DOUR FESTIVAL 2008 (jour 3) avec e.a. IAMX, Punish Yourself & Quit Your Dayjob
Troisième partie de notre périple annuel au Dour Festival avec une journée qui s’annonçait, sur le papier, plus calme que les autres. Cela n’a pourtant pas été le cas dans la réalité…
Cette fois-ci, c’est avec un groupe liégeois qu’on a entamé notre journée… UFO Goes UFA ouvrait en effet La Petite Maison Dans La Prairie, mais devant un public absent, vu que les barrières n’étaient pas encore ouvertes (un oubli…). Nous sommes arrivés au son de “Hong Kong Slasher”, un extrait de leur premier album, “
Pop Garage Symphony No.9“. Visuellement, ils valent le déplacement… Le chanteur, Brian Droid, porte des lunettes de plongée à la John Lennon tandis que Sophie Galet, la batteuse, est déguisée en une sorte de léopard. Elle est assise sur la grosse caisse et tape dessus en même temps que sur un tambour qui se trouve devant elle. Une batterie style majorette, donc (elle utilise aussi de temps en temps un tambourin). Elle s’occupe également des chœurs tandis que Benjamin Schoos (Miam Monster Miam) se donne à cœur joie avec une guitare saturée… On pense à du rock expérimental à la Velvet Underground, et à ce propos, la voix de Brian oscille parfois entre Lou Reed et Jim Morrison (du temps où il déclamait des poèmes). Cette constatation s’est surtout fait ressentir lors du morceau qui a clôturé leur set, l’allongé “1966”… Plus de détails sur UFO Goes UFA dans quelques jours grâce à l’interview qu’ils nous ont accordée.
On allait ensuite faire une chouette petite découverte en la personne de Syd Matters, un groupe français qui en est déjà à son troisième album (“
Ghost Days“). Leur marque de fabrique se compose de mélodies calmes et planantes (surtout au début des titres) avant d’explorer des horizons bien plus nerveux dans la deuxième partie). Une voix assurée maintient l’équilibre de l’ensemble de bien belle manière. Ils seront de retour au Botanique le 5 novembre prochain. A ne louper sous aucun prétexte…
Après l’interview des UFO, on est retournés dans La Petite Maison Dans La Prairie pour le set de F.L.A.M.E. (Flexa Lyndo Altered Magic Ensemble) qui, comme son nom l’indique, est un projet des membres de Flexa Lyndo. Un projet ambitieux, puisqu’il regroupe sur scène une bonne vingtaine de personnes (dont une chorale) et des cuivres. Un genre de Scala, si l’on veut. Il est toutefois difficile de tenir longtemps lors d’un concert de ce type-là, donc après les covers de PJ Harvey (“Rid Of Me”) et de Sonic Youth (“Dirty Boots”), on est allés ramasser une grosse claque dans le Dance Hall…
En effet, l’attraction de l’après-midi (du festival?) se nommait Quit Your Dayjob, un groupe qui avait assuré la première partie de The Hives à l’AB en décembre dernier. J’avais déjà bien rigolé à l’époque, mais ici, j’ai failli pleurer de rire avec ce trio suédois plus clown que rockeur (encore que…). Entre le batteur (Drumass) au t-shirt déchiré rafistolé avec du tape, le chanteur (Jonass) qui est à deux doigts d’avaler son micro et le claviériste chauve avec sa tête de saisi (Marcass), on n’arrive pas à déterminer lequel est le plus déjanté de tous. Mais après quelques minutes, on se rend compte que c’est ce dernier à qui il manque réellement un boulon… Il a passé la moitié du set en boxer, en imitant une séance de fitness ou en prenant des poses équivoques (mais toujours en jouant de son instrument d’une main). Une de ses chaussettes a atterri dans le public après avoir passé quelques minutes au fond de son boxer, avant de terminer en “jouant” de son synthé avec ses attributs… Et la musique me direz-vous? Un beat hyper rapide sur des nappes électro efficaces et des hurlements dosés à la Iggy Pop période Stooges, le tout couplé à des guitares agressives. Ce n’est pas de la pop, mais cela reste contre toute attente accessible. Evitons cependant de parler des textes, cela ne sert à rien (j’adore toutefois “Look! A Dollar”). Un mini rappel sera improvisé, au terme duquel ils ont fait monter un rasta sur scène (au moins aussi frappé qu’eux) qui a commencé par allumer une cigarette au claviériste avant de trouer son t-shirt avec et de terminer seul sur scène, gesticulant comme un fou dans un nuage de fumée, et ses fesses à l’air en guise d’au revoir… Peut-être pas révolutionnaire, mais une belle tranche de fou rire, c’est indéniable…
Le concert intéressant suivant se déroulait au même endroit, avec I Am X, qui était de retour à Dour après sa dernière prestation en 2006 dans un chapiteau bondé et surchauffé. A l’époque, l’album “The Alternative” venait à peine de sortir mais cela ne l’avait pas empêché de mettre le feu. Deux ans ont passé et le set du groupe de Chris Corner est bien évidemment au point. Un peu trop peut-être… Cela avait hyper bien commencé avec “Skin Vision” à l’intro longue et vitaminée pendant laquelle le groupe est apparu sur scène, en forme comme jamais et visuellement sur son 31 (à leur manière…). Chris Corner porte un uniforme et un képi couplé à un masque tenant plus du théâtre que de Zorro. La claviériste est hyper (et bizarrement) maquillée, avec des teintes jaunes qui allaient bien avec la couleur de son synthé, le batteur porte une sorte de collier en cuir (jaune lui aussi) et le bassiste est arrivé avec des bas résilles troués… C’est majoritairement dans le deuxième album que le groupe a puisé son matériel ce soir, avec de très bons moments (“The Negative Sex”, “Spit It Out”) et d’autres plus dispensables (“Bring Me Back A Dog”, “Lulled By Numbers”). En gros, on peut dire que le milieu du set se révèlera être un peu mou, ou plutôt, un peu moins captivant. Par contre, le final a rattrapé tout, avec “Nightlife” pendant lequel la claviériste a terminé affalée sur un baffle et l’excellent “Kiss + Swallow”, chanté en partie avec un drapeau breton qui est arrivé sur la scène… Un rappel de deux titres (“President” et “After Every Party I Die”) clôturera une prestation honnête à laquelle il aura quand même manqué l’un ou l’autre nouveau titre…
Juste après, dans La Petite Maison Dans La Prairie, se produisait Tim Vanhamel, l’abonné des festivals de cet été (Werchter et Les Ardentes avant les Lokerse Feesten et le Pukkelpop). Il a joué sensiblement le même set que la semaine dernière à Liège, se baladant parmi les plages de son album solo “
Welcome To The Blue House“. A la différence près qu’il a, l’espace d’un morceau, ôté ses lunettes de soleil… On va dire qu’à force de le voir, on finit par se lasser, surtout que son capital sympathie (inversement proportionnel à son talent) s’estompe au fil de ses prestations… Je sauve toutefois du tas son excellent “Until I Find You”. Rien de neuf sous le soleil, donc, si ce n’est qu’il était bien chargé en fin de soirée lorsque nous l’avons croisé…
On aurait dû ne pas faire le déplacement et rester dans le Dance Hall, car Cazals se produisait devant un public maigrichon. Ces anglais viennent de sortir un premier album, “What Of Our Future”, et ne devraient pas tarder à devenir (re)connus. On n’a vu que deux titres, mais on a été soufflés par tant de maîtrise (surtout dans la voix du chanteur qui rappelle Nick Cave par moments). On a loupé le coche, c’est clair, mais on ne nous y reprendra pas…
La suite s’annonçait haute en couleurs avec Punish Yourself, à Dour pour la troisième année d’affilée, mais, cette fois-ci, avec une prestation spécialement estampillée “20ème anniversaire du festival de Dour” sous le bras, baptisée The Incredible Punish Yourself Pictures Show. Et c’est vrai qu’ils avaient mis les petits plats dans les grands, avec un crew de 19 personnes qui, pour la petite histoire, logeaient dans le camping des bénévoles. Pour ceux qui ne connaissent pas Punish Yourself, il faut s’imaginer des musiciens barbouillés de peinture fluo avec une attention toute particulière au visage qui les font ressembler à des Hulk venus d’outre-tombe (même l’ingénieur du son est déguisé…). Ce petit monde se déchaîne sur un rythme infernal qui allie électro et guitares aiguisées, le tout faisant autant penser à Nine Inch Nails ou à Marilyn Manson qu’à Front 242. Au programme de ce show spécial, des danseurs (eux aussi dans le moule coloré du groupe), qui se sont transformés au fur et à mesure du set en acrobates, en magiciens, en manieur de feu ou en scieur de métal (enfin, pas vraiment, mais les étincelles étaient troublantes de fidélité). Pendant le set, des illustrateurs (ceux de Bérurier Noir) se sont donnés à cœur joie sur les panneaux blancs derrière lesquels les danseurs ont commencé leur spectacle, avec un effet d’ombre très réussi. Après une bonne heure de son lourd dans les oreilles, Il n’y aura pas de rappel, juste les illustrations terminées qui seront exposées au public. Un véritable pictures show pas loin de ressembler à un cirque…
Après cette mascarade, il nous restait à retrouver Wovenhand sur la Red Frequency. David Eugene Edwards, l’ex-leader de 16 Horsepower, m’avait enchanté l’année dernière au Pukkelpop et je me réjouissais de remettre le couvert, malgré mes appréhensions quant au fait de le voir se produire en plein air.
Mais il n’y a pas eu de souci, ce bonhomme est une vraie bête de scène qui a l’art de faire passer ses émotions avec sa voix magique et sa guitare qui l’est tout autant. On dirait pourtant un vieux monsieur au visage rappelant par moment Raoni, l’indien défendu par Sting dans les années 80 (avec une bouche moins impressionnante je vous rassure…). J’ai pensé à cette comparaison car il ne se gêne pas pour entonner des chants sioux au début de ses chansons. Mais je tire mon chapeau à ce groupe qui a réussi à clôturer notre journée de bien belle manière. Une troisième journée de grande qualité, malgré nos réserves du début de journée…
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Photos © 2008 Olivier Bourgi