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LOKERSE FEESTEN avec Supergrass, Sonic Youth et Triggerfinger

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Chaque année, au beau milieu des grandes vacances, la paisible bourgade de Lokeren se transforme dix soirs durant en un rendez-vous musical aussi éclectique qu’incontournable. L’affiche de ce mardi 5 août s’annonçait musclée… En effet, c’est au son des guitares cinglantes de Triggerfinger que nous sommes arrivés sur le site. Un site, entre parenthèses, très agréable, qui vous garantit de garder les pieds secs et les chaussures propres même en cas d’averses, vu que la scène est installée sur un parking en macadam. Pointons aussi une salle de presse en backstage très reposante. C’était pour la petite histoire…

Retour à notre trio anversois et à ses (très) longues compositions aussi puissantes que le son (réglé à la perfection) qui sort des enceintes. Ruben Block, le chanteur, ressemble à un Dave Grohl sans tatouages qui doit être né avec sa guitare, Renaud Mayeur (guitariste du groupe Les Anges qui remplace Monsieur Paul) est un magicien de la basse et le surnom du batteur Mario Goossens doit sans doute être “le cogneur fou”.

La voix agressive juste ce qu’il faut de Ruben sied parfaitement aux compositions du groupe dont les influences ratissent large dans leur genre: on pense autant à AC/DC qu’à Black Sabbath en passant par Led Zeppelin (surtout lors du final de “Commotion”, leur époustouflante cover de Creedence Clearwater Revival). Prochaine fois, on essaie d’arriver à temps pour le début de leur set (déjà au PacRock on était arrivés un peu trop tard…)

C’était ensuite au tour des légendaires Sonic Youth de fouler la scène et le public avait clairement fait le déplacement pour eux. Précurseur du mouvement grunge, parrain spirituel et influent notoire de la quasi-totalité des groupes noisy, le groupe New Yorkais n’a plus rien à prouver, après plus de 25 ans de carrière et une quinzaine d’albums. Ils sont là pour se faire plaisir (et nous faire plaisir). Pourtant, le début de leur set sera quelque peu décevant par la faute d’un son sourd et pas suffisamment puissant (qui contrastait avec l’excellente balance de Triggerfinger).

Mais heureusement, après quelques minutes, tout est rentré dans l’ordre, dès que la blonde Kim Gordon, vêtue d’une robe blanche pour l’occasion, se soit emparée du micro pour entamer “The Sprawl”, extrait de leur classique album “Daydream Nation”, sorti voici 20 ans.

C’est d’ailleurs dans cet album que le groupe puisera la majorité du matériel de ce soir. Une prestation qui s’est bonifiée au fil des minutes, laissant de plus en plus de côté les moments pendant lesquels “ils jouent pour eux”. Les vocaux ont comme à l’accoutumée été partagés entre Kim, Thurston Moore (qui vient juste de fêter ses 50 ans) et Lee Ranaldo. De temps à autre, Mark Ibold, l’ancien bassiste de Pavement, vient prêter main forte au groupe, qui peut dès lors encore plus se concentrer sur ses délires sonores. On retiendra également une excellente version de “Mote” et une autre puissante de “Drunken Butterfly”. En rappel, l’incroyable “Teen Age Riot”, le morceau d’anthologie qui ouvre le précité “Daydream Nation”. Au final, un très bon concert, bien équilibré, qui a ravi les nombreux fans présents sur place.

On s’est d’ailleurs maintes fois demandés pour quelle raison Sonic Youth a joué avant Supergrass. Car les pauvres anglais ont finalement dû se contenter de jouer devant un parterre de spectateurs clairsemé (n’exagérons pas quand même, mais c’est vrai qu’une bonne partie du public est retourné dès que les New Yorkais ont déposé leurs guitares). Supergrass venaient défendre
Diamond Hoo Ha
, leur sixième album. Un album qui renoue avec les influences sixties des débuts et qui tourne le dos à l’expérimental (car anormalement calme et mélodieux)
Road To Rouen
(dont ils jouent toujours le magnifique “St. Petersburg”).

Retour à des titres plus pêchants donc, et cela a d’emblée été le cas avec “Diamond Hoo Ha Man”, la plage d’ouverture de leur dernière plaque. En tout cas, quand ils décident de présenter de nouveaux titres, ils y vont à fond car la moitié du set sera consacré à ce nouvel album, avec de très bons moments (“Rebel In You”, “When I Needed You”) mais aussi d’autres plus dispensables (“345”, “Ghost Of A Friend”). Par contre, d’un point de vue visuel, Gaz Coombes, le chanteur, vaut le détour, avec son chapeau et sa petite moustache à la Nick Cave dans son projet Grinderman. Cela ne le met pas trop en valeur, allons nous dire pour rester poli…

A noter que le groupe se compose dorénavant de cinq musiciens sur scène, puisque le plus jeune des frères Coombes, Charly (ex-membre des défunts 22-20s), vient donner un coup de main à la guitare et aux claviers. Le groupe s’est bien évidemment baladé dans son abondante discographie, offrant de bien belles versions de “Moving”, “Sun Hits The Sky” et “Pumping On Your Stereo”, pour ne citer que les plus réussies. Le rappel mettra encore en avant “Caught By The Fuzz”, qui reste d’une redoutable efficacité. Pas de “Alright” (on y est habitué), mais un concert tout de même alright, principalement destiné aux fans qui possèdent le dernier album.

Le bilan de cette soirée rock ‘n’ roll se révélera dans l’ensemble très positif avec, cerise sur le gâteau, un temps qui flirtera avec les gouttes mais qui laissera finalement la place à un déluge de décibels. Ce n’était pas pour nous déplaire…

Photos © 2008 Geert Van de Velde (Triggerfinger)
Sophie Baudewijns (Sonic Youth, Supergrass)

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