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ROCK WERCHTER (jour 3) avec e.a. Radiohead, Sigur Rós, Kings Of Leon et Editors

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Troisième partie de Rock Werchter 2008 avec la plus belle journée (en tout cas musicalement) qui s’annonçait ce samedi. Une journée composée de dilemmes car les programmations des deux scènes se valaient d’un point de vue qualitatif.

Cela dit, le premier choix auquel on a été confrontés aura été de choisir ses vêtements pour la journée. Faire confiance au beau soleil qui nous a réveillés le matin ou alors aux prévisions météo nettement plus pessimistes… D’un point de vue musical, c’était d’un côté le rock féministe de The Gossip et de l’autre l’électro revival disco de MGMT dont l’album Oracular Spectacular est assez intéressant.

Vu que MGMT sera de retour au Pukkelpop et que The Gossip avait annulé en dernière minute à Dour en 2006, c’est finalement vers le groupe de l’imposante Beth Ditto que notre choix s’est porté. Physiquement pas gâtée (quand je pense qu’elle a posé nue pour le NME, beurk…), elle compense par contre avec une énergie, une voix et une vista peu communes. Vêtue d’une robe noire parsemée de rectangles discrets de couleurs vives qu’elle aurait pu découper dans ses tentures, elle a d’emblée imposé son territoire, bien aidé par la basse incroyable de Brace Paine (et de son t-shirt de PiL).

Le premier morceau, “Listen Up!”, agrémenté de quelques mesures du “Psycho Killer” de Talking Heads va entamer les débats de bien belle manière. Son contact avec le public sera immédiat, sincère et réciproque. Elle n’hésitera d’ailleurs pas à prendre des bains de foule, après avoir enlevé ses chaussures. Elle ira notamment souffler dans la trompette d’un fan, après avoir feinté quelques vents le plus naturellement du monde (“Mine are louder than yours…” cela veut tout dire). Le plus amusant, c’est qu’elle n’arrive pas à se taire entre les morceaux et n’hésite pas à entonner des chansons acapella (apparemment, elle adore le “Crazy” de Gnarls Barkley car elle l’a entamée par deux fois). Autres moments forts, l’excellent “Jealousy” et l’imparable hymne “Standing In The Way Of Control”, chanté en grande partie depuis la foule. Une bonne petite mise en jambes.

Le deuxième dilemme interviendra rapidement puisque c’était entre The Hives et Band Of Horses qu’il fallait choisir la prochaine destination. C’est finalement les seconds que l’on a choisis d’aller découvrir, puisque le quintette suédois vient nous rendre visite assez régulièrement. A postériori, nous avons regretté notre décision. La remarque sera la même que pour The National jeudi. La Pyramid Marquee est plus appropriée que la Main Stage, c’est une évidence, mais c’est encore dans l’intimité d’une vraie petite salle que l’émotion dégagée par leurs compositions devrait vraiment prendre son sens. Le magnifique morceau d’ouverture passé (“Is There A Ghost”), on est retombé dans un moule un peu trop mélancolique à ce moment de la journée. Et ce, même si entre-temps, le ciel s’est assombri et la pluie s’est invitée. Un peu plus longue mais un peu moins intense que lors de la première journée. A notre grand désespoir, les météorologistes avaient donc raison…

On est donc partis à la recherche d’un couvre-chef tout en écoutant de loin la prestation de The Hives. Pareils à eux-mêmes, les rockeurs scandinaves ont mis le feu et répandu la bonne humeur, grâce à leur chanteur Pelle Almqvist (autre sosie de Jim Carrey, avec toutefois plus d’humour que Mika), à l’égo surdimensionné mais au moins, avec lui, on sait que c’est pour rire. On a donc eu droit à la fin de leur set… “Two-Timing Touch And Broken Bones”, “Tick Tick Boom”, “Bigger Hole To Fill”, “Hate To Say I Told You So” et “Return The Favour”. Tout ça en moins de quinze minutes. Vous parlez de compositions franches et directes?

Le groupe suivant à envahir la grande scène sera Editors, avec un événement à la clé… Il s’agissait du 1000ème concert depuis la création du festival en 1975. Editors, donc, qui ne se lassent pas de tourner leur deuxième album (An End Has A Start). C’était leur quatrième passage dans nos contrées en moins d’un an, après le Pukkelpop en août, les Halles de Schaerbeek en octobre et l’AB en mars. La cinquième est prévue pour le mois d’août prochain avec une nouvelle visite au Pukkelpop. C’est avec leur nouveau single, “Bones”, qu’ils ont débuté une prestation qui allait s’avérer être une des meilleures du festival.

Ce groupe se bonifie au fil des concerts et Tom Smith, le chanteur, devient tout doucement une bête de scène. Qu’il soit à la guitare ou au piano, il porte le groupe sur ses épaules et sa voix caverneuse rend d’une manière magnifique les idées sombres auxquelles il fait allusion dans les paroles. Aux côtés des titres de leurs deux albums (dont “Escape The Nest”, “All Sparks”, “Weight Of The World”), un nouveau morceau (“No Sound But The Wind”). En final, leur désormais morceau de bravoure “Smokers Outside The Hospital Doors”, qui a clôturé leur set dans une ambiance de feu. On en a presque oublié la pluie…

Le troisième dilemme de la journée devait départager le country rock sudiste des Kings Of Leon et la pop fraîche et simple de Kate Nash. En choisissant les premiers, on a fait le bon choix! A priori, Kate la rousse n’était pas dans un bon jour, tandis que les quatre ex-barbus, eux, ont assuré. Ils étaient de retour sur la même scène après leur prestation de l’an dernier, le jour même où Eddie Vedder les avait rejoints lors du rappel. Cette année, pas de chanteur de Pearl Jam dans les environs, mais par contre, un quatrième album qui arrive en septembre (“Only By The Night”) et donc la perspective de découvrir de nouveaux morceaux… En plus, ils sont auréolés d’avoir assuré le rôle de tête d’affiche d’une des trois soirées du festival Glastonbury…

Comme promis, j’arrive à en reparler, de ce fameux festival, considéré par beaucoup comme le meilleur festival anglais, ou en tout cas le plus célèbre. A partir du moment où Rock Werchter se permet le luxe de placer assez bas sur l’affiche les trois têtes d’affiche de Glastonbury (Kings Of Leon, Jay-Z et The Verve), je commence à mieux comprendre pourquoi l’award du Meilleur Festival du Monde leur a été décerné trois fois en cinq ans. Et tout ça pour un prix nettement moindre (il faut compter environ 250 EUR pour un Pass 3 jours dans le Somerset).

Tout ceci nous éloigne des frères Followill et de leur cousin dont le rock orienté 70’s des débuts a fait la place à un rock beaucoup plus actuel et efficace sur l’album “Because Of The Times”, sorti l’année dernière. C’est d’ailleurs celui qui a été le plus représenté en cette fin d’après-midi et dont les extraits ont eu le plus de return (“On Call”, “My Party” et surtout le morceau d’anthologie qu’est “Knocked Up”). Peu de nouveaux titres à se mettre sous la dent (à part “Crawl”, le morceau d’intro) mais un concert qui confirme que le groupe est de plus en plus à l’aise sur scène. De bon augure pour la suite…).

En tout cas pour la suite de leur carrière, car la suite de notre journée de festival allait dans un premier temps se confondre avec un relatif ennui. En effet, entre le soporifique Ben Harper & The Innocent Criminals sur la Main Stage et la trop commerciale KT Tunstall sous la Pyramid Marquee, le choix était assez compliqué. Au son de quel groupe allions-nous somnoler? C’est finalement l’ami Ben qui nous a bercés pour notre sieste de début de soirée. Attention, je ne dis pas que Ben Harper est un manchot, loin de là. Mais il a une fâcheuse tendance à me laisser indifférent, surtout lorsqu’il empoigne sa slide guitar et qu’il allonge exagérément ses morceaux (un peu à l’image de Lenny Kravitz), qui perdent dès lors de l’intérêt au fur et à mesure que les secondes s’égrènent. D’un autre côté, heureusement qu’on a des moments plus faibles dans un festival, afin de respirer et aussi de se restaurer…

Après Ben Harper, place aux islandais de Sigur Rós, un groupe aussi calme que lui, mais à la différence près que la musique planante qu’ils jouent est d’une beauté rare et qu’une palette d’émotions se dégage non seulement des instruments mais surtout de la voix haut perchée venue d’ailleurs du chanteur au nom imprononçable (on pense parfois à Maximilian Hecker). Imprononçable, tout autant qu’imaginaire, puisqu’il chante dans une langue qui n’existe pas des chansons qui ne portent parfois même pas de titres. Tout est réuni pour désarçonner l’auditeur mais le vrai amateur de musique s’y retrouve dans ce labyrinthe de sons complexes.

Visuellement, il porte une sorte de camisole de force avec des manches et à côté de son visage dépassent des plumes d’un rapace, ce qui rend le personnage encore plus mythique. Il est également armé d’un archet qui lui permet de faire sortir des sons plus stridents de sa guitare. Un quatuor à cordes rajoute un peu plus de lyrisme et de théâtralité (le batteur avec son chapeau d’indien n’est pas mal dans le genre non plus…). Paradoxalement, et contre toute attente, ils ont donné un des tous bons concerts du festival, alors que les éléments étaient à priori réunis contre eux (un public rock, une grande scène pas très intime). Et rien que pour ça, ils méritent un grand coup de chapeau. A ne rater sous aucun prétexte le mois prochain au Pukkelpop.

Tout ceci nous amène à la tête d’affiche du jour. Radiohead, qui était de retour à Werchter après une prestation mémorable en 2003 (l’année où le festival est passé à quatre jours, avec aussi Björk et Underworld à l’affiche). Une prestation tellement magique que j’en avais fait mon concert de l’année. C’est dire si je m’attendais à quelque chose de grand de la part du groupe emmené par Thom Yorke. Et bien, comme avec R.E.M. jeudi, j’ai dû revoir mon jugement à la baisse. En cause? Une absence totale d’émotion et une froideur peu caractéristique du groupe d’Oxford. Cela avait pourtant bien commencé avec “Weird Fishes / Arpeggi” et surtout le troublant “Lucky” très tôt dans le set. Mais les frissons ne sont jamais venus… Déjà les trop longs moments de silence entre les morceaux ne favorisent pas vraiment une attention soutenue de la part des spectateurs. Et puis, il fallait bien maîtriser leur dernier album, “In Rainbows” afin d’apprécier un tant soit peu leur prestation, basée exclusivement autour de celui-ci (“15 Step”, “Bodysnatchers” ou encore “Reckoner”).

Pour rappel, ils ont sorti ce fameux album via leur site internet en proposant au public de payer le prix qu’ils désiraient. Un pied de nez en direction d’une industrie du disque en pleine crise qui n’arrive pas à évoluer suffisamment vite, mais une action uniquement possible sans contrat avec une maison de disques. Et justement, leur ancien label, EMI, vient de sortir une compilation, “The Best Of Radiohead”, sortie contre le gré du groupe. Etait-ce pour ne pas promotionner cette sortie qu’ils ont volontairement adopté une attitude anti-commerciale (dans le sens “tubes” du terme). En effet, très peu de singles ont été joués, qui auraient sans doute boosté leur performance. A part “There There”, “Just”, “Paranoid Android” et “2+2=5”, le reste a été puisé dans les albums du groupe. Un concert plutôt destiné aux fans, donc, mais avec quand même un sentiment de trop peu dans la bouche.

Sauvons toutefois les visuels, d’une part captés et diffusés en temps réels sur les écrans géants à l’aide de plusieurs caméras dont une perchée sur le toit de la scène. Et d’autre part les énormes lampes LED qui prenaient des couleurs parfois psychédéliques. Ce point de vue là était assez impressionnant. Parmi les titres joués on retiendra surtout, et c’est assez surprenant, ceux extraits de “Kid A”, aux bidouillages électroniques renforcés: “The National Anthem” et “Idiotheque” pendant le set et puis “Everything In Its Right Place” pour clôturer le dernier concert de la journée. Une journée somme toute positive terminée dans le calme contrairement aux deux précédentes.


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