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THE BLACK ANGELS envoûtent l’Orangerie

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Le concert était à l’origine prévu pour la Rotonde, mais le succès fut tel qu’un changement de salle s’imposait. C’est ainsi que les Black Angels se sont retrouvés ce 14 décembre sur la scène de l’Orangerie du Botanique. Le public est au rendez-vous et leur rock psychédélique fait mouche.

Au départ, il n’était pas prévu de première partie. Aussi quelle ne fut pas notre surprise d’apprendre en arrivant que les belges de Driving Dead Girl ouvriraient le bal. Nous vous avons déjà parlé de ce groupe lors de la sortie de leur premier album
50,000 Dead Girls Can’t Be Wrong
en 2006. Depuis un second guitariste, troisième devrais-je peut-être dire puisque le chanteur en joue parfois, les a rejoints. Leur rock énergique est empreint de punk. Iggy Pop et ses Stooges rôdent dans les parages. S’ils ne les égalent pas encore, il faut bien dire qu’ils ont particulièrement bien chauffé la salle, le chanteur s’offrant même un bain de foule. Pas de doute, c’est un groupe qui monte et qu’il faudra tenir à l’oeil.

Après une mise en place un peu longue, le quintette monte sur scène, la salle est alors entièrement remplie. C’est à peine si l’on peut encore bouger. Il est clair qu’ils sont attendus. Leur dernier album
Directions to See a Ghost
n’est sans doute pas étranger à cet engouement. Alex Maas est coiffé d’une barbe généreuse et d’une casquette dont la visière cachera son regard toute la soirée. Peut-être est-ce par timidité et/ou plus vraisemblablement pour que le public puisse se concentrer sur sa voix linéaire et son chant aérien qui stigmatise la musique psychédélique. Christian Bland fait vibrer sa guitare douze cordes jusqu’à nous ôter toute résistance.

Impossible de passer à côté de leur batteur, pardon batteuse, Stephanie Bailey. Son dynamisme perpétuel fait penser à la petite batteuse du groupe Birtha qui au début des années 70 avait séduit la Belgique. Une telle énergie dans un corps si frêle, incroyable. Et elle n’arrête pas, elle cogne si fort que son gros tom se barre. Pas démontée pour un sou, la belle continue, et, dès la dernière note, l’empoigne, le retourne, s’empare de la clé de douze, resserre le tout et le remet en place. Tout cela dans le court délai d’entre deux morceaux. Le plus discret, mais néanmoins efficace, est le bassiste Nate Ryan. Quant à Kyle Hunt, il joue du clavier, de la basse et de la guitare. Ce sont ses interventions, accompagnées de deux baguettes supplémentaires, qui ouvriront une danse de percussions près de la batteuse. Cela ressemble à un appel aux forces où les baguettes s’entrecroisent comme un mélange en préparation d’une potion chamanique puissante en prélude de transe.

Et puis, The Black Angels ont l’art de manier le psychédélisme. On pense aux Doors avec le côté répétitif au groove puissant d’un Hawkwind. Le chanteur a, il est vrai, un petit côté Morrison dans sa manière de se tenir derrière le micro. Tantôt il est derrière un Farfisa trônant sur la scène, orgue qui se prête bien pour trafiquer des sonorités psychédéliques. Tantôt il s’accompagne de maracas et autres. Il y a de la magie dans l’air et le light show l’accentue judicieusement. La tribu est saupoudrée, en début du concert, d’un éclairage en pénombre se métamorphosant en brasier intense d’un orange vif surexposé, agressif et irrésistible.


La potion fait son effet, le public peu démonstratif est entraîné dans une sarabande sans fin, il plane entre deux mondes. La tournante autour des instruments accentue cet état et prend la foule pour témoin d’une danse vaudouiste soulignée d’incantations psalmodiées dont elle s’imprégnera toute la soirée. Ainsi, le bassiste devient guitariste qui lui-même devient bassiste. Parfois il se transforme en percussionniste ou en claviériste alors que le chanteur prend une basse (dont une de gaucher sur laquelle il joue en droitier, cordes inversées donc) qui finalement se retrouve entre les mains de la batteuse qui a laissé ses fûts à un guitariste. De tant à autre, quelques cris terminent le chant et font pénétrer les gens dans un sas pivotant sur une issue donnant naissance à l’essence même de la vie. Le concert se termine. Le public est soumis, hypnotisé par ce rock psychédélique vintage. Le charme est encore opérationnel. Il nous faudra une bonne nuit de sommeil pour faire le chemin inverse et revenir à la réalité…

Excellente soirée avec The Black Angels. Ce concert confirme tout le bien que l’on pense de leur dernier album “Directions to See a Ghost”. C’est une grande réussite qu’ils savent transposer parfaitement sur scène.

Les autres photos de

The Black Angels
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Driving Dead Girl

Photos © 2008 Ingrid Ballieu

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