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Wes MACKEY au Nekkersdal : old school blues from the deep South

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Gros problème pour arriver au Nekkersdal (Laeken) ce 6 novembre, ring encombré suite à un accident. Sur place, du monde. Une bonne programmation et Bruxelles abandonne le foot sur petit écran pour un bain roots/blues authentique avec Wes Mackey. Pas un petit jeune, le natif de Yamacy (South Carolina). He has paid his dues to the blues… Depuis près de 50 ans sur la route. Il a appris tous les trucs grâce aux vieux bluesmen avec lesquels il tournait : John Lee Hooker, Muddy Waters, Jimmy Reed, … Pas mal de pérégrinations pour, en 1971, aboutir au Canada (Toronto).

Le guitariste n’a sorti que 3 albums sous son nom, mais il tourne sans arrêt. Ce European tour le conduit en France, Allemagne et Belgique. Son band pour l’occasion est formé de 2 Parisiens. A l’harmonica (influence Chicago) : Vincent Bucher. A son palmarès, des gigs avec Louisanna Red ou Jimmy Johnson, l’ethnique Tao Ravao et la crême blues made in Hexagone : Paul Personne, Bill Deraime, Patrick Verbeke. A la batterie, Simon Boyer (aka Simon Shuffle), né à Limoges. Son jeu n’est pas vraiment porcelaine.

A 20h45, le band investit la scène. Wes, costard noir rayé, chapeau noir et cravate rouge, ôte ses magnifiques pompes Cotton Club et s’assied sur un tabouret. Quelques réglages pour sa Fender, un ampli archaïque et tu piges pourquoi il nous fait admirer ses chaussettes, il n’y a pas de bassiste. C’est Mackey qui assure la basse des pieds, sur pédalier Roland.


Sourire béat, quelques notes senties: …I’m a poor boy I’m a poor boy long way from home“Poor Boy Blues”, un traditionel. Bruxelles sur Mississippi. Un jeu d’une grande pureté, du feeling pour cette version gospel jazzy. On se frotte les mains, c’est bien parti, Vincent Bucher nous a déjà envoyé quelques lignes respectueuses.

La suivante raconte ma vie, nous sort l’ancien. “Born in Carolina” avec drumming jazzy et harmonica pur jus, ça suffit Vincent (tu prononces à l’américaine), à moi maintenant, un solo lumineux sans effets faciles. “You don’t have to go”, Jimmy Reed, la moelle du blues. …I give you all my money Then ya go downtown You get back in the evening… et tu me racontes des salades! Des lignes dignes de Peter Green (en sachant que Fleetwood Mac,époque “Blue Horizon”, doit tout aux vieux bluesmen US). Papy n’est pas arthrosé. Fabuleux!

Changement de cap, du blues jazzy “Shame Shame Shame” (1963), Jimmy Reed. La honte, baby, la façon dont tu te comportes. Je t’attends toute la nuit, tu rappliques à 6 plombes du mat: shame on you! “Mr Blues” est une de ses compositions à la T-Bone Walker avec des paroles estampillés blues. …Mr Blues, sorry but you gotta go I got a letter from my baby You can’t live here anymore… Mathilde est revenue, bougnat tu peux garder ton vin… Une nouvelle perle, agrémentée de riffs racés.

Wes a le chic de ne pas se cantonner dans un style, en route pour New Orleans et ses rites voodoo. …I went to New Orleans trying to find a Voodoo Queen… Tu montes, baby? Un shuffle à la John Lee Hooker, grand numéro de mouth harp. Temps pour un slow blues crapuleux, “I was born by the river”, Sam Cooke. Du rhythm ‘n blues poignant, des arrangements similaires au “Need your love so bad” version Fleetwood Mac. On pleure. On termine le set par un nouveau shuffle efficace: “What’s wrong with me?” se demande le poor old nigger. Quelques jongleries à la batterie pour amuser la galerie, et file au bar pour s’envoyer quelques Duvel. Les 43′ ont semblé 43”.

Longue pause pour redémarrer à 22h05. Une nouvelle cravate! Coquet le Mickey!On repart avec une guitare laidback, pour un blues downtempo. …I’m so glad I found something to love… Quoi? Music,sweet music! Du rhythm ‘n blues/soul façon Stax. Retour au shuffle, Sam Cooke (encore), “Baby’s coming home” (ain’t that good news). For sure, man, ça devrait faire la une des journaux: elle revient chez nous! Un classique “I’ll play the blues for you”. Joué avec le feeling adéquat, Wes et ses acolytes nous emmènent du côté d’Albert King. Tout le club a reconnu l’intro de “Georgia on my mind”. 1930, hymne de la Georgie, une version différente de celle de Ray Charles, mais tout aussi profonde. Les durs du Nekkersdal sortent les kleenex. L’ambiance monte d’un cran. Les fidèles ne forment qu’un avec le pasteur.


Jazz time, “Old Mackie’s back in town” sur les accords de “Mack the knife”. Louis Armstrong ressuscité. La classe! Look out Mackie’s back. Fais gaffe, il est en ville! Le Nekkersdal frétille de bonheur. En B-flat? OK! Un blues de derrière les fagots, tout en finesse. “Since I met you baby” (1956), Ivory Joe Hunter. Stevie Winwood le chantait avec Spencer Davis Group. Tous les grands le jouent: Jerry Lee Lewis, BB King, José Feliciano, … Le Nekkersdal a le blues.

Boogie time, we’ll make some fuzz ladies and gentlemen… Je t’en prie papy, envoie la sauce: “Boom Boom” de John Lee Hooker. Vous vous sentez bien? La forme olympique, mec! Temps de présenter les Frenchies, ovation méritée! Et ma guitare, her name isn’t Lucille, tiens tiens… Et on attaque “How blue can you get” de BB King. Un blues royal. Je t’ai tout donné: une nouvelle Ford, tu voulais une Cadillac… Un dîner super chicos, tu aurais préféré le MacDo… Je t’ai fait 7 enfants, tu veux me les rendre… Our love is nothing but the blues! Enchaînement: “Rock me Baby” …rock me all night long… c’est bien parti! Petit transit du côté de JL Hooker, pour faire plaisir aux piliers de comptoir “One bourbon, one scotch, one beer”. Bien joué, Pépé. Message enregistré!

Allez, je vous en fait encore une, les petits gars, coz I’ve been bad! De l’humour, le vieux! Try two, hurle un zatlap! I wasn’t that bad, fuse la réplique. Le jeu continue: Take Five dit un comparse et Wes nous joue le tube de Dave Brubeck. Il a du répondant le croulant.

Passons aux rappels après l’interlude comique. Encore un shuffle à vous couper le souffle, “I’ve been bad”. Exit le batteur, il n’a pas fait 3 pas qu’il doit revenir au pas de course, car le boss, heureux, en rajoute une couche: “What a wonderful world”, Louis Armstrong. Mr Bucher te sortant des lignes d’harmonica à faire rougir Toots Thielemans.

Un show généreux et nous quittons Laeken émus et confiants. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil! Wes Mackey is his name!

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Photos © 2008 Michel Preumont

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