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MY OWN PRIVATE ALASKA, un coup d’oeil à leur premier EP

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Découvert par hasard en rentant des Nuits Botanique, l’univers musical de My Own Private Alaska m’a de prime abord interrogé, puis au fil des 8 minutes de « Would You Die For Me (If I Say Please) », l’intensité tant de la voix que son association avec le piano ont fini par me séduire au point de me procurer vite fait cet EP que je vous présente ici. My own Private Alaska, donc, trio originaire de Toulouse, se revendiquant du mouvement screamo, mais associant un chanteur qui semble hurler jusqu’à la mort, un piano venu tout droit de la musique classique et une batterie qui joue le registre métal. Citant parmi ses influences Chopin, Helmet et Will Heaven, ce groupe produit ici 5 titres et un instrumental d’une rare intensité. Il va sans dire que jamais, le mouvement screamo n’avait compté un groupe d’une telle puissance mélodique, inventant un nouvel univers au départ de bases qu’à priori tout semble opposer. Les trois membres se complètent à merveille, aucun d’entre eux ne prend le leadership, mais chacun apporte sa contribution à un disque qui ressemble à une longue descente au fond des eaux les plus glaciales.

Epinglons encore le fait que T, Y et M ne se contentent pas de jouer leurs morceaux : ces trois musiciens assis (même M est assis pour chanter sur scène) vivent leur musique. La fin d’un show de M.O.P.A. semble pour ses membres être une véritable délivrance après 3/4h de souffrance.

Des textes d’une grande profondeur, toujours noirs, bien entendu, où les sentiments côtoient la mort de près et de mélodies d’une grande légèreté sont à la base des titres présents sur cet EP.

Le morceau d’ouverture, « Would You Die For Me (If I Say Please) » permet d’entrer de plein fouet dans l’univers de My Own Private Alaska : une introduction longue d’une minute, au piano seul, rappelle que Chopin fait partie des influences reconnues du groupe. Une lente montée en intensité se voit brusquement compétée de rythmes de batterie frénétique avant que la voix de M. ne vienne s’ajouter à l’ensemble. Et quelle voix ! M. passe avec une facilité déconcertante d’un registre lourd à la limite du death metal à des notes d’une hauteur hallucinante, sans abandonner le registre screamo, bien entendu. Le texte pose également de suite les bases de l’univers qui nous accompagnera tout au long de l’écoute de cet album. Les variations de rythme, difficilement perceptibles, mais bien présentes tout au long des 8 minutes que dure ce morceau se concluent sur une apothéose qui lorsque le morceau se termine, laisse à penser que plus jamais M. ne pourra chanter tant ses cris semblent être les derniers que l’on puisse pousser.

L’EP continue cependant sur « Page Of A Dictionnary » dont le thème central est leur ras-le-bol devant ces groupes de métal ou de hard-core utilisant des mots dont ils ne connaissent même pas la signification profonde. Ces mots expriment des sentiments belliqueux et une haine féroce, mais sont utilisés par des imposteurs qui, loin des ghettos ou des bidonvilles, ont eu une jeunesse dorée. “So wipe your asshole with a page of a dictionary.”
La construction du morceau suit le même schéma que le premier titre, mais le piano et la batterie se font plus lourds, moins immédiats. La fin du morceau est cependant de la même veine que le précédent, laissant l’impression que M. hurle jusqu’à y laisser la voix.

« Ego Zero » semble à la première écoute moins bien fonctionner que ses deux prédécesseurs en raison d’un piano à la limite trop mélodique. Quelques écoutes suffisent cependant à se rendre compte que cette apparente légèreté instrumentale ne fait qu’accentuer le contraste présent entre d’une part la voix et la batterie, et la mélodie d’autre part. Une écoute plus attentive confirme la noirceur des propos de ce morceau axé autour de la haine de soi et de la crainte de blesser les sentiments de ceux qui tentent de nous approcher. Le morceau se termine d’ailleurs sur des notes bien moins mélodiques que celles sur lesquelles il a commencé, il existe une réelle cohérence dans le travail de M.O.P.A.

« Kill Me Twice » démarre sur un solo de voix de M. rejoint ensuite par le piano tout en douceur et légèreté de T. Ce n’est qu’après une minute que Y. se fait entendre, dans un mixage assez malheureux. Bien qu’enregistré en studio, cet EP est un premier essai, gageons que ce n’est qu’une erreur de jeunesse.

« I Am An Island » nous éclaire enfin sur l’univers de ces 3 musiciens : le sentiment de ne pas faire partie de ce monde, dans lequel ils ne se reconnaissent pas. Le piano se fait d’ailleurs plus hypnotique que sur les autres morceaux, à la limite de l’hystérie. Le rythme général du morceau est d’ailleurs plus haché, plus saccadé, le rendant encore plus intéressant que ses prédécesseurs.

L’album se clôt sur « First steps », solo de piano long de 8 minutes également. Si le titre semble indiquer que les bases de la musique de M.O.P.A. ont été posées lors de la composition de ce morceau (des lignes mélodiques rappellent d’ailleurs des passages de « Kill Me Twice »), il termine en réalité parfaitement l’écoute de l’album, prolongeant le sentiment d’avoir atteint les terres les plus reculées et les plus froides vers lesquelles M.O.P.A. voulait nous attirer.

Actuellement à Los Angeles, M.O.P.A. est en plein enregistrement de son premier album, avec la collaboration de Ross Robinson et reviendra en Europe en septembre pour une tournée en première partie de Will Haven. Cette tournée passera par l’Atelier Rock de Huy le 12 septembre.

Tant qu’il en est encore temps, procurez-vous cet EP, disponible pour la somme de 5€ sur la page myspace du groupe. Visitez aussi le site officiel du groupe pour les dernières news et les dates des concerts.

One thought on “MY OWN PRIVATE ALASKA, un coup d’oeil à leur premier EP

  • Par curiosité, j’ai laissé traîner mes oreilles sur leur myspace et franchement c’est étonnant. D’habitude, les vociférations de ce style ont une fâcheuse tendance à dresser les voiles de mes pavillons auditifs pour un changement de cap mais M.O.P.A. trouve son originalité dans l’équilibre soigné, innovant et accrocheur
    Effectivement, très belle découverte !

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