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Le nouvel état d’esprit de Jeronimo

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2008 s’annonce comme l’année du grand retour de Jeronimo, avec un nouvel album qui arrivera dans les bacs fin du mois de septembre. Nous avons profité de son passage au festival de Dour pour poser quelques questions à Jérôme Mardaga, son leader naturel.

Olivier Wouters: Salut Jérôme! Ca fait quoi de revenir sous les feux de l’actualité?

Jérôme Mardaga: En fait, je ne l’ai pas vraiment quittée, en tout cas en tant que guitariste puisque j’ai tourné toute l’année dernière avec Mark Gardener et j’ai également donné un coup de main à mon ami Saint-André (avec qui il avait justement joué sur la Red Frequency Stage quelques heures plus tôt). Il lui manquait un guitariste pour la scène et comme j’étais libre, j’ai accepté, même si son style musical est assez différent du mien. Après tout, je m’en fous, je n’occupe pas le devant de la scène, je gratte juste les cordes de mon instrument.

OW: Que retiens-tu de ces expériences?

JM: D’abord, j’ai pris mon pied puisque je suis quand même guitariste à la base. Et puis, c’était un honneur de faire partie du band d’une légende (Mark Gardener a fait partie de Ride, groupe noisy culte du début des années 90). Il m’a vraiment apporté beaucoup.

OW: Ah oui?

JM: Oui, Mark, c’est vraiment un sage. Il a plein d’expérience et il a l’art de ne pas se prendre la tête. Il m’a appris à relativiser les choses, à les prendre d’une manière plus détachée. Rester cool et simple, quoi. J’étais encore chez lui à Oxford il y a une dizaine de jours et quand on va au pub, on voit Andy Bell (bassiste d’Oasis, ex-membre de Ride) ou Jonny Greenwood (guitariste de Radiohead), des stars qui ne se prennent pas du tout la tête. A méditer…

OW: Revenons à ton projet principal. Qu’est-ce qui a changé depuis le dernier album (“12h33”) en 2005?

JM: Plein de choses… Et pas seulement des réjouissantes puisque même le sort s’en s’est mêlé. Mon ami et ingénieur du son, Fools, s’est tué en voiture en revenant d’un concert en octobre 2006. C’était un peu la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En effet, on arrivait au bout de la tournée de l’album et il commençait à y avoir des tensions au sein du groupe. Ce coup du sort a sans doute décanté les choses. On a donné notre dernier concert belge le 3 février 2007 pour le festival organisé à la mémoire de Fools. On a assuré les quelques dernières dates à l’étranger avant de tourner la page. Il y a juste le batteur qui est resté… Puis est arrivé le break avec Mark Gardener qui m’a aussi aidé à me changer les idées…

OW: Dans l’intervalle, tu as continué à composer?

JM: Oui, bien sûr, mais sans savoir vers où j’allais vraiment. En plus, je n’avais aucune pression de la part de la maison de disques, ce que je considère comme une grande chance! J’avais une totale liberté d’enregistrement, sans avoir nécessairement l’obligation d’écrire un “tube” ou en tout cas un morceau ou l’autre susceptible de passer à la radio. Et ça, c’était une nouveauté pour moi.


OW: Comment s’est passé l’enregistrement de ces nouvelles chansons?

JM: Vraiment très bien. Avec les nouveaux musiciens, on s’est retrouvés dans un studio en Italie, du côté de Vérone. Un endroit où il n’y a absolument rien à faire… On a dès lors pu se concentrer sur notre sujet. J’avais déjà écrit les textes et dégrossi les arrangements. Restait à voir comment cela allait sonner une fois que tout allait être mis en place. En tout cas, tout s’est super bien passé, tout est paru évident dès la première seconde où nous avons joué ensemble.

OW: En quoi le nouvel album diffèrera des autres?

JM: D’abord, j’ai laissé tomber les machines. Tout est joué en live. On a aussi utilisé un maximum de vieux matériel. Dans ce studio “traînaient” entre autres un mellotron, un solina et des vieux micros que nous avons abondamment utilisés, le résultat sonnant assez 70’s.

OW: Quelles en sont les influences?

JM: Comme je te l’ai expliqué, on était au milieu de nulle part et on avait l’occasion de se focaliser sur la musique. Et, assez bizarrement, nous n’avions que 3 albums de chevet que nous avons beaucoup écouté (“Abbey Road” des Beatles, “Spirit Of Eden” de Talk Talk et “Seventeen Seconds” de The Cure). Et avec le recul, je pense qu’ils nous ont assez influencés.

OW: Et tu es content du résultat?

JM: Oui, très! Et il y a même des morceaux que la maison de disques a pointé pour être diffusés à la radio (rires).

OW: Ce soir, tu donneras ton premier concert depuis un an et demi en tant que leader de Jeronimo. Doit-on s’attendre à des surprises?

JM: Evidemment. D’abord, vous ferez connaissance avec mon nouveau groupe (un guitariste et un bassiste ont rejoint le batteur Thomas Jungblut). Comme je le disais tout à l’heure, fini les machines! Place exclusivement à du live sur scène, avec à la clé un son plus brut et plus pêchant. On va bien évidemment interpréter de nouveaux titres et les anciens morceaux seront retravaillés pour la scène.

OW: La suite du programme pour Jeronimo?

JM: On va d’abord s’occuper de faire mixer l’album durant le mois d’août, mais il n’y a pas vraiment d’agenda pré-établi. C’est Rudy Coclet (qui avait déjà travaillé sur “Un Monde Sans Moi”, le premier album) qui s’en chargera. Il tenait absolument à le faire, malgré son planning hyper chargé. En plus, c’est un grand fan des 70’s, donc je pense qu’il fera du bon boulot… Puis on fera quelques dates à la rentrée (notamment le Bucolique Festival le 13 septembre et Les Nuits du Soir le 26), qui coïncideront avec la sortie de l’album qu’on a baptisé “Mélodies Démolies”. Mais c’est surtout en 2009 qu’on mettra l’accent sur le travail de promotion, avec notamment une tournée à l’étranger.

OW: Un programme chargé, en définitive…

JM: Oui, mais comme je le disais tout à l’heure, je relativise. Je n’ai plus envie de trop me casser la tête et je laisse venir. Mon adage préféré pour le moment, c’est “Advienne que pourra”…

OW: Merci Jérôme… Et bon concert ce soir!

JM: Merci.

Jérôme Mardaga s’en va alors pour une autre interview avec la télévision avant de se préparer pour le concert du come back de Jeronimo. Un concert qui nous en mettra plein la figure, comme annoncé dans l’interview. Sur scène, il a une pêche d’enfer et dans la vie, il a l’air tout à fait rasséréné… Et ses mélodies ne sont pas si démolies que ça…

Photo © 2008 Olivier Bourgi

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