Mercury Rev réchauffe l’AB
Nouvelle belle soirée en perspective en ce lundi 24 novembre puisqu’une semaine après la démonstration de Sigur Rós à Forest National, c’était au tour de Mercury Rev de venir partager leur trop plein d’émotions à l’Ancienne Belgique.
Cela dit, l’engouement avait l’air moindre puisque la salle, au départ prévue en configuration normale, s’est finalement retrouvée amputée des gradins. Et il y avait bien peu de monde lorsque Howling Bells, le groupe choisi par Mercury Rev pour assurer la première partie de leur tournée européenne, est monté sur scène. Ces quatre australiens d’origine exilés à Londres ont publié un premier album éponyme salué par les critiques en 2006 et sortiront en février prochain une deuxième plaque.
La chanteuse et leader du groupe, la fluette Juanita Stein, se démènera comme une tigresse dès le premier coup de batterie. En plus, sa voix, qui oscille entre Siouxsie Sioux (Siouxsie & The Banshees), Sarah Cracknell (Saint Etienne) et Delphine Gardin (Monsoon), capte d’emblée l’attention. Les musiciens qui l’accompagnent ont cette faculté de lui laisser la vedette et ils ont raison. La star, c’est elle. Elle s’essaiera à quelques mots simples en français avant de switcher définitivement sur sa langue natale et de détailler les produits belges qu’elle apprécie particulièrement (chocolats et gaufres en tête).
Au vu des atmosphères légèrement gothiques qui se dégagent de leur set, ils ne peuvent pas nier que les années 80 font partie de leurs influences majeures. Mais cela n’est aucunement dérangeant, surtout qu’ils n’en utilisent pas les gros clichés. Au programme, plusieurs nouveaux titres, dont une exclusivité, la toute première interprétation live de “Spider”. Ils termineront leur set avec leur excellent nouveau single, “Into The Chaos” (une tuerie!) ainsi que la plage titulaire de leur futur album (“Radio Ways”). Un album et un groupe avec lesquels il faudra compter en 2009. Au vu de leur prestation ce soir, cela ne fait pas l’ombre d’un doute…
Mercury Rev, quant à eux, viennent de sortir un nouvel album (“Snowflake Midnight”) et prennent une nouvelle direction par rapport aux trois précédents, qui étaient truffés de titres plus envoûtants les uns que les autres. Ici, on est en présence d’un album plutôt bizarre, avec très peu de titres évidents, un psychédélisme qu’on ne leur connaissait pas (plus) et de longues plages semi instrumentales à la limite du bizarroïde. De plus, leur prestation au Pukkelpop en août dernier m’avait laissé sur ma faim avec un set beaucoup trop brouillon et sans âme. Rien à voir avec la magie qui s’était dégagée de leur prestation au festival de Dour en 2006 par exemple. Je les attendais donc au tournant, et j’étais franchement sceptique quant à la direction de la soirée…
C’est avec la projection d’une multitude de pochettes de 33 tours tous plus légendaires les uns que les autres que le spectacle a commencé, nous permettant d’improviser un genre de blind test visuel. Les plus aguerris auront reconnus The Psychedelic Furs, Nico ou Nick Drake parmi une multitude d’autres.
C’est alors que les notes qui servaient de décor sonore se sont emballées, annonçant l’arrivée du groupe sur scène. Leur set a débuté avec deux extraits du dernier album, “Snowflake In A Hot World” suivi de l’instrumental “October Sunshine”. Directement, on se rend compte que nos oreilles vont se régaler ce soir. Les versions qu’ils jouent sont à mille lieues de celles qui se trouvent sur le disque. Le volume est poussé au maximum tandis que le son de la batterie est limpide, clair et puissant.
Jonathan Donahue est pareil à lui-même, excessivement théâtral, avec un regard expressif, des gestes calculés et une voix qui prend toute son ampleur sur les morceaux calmes qui ont fait la réputation du groupe et qui avaient tellement manqués au Pukkelpop (“Holes”, le titre suivant sur la set-list, en est un exemple parfait). Toujours autant faux maigre, il porte une barbe naissante et se laissera emporter par la musique en s’identifiant maintes fois à un oiseau prenant son envol (cfr “The Funny Bird”) ou en s’improvisant équilibriste sur une valise posée à même le sol.
Cela dit, il n’est pas tout seul. On a déjà parlé de l’importance du batteur Jeff Mercel, mais on peut également mettre en avant le petit (par la taille) guitariste Grasshopper (limite frimeur avec sa coiffure rockabilly et ses lunettes de soleil). Dave Friedmann, bassiste hors pair et producteur de talent (Flaming Lips, Weezer, Clap Your Hands Say Yeah et plus récemment MGMT, pour n’en citer que quelques-uns) ne tourne malheureusement plus avec le groupe depuis plusieurs années (il est toutefois toujours bien présent en studio).
Les projections font partie intégrante du spectacle et accompagnent incroyablement bien les titres les plus psychédéliques en leur apportant un plus évident. Soit on ferme les yeux pour se laisser emporter par la musique, soit on fixe l’écran et on est emporté dans un autre univers tout aussi magique. Car la maîtrise du groupe est totale et savamment orchestrée. Les titres les plus remuants dégagent une puissance incroyable tandis que les plus calmes apportent une troublante sensation de bien-être.
Les meilleurs passages seront une délicate version de “Tonight It Shows” qui ne manquera pas de nous hérisser l’échine, surtout qu’elle était suivie de “Tides Of The Moon”, un autre de leurs chefs-d’œuvre. Ils termineront le set principal avec une version toute personnelle (et inspirée à défaut d’être copiée) du “Once In A Lifetime” de Talking Heads.
Le rappel vaudra lui aussi le détour avec deux de leurs plus beaux joyaux, “Opus 40” et le classique “Goddess On A Hiway”. On aura également droit à “The Dark Is Rising” que manifestement pas mal de monde attendait, vu l’hystérie que les premières notes ont suscitée. C’est avec un ultime extrait de “Snowflake Midnight” qu’ils ont pris congé de l’AB, “Senses On Fire” dans une version limite techno. On comprend mieux maintenant pourquoi Dave Friedmann a produit l’album “Oracular Spectacular” de MGMT.
Ma conclusion sera claire et limpide. La trilogie entamée fin octobre avec Novastar et poursuivie la semaine dernière avec Sigur Rós a trouvé son épilogue avec Mercury Rev. Trois concerts impeccables qui n’ont pas fini de nous faire rêver… Quant au Pukkelpop, un simple incident de parcours…
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Howling Bells
Photos © 2008 Olivier Bourgi
Un concert magique, envoutant, on avait pas envie que le groupe quitte la scène…
Soit, ton artcile reflète bien l’ambiance de cet excellent show, toutefois quelques erreurs se sont glissées dans le texte.
Le batteur du groupe n’est pas JEFF MERCEL, ce dernier est au clavier et est une des trois âmes restantes du groupe initial avec JONATHAN DONAHUE et SEAN MACKOWIAK alias GRASHOPPER.
DAVE FRIDMANN est toujours producteur du groupe, il participe à la réalisation des albums, mais n’accompagne plus lors des tournées.
A la basse, lors des concerts, c’est ANTHONY MOLINA, excellent de sucroit et gaucher…il tourne également avec HEATHER NOVA, pour ne citer qu’elle.
A la batterie, depuis quelques années également en tournée, le non moins géniallissime, JASON MIRANDA.
Ces deux musiciens ont également participés à la réalisation des deux derniers albums du groupe: “the secret migration” et “snoflake midnight”.
Il ne faudra surtout pas rater leurs deux prochains sets en Belgique: le 17/07 à DOUR et le 19/07 à ANVERS!!