Interview exclusive : Rencontre avec QUEENSRYCHE, dessert
Lors de leur récent passage à l’Ancienne Belgique, les Américains de Queensrÿche ont accepté de répondre à quelques unes de nos questions. Nous vous avons proposé la première partie ce lundi et la seconde ce mardi. Voici maintenant la troisième et dernière. MiB – Et toi Michael, quel est ton album préféré de Queensrÿche.
Michael Wilton – Je suis en plein dans le nouvel album, qui est prévu pour le printemps prochain. J’ai tant écrit, et fait tant de tournées, qu’il est difficile de tout se rappeler parfaitement. Sinon, parmi les classiques, probablement “Mindcrime”. C’était le dernier album qu’on a fait avant l’ère des ordinateurs, de Pro-Trools. C’est aussi le dernier album qu’on a écrit vraiment tous ensemble dans la même pièce pour ainsi dire. Maintenant tout le monde travaille avec l’informatique.
Eddie Jackson – Le prochain album est presque entièrement enregistré chez moi, dans ma maison. On est plus proches de nos familles de cette manière aussi. C’est plus facile de travailler comme ça. On doit trouver un juste milieu entre nos vies privées et professionnelles. Je suis d’ailleurs assez curieux de voir comment les choses vont évoluer d’ici cinq ans. Beaucoup de gros studios sont en train de fermer. Une autre évolution notable est que maintenant on doit beaucoup tourner pour gagner notre vie. Avant on la gagnait en vendant des disques. Mais la réponse qu’on a de la part du public est incroyable. C’est génial de pouvoir continuer à tourner partout dans le monde, Amérique Latine, Japon, Europe…
MiB – Pour en revenir au son de “Operation Mindcrime II”, on parle souvent des différences de son dans les productions américaines, ou le mixage est en quelque sorte un ensemble, et les productions européennes, scandinaves, où chaque instrument s’entend plus distinctement, où le son général est moins axé sur des mediums d’ensemble. Dans “OM II” il y a un peu des deux, je trouve, un aspect sec, mais précis à la fois…
Eddie jackson – …Un son scand-américain tu veux dire ? (rires)
MiB – Vous venez aussi de sortir un album de reprises qui s’appelle “Take Cover”. Est-ce en quelque sorte une transition pour vraiment fermer toute une époque “Mindcrime” et passer ensuite à autre chose ?
Queensrÿche – C’est un truc proposé par notre maison de disques. On était au Japon et quand on a décidé des chansons à enregistrer, on a eu trois semaines pour tout enregistrer, avoir Geoff au chant etc. C’est probablement l’album qu’on a enregistré le plus rapidement. Ce n’était pas un album difficile, mais plutôt une question de timing, savoir quelles chansons enregistrer, on avait vraiment peu de temps, mais c’était fun.
MiB – Peut-être une alternative à un “Greatest Hits” ?
Queensrÿche – En fait y’en a un qui est sorti six mois avant. Notre ancienne maison de disques possède toujours les droits sur plein de titres, donc chaque fois qu’on prépare un nouvel album, ils essaient de sortir quelque chose aussi, on ne peut malheureusement rien y faire. Ca doit faire notre troisième “Greatest Hits” sur EMI je crois.
MiB – Vos influences musicales ?
Eddie jackson – En ce qui me concerne, je considère que les années ’70 ont marqué la renaissance du rock, j’ai été indéniablement marqué par Journey, Yes, Bad Company, Led Zeppelin, Black Sabbath, Grand Funk Railroad, Alice Cooper en tant que groupe, surtout les groupes en général, la mixité des influences.
Michael Wilton – Moi je suis peut-être un peu plus “progressif” si l’on peut dire, Rush, Yes, Jimi Hendrix, puis l’invasion britannique avec Iron Maiden, Judas Priest, Rainbow. Ensuite, avant de rejoindre le groupe, j’ai étudié dans une école de musique où j’ai appris du jazz, de la musique tibétaine également, rencontré beaucoup de grands musiciens de jazz. J’ai aussi eu un professeur de guitare classique qui venait d’Espagne.
MiB – Eddie, tu as depuis des années un très gros son à la basse, qui à une époque n’était pas si courant, comment as-tu travaillé ça ?
Eddie jackson – On m’a déjà demandé comment je faisais pour avoir ce son de “gros camion”, en fait j’ai expérimenté plusieurs trucs, travaillé avec un bon ingénieur aussi. On m’a demandé si c’était des synthés etc, mais non, c’était à la fois le matériel mais aussi la touche personnelle. Chaque musicien a un toucher différent, tu mets deux guitaristes ensemble avec le même matériel et ils sonneront différemment.
MiB – Les thèmes abordés dans “Operation Mindcrime” sont des thèmes qui touchent tout le monde. Mais ils sont abordés avec une profondeur rare. Des chansons comme “I Don’t believe in love” sont très touchantes au niveau personnel. Il n’est parfois pas évident d’écrire de la sorte à moins d’être soi-même touché par ce genre de situation. Et c’est valable pour les textes de tout l’album en général.
Queensrÿche – On apprend beaucoup en lisant aussi. C’est un des points forts de Geoff, il a été capable de communiquer, de faire passer beaucoup de choses. On a aussi écrit dans une période de transition, les choses n’étaient pas trop faciles, y’avait la drogue juste avant, pour Geoff notamment, et ça nous affectait. Il en prenait tellement (rires parce que Geoff Tate nous rejoint, et je lui réitère la question)…
Geoff Tate – Quand j’écris, j’essaie d’aborder d’une part des expériences personnelles mais aussi de personnes que je connais. L’histoire de “Operation Mindcrime” a été écrite à une période assez tumultueuse. J’habitais à Montréal, et “Dr X” m’a été inspiré par les activistes du mouvement de libération du Québec par exemple. C’étaient des criminels impliqués dans l’extorsion, dans des attentats à la voiture piégée… Les connaître, écouter leur philosophie de vie, a été une inspiration pour une partie de l’histoire.
MiB – Dernière question, as-tu l’intention de sortir un nouvel album solo ?
Geoff Tate – Oui, c’est en cours. En fait il est prévu pour l’année prochaine.
L’entretien se termine de manière plus informelle. Je tiens à remercier Queensrÿche et leur équipe pour leur amabilité et leur gentillesse. Merci également à Ine et Sandra de Warner Music.