IAMX s’expose à Dour
Est-il encore nécessaire de présenter Chris Corner? Après avoir fait les beaux jours de Sneaker Pimps dans la seconde moitié des années 90, il a embrassé en 2004 une carrière solo sous le pseudonyme IAMX. Rencontre en table ronde avec un artiste épanoui…
Salut Chris, où en est l’enregistrement de ton troisième album? Aurons-nous le plaisir d’entendre l’un ou l’autre extrait ce soir?
Chris Corner: Pour dire la vérité, je suis toujours en train de travailler sur les nouveaux morceaux. Je teste des choses en studio, je fignole l’écriture, je pense à la production… Je dois environ être à la moitié du travail, donc je ne me sens pas encore prêt à les tester en live. Peut-être lors de mes prochaines visites dans votre pays (le 30 août au Brussels Summer Festival et le 6 septembre au Ward’in Rock). Mais je pense que le produit ne sera pas encore tout à fait terminé et qu’on entreverra juste une direction.
On va faire une petite tournée européenne pour les fans à l’automne qui sera justement destinée à présenter de nouveaux morceaux. Cela dit, je ne sais pas encore si on passera par la Belgique. Concernant l’album à proprement parler, il ne devrait pas sortir officiellement dans le commerce avant le début de l’année prochaine. Mais les membres de la communauté IAMX (via son website) auront la primeur et pourront l’obtenir avant tout le monde, gratuitement. Enfin, c’est le but et on travaille dans ce sens-là.
Que pouvons-nous attendre de ce nouvel album?
CC: Je peux déjà vous dire qu’il y aura une grande évolution dans l’écriture des textes. Je pense avoir beaucoup changé ces deux dernières années (“The Alternative” est sorti en 2006), surtout quant à ma façon d’écrire. Musicalement, je vous rassure, il sera toujours tourné vers l’électronique, mais il risque d’y avoir quelques titres plus calmes. Cela dit, je ne veux pas non plus trop m’éloigner de mon son, car je me sens bien dans l’univers que je me suis créé. En résumé, on peut s’attendre au même son, mais avec une attitude et une approche quelque peu différentes…
Tu as composé “The Alternative” seul chez toi, à l’abri des regards. As-tu fait la même chose pour ce nouvel album?
CC: Oui, j’ai besoin de ça. Je travaille toujours tout seul, isolé. Cela peut paraître déprimant, mais cette solitude me convient parfaitement. J’ai besoin d’être impliqué tout au long du processus de la réalisation du projet. Et puis surtout, je déteste les grands studios avec tout plein d’équipement et trop de gens.
Quel genre de musique écoutes-tu?
CC: Aucun!
C’est bizarre, tu es musicien et tu n’écoutes pas de musique…
CC: Je suis conscient que ça peut paraître bizarre… En fait, quand j’en écoute, c’est plutôt une musique d’un autre temps (genre musique classique ou des années 20) ou alors quelque chose de complètement différent de ce que je joue. Car sinon, je risque de friser l’overdose. C’est comme le type qui travaille dans une banque, quand il rentre chez lui le soir il veut parler d’autre chose que de son boulot. Moi c’est un peu la même chose, toutes proportions gardées…
Tiens, en parlant de musique classique, j’ai entendu des rumeurs concernant un album live et aussi un EP impliquant un quatuor à cordes…
CC: Oui, ce sont deux projets que j’ai terminés et que je voudrais sortir avant le nouvel album. Le premier est un album live qu’on a enregistré à Varsovie. C’était un très bon concert, donc on a décidé de le mixer et de le sortir en CD. Et j’ai aussi collaboré avec un quatuor à cordes à New York. On a retravaillé des anciennes chansons pour leur donner une teinte classique. Mais ces EPs ne seront disponibles que pour les fans membres de la communauté du site internet.
Qu’est-ce qui t’inspires pour tes compositions?
CC: Tout m’inspire… Ma famille m’inspire, mes amis m’inspirent… Musicalement, je pense que je suis arrivé là où je voulais arriver. Et je n’ai pas envie de faire autre chose… Je n’ai pas envie d’être influencé par ce qui est nouveau ou ‘tendance’, cela risque de trop me brouiller. Alors j’essaie d’être un peu renfermé sur moi-même.
Tu joues à Dour pour la troisième fois. A quoi peut-on s’attendre ce soir?
CC: On a essayé de recentrer tout ce que nous faisons sur scène. La dernière fois qu’on a joué (en 2006), c’était un peu le bordel. J’avais un peu tendance à me laisser aller sur scène. Ces jours-ci, j’essaie d’être plus conscient de ce que je fais, de mon état, de retenir l’énergie et de la libérer d’une autre manière. C’est toujours agressif, c’est toujours une prestation bourrée d’énergie mais un peu plus intelligente, je pense. Je joue aussi de plus d’instruments que par le passé, ce qui me permet de mieux me contrôler aussi.
Est-ce le même groupe qu’en 2006?
CC: Je ne me rappelle plus qui était dans le groupe mais en tout cas, les musiciens étaient différents. Maintenant, le line-up en live est stabilisé et on est bien rôdé !
Pourquoi es-tu devenu IAMX?
CC: J’ai créé ce projet pour être libre… Dans mon ancien groupe, je me sentais enfermé et, pire, piégé par l’industrie musicale. J’étouffais… Tandis que maintenant, je suis libre, indépendant, flexible. Je fais ce que j’ai envie, je m’entoure de gens que je trouve intéressants. Et, cerise sur le gâteau, j’arrive à avoir du succès et à vivre de ma musique…
Tu vis toujours à Berlin. Est-ce important pour toi?
CC: Oui, très, car je pense que c’est un des endroits les plus libres du monde. En plus c’est une ville qui m’inspire énormément. Elle n’est pas trop libérale, pas trop chiante, elle est juste bien.
Et depuis Berlin, tu as toujours des contacts avec les gens avec qui tu collabores, comme Robots In Disguise?
CC: Oui, même si je les vois moins. J’ai toutefois produit leur dernier album (“We’re In The Music Biz”) qui est sorti dernièrement en Angleterre. Ca marche bien pour elles là-bas.
Comment expliques-tu que tu as plus de succès en Belgique ou en Allemagne que dans ton pays d’origine?
CC: C’était le cas avant, mais maintenant beaucoup moins. Récemment, j’ai eu plus de couverture en Angleterre que je n’en ai jamais dans toute ma carrière. Quelque part, c’est ironique, car c’est quand j’ai quitté mon pays qu’ils se sont intéressés à ma musique.
(Un journaliste français): Vas-tu venir jouer en France?
CC: Je ne sais pas, il faut demander à mon manager (rires). Non, sérieusement, bien sûr que j’ai envie de venir jouer en France, mais cela ne dépend pas que de moi. On ne peut pas se permettre d’organiser une tournée sans être sûr d’au moins rentrer dans nos frais. Les concerts doivent nous rapporter quelque chose, car dans le cas contraire, on ne peut pas survivre… On va dès lors travailler beaucoup avec la communauté IAMX via le site internet. Si on remarque qu’il y a de l’intérêt dans une certaine région, et qu’on est sûrs de remplir une salle, alors on va organiser ce concert. Avis aux fans, donc!
Dernière faveur: peux-tu souhaiter un bon 20ème anniversaire au festival de Dour?
CC: Bien sûr! Je souhaite un merveilleux anniversaire au festival de Dour. Amusez-vous, soyez fous et défoncez-vous!
Ceci clôture notre entrevue avec Chris Corner, qui, moins de deux heures plus tard, sera transcendé sur la scène du Dance Hall pour une nouvelle prestation sans faille… Comme prévu, le set est bien rôdé et il ne présentera pas de nouveaux morceaux. On attend impatiemment la suite…
Photo © 2008 Olivier Bourgi