n’est de nouveau pas (plus) là. Il vient de quitter le groupe (momentanément?) pour des raisons encore obscures. Cette fois-ci, les baguettes ont été confiées à Leah Shapiro, qui a notamment tourné avec The Raveonettes. C’était ce soir son baptême du feu au pays des motocyclettes.

Mais avant de voir ce que cette formule inédite allait donner, nous nous devions de supporter les petits belges de The Experimental Tropic Blues Band. C’était personnellement ma première expérience avec le trio liégeois et je ne savais pas trop à quoi m’attendre. La simple évocation du mot blues dans le nom du groupe me faisait un peu peur. Heureusement, on a plutôt pensé à du Jon Spencer Blues Explosion qu’à du Muddy Waters. La complicité des deux chanteurs guitaristes est aussi évidente que le mariage de leurs voix. Le chevelu aux lunettes à une voix cassée à la Tom Waits, surprenante de prime abord, mais bien vite essentielle. L’autre est doté d’une voix plus classique, ou en tout cas plus mélodieuse, et a un jeu d’harmonica dévastateur, tandis que le batteur rythme le tout d’une manière infernale. Pas toujours très polis dans les textes, mais leur blues boogie expérimental sans être tropical pour un sou se révèle drôlement efficace.

Retour aux Black Rebel qui montent sur scène sur le coup de 20h35. Robert Levon Been, le guitariste de la basse, désormais aux cheveux (un peu plus) courts et Peter Hayes, gueule de star et guitariste de talent, sans oublier la petite nouvelle Leah Shapiro. Visuellement, le drapeau à la tête de mort a disparu et le trio s’apprête donc à évoluer dans un environnement vierge. C’est parti avec “666 Conducer” pour un mur du son… qui ne viendra finalement jamais. En effet, contrairement à chacune de leurs prestations précédentes, on est surpris par un manque de puissance (en terme de décibels s’entend), car la qualité (et la quantité) étaient au rendez-vous. Après deux autres extraits de “Baby 81” (“Berlin” et “Weapon Of Choice”), le groupe s’est plongé dans son back catalogue, s’arrêtant un peu plus que d’habitude sur le très country “Howl” (2005) (“Sympathetic Noose” en acoustique, “Shuffle Your Feet”, “Ain’t No Easy Way”).

Bien sûr, les morceaux pêchus qui ont fait la réputation du groupe n’ont pas été oubliés (surtout “Stop” et un fougueux “Six Barrel Shotgun”). “A Fine Way To Loose”, nouveau titre anormalement calme (ou une nouvelle direction?) a précédé un magnifique “Howl” avant de repartir de plus belle avec “American X” et son interminable break instrumental qui a permis aux musiciens de se défouler. En final, le désormais classique “Whatever Happened To My Rock ‘n’ Roll (Punk Song)” qui continue d’en souffler plus d’un.

Durant les rappels, on n’a pas non plus été en reste avec entre autre “Spread Your Love”, mais aussi deux autres extraits du dernier album, “Took Out A Loan” et surtout un magistral “All You Do Is Talk”. Un concert de plus de deux heures, un chouia plus calme que d’habitude qui a démontré que ces rebelles aux vestes en cuir noir pouvaient aussi éprouver des sentiments et dégager de l’émotion (toutes proportions restant gardées).

Et la nouvelle batteuse, là dedans? Elle s’en est assez bien sortie, merci pour elle. Peut-être un peu trop boîte à rythme mais à sa décharge, il s’agissait de son premier concert dans le groupe, ce qui peut être assez tétanisant…

S’il fallait résumer la prestation de ce soir en quelques mots, je choisirais excellents (comme à chaque fois, du reste), accessibles et (surtout) généreux. Avec la longueur de leur set, d’abord (deux heures de concert, ce n’est pas courant de nos jours) mais aussi et surtout pour une after à laquelle personne n’était préparé. Déjà à la sortie de la salle, les deux hommes sont apparus guitare à la main, le regard malicieux et résolus à ne pas laisser la soirée s’arrêter de la sorte… Pendant que Peter Hayes discutait avec ses fans (tout en n’oubliant pas de dévaliser l’AB en canettes de bière), Robert Leon Been a improvisé un set acoustique d’une bonne trentaine de minutes sur le trottoir du boulevard Anspach, devant un parterre de spectateurs ravis. Entre des titres de Black Rebel (pas nécessairement chantés pendant la soirée), une cover des Stone Roses (suite à une requête spéciale), une autre des Beatles et une improvisation avec un mec bourré qui passait par là. La toute grande classe… Surtout qu’apparemment, un peu plus tard, c’est Peter Hayes qui a pris le relais pour un autre set impromptu, cette fois-ci dans une station de métro. Lorsqu’ils ont envie de jouer, rien n’arrête ces rebelles au grand cœur…

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