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Crushing with Julia Jacklin

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Avec “Crushing”, sa deuxième livraison, Julia Jacklin vient de publier un des albums les plus remarqués de ce début d’année. La jeune Australienne s’est produite ce lundi 8 avril dans un AB Club plein à craquer et entièrement acquis à sa cause.

Lorsque sa compatriote Olivia Bartley, mieux connue sous le pseudo Olympia, a débarqué sur scène seule avec sa guitare pour assurer la première partie, on a presque levé les yeux au ciel. Avions-nous vraiment besoin d’une demi-heure en tête à tête avec une singer-songwriter ? Contre toute attente, la réponse est oui !

En effet, ses compositions de plus en plus nerveuses mises en valeur par une solide voix vont convaincre un public déjà nombreux. Ajoutez-y un jeu de guitare proche de celui d’Anna Calvi, une répartie à toute épreuve ainsi qu’un humour subtil et vous obtenez une des meilleures entrées en matière de ces dernières semaines. On n’a désormais plus qu’un souhait, la voir sur scène avec son groupe. Vu qu’un nouvel album arrive prochainement sur Opposite Record (le label du fils aîné de Simon Raymonde, ex-Cocteau Twins et boss de Bella Union), cela ne devrait plus tarder.

Julia Jacklin se souvient très bien de son précédent passage au Club de l’AB. Ou plutôt de ses passages puisqu’en octobre 2016, elle a ouvert deux fois sur la même journée pour Whitney. Depuis, elle a traversé le désert suite à une déception sentimentale qui lui a inspiré “Crushing”, son acclamé deuxième album. Si le thème semble récurrent (après Beirut et Ex:Re, il s’agit du troisième concert en une semaine à le traiter), elle le dépeint avec une spontanéité presque candide et une écriture à fleur de peau qui nous immisce dans son histoire, au point de presque souffrir avec elle.

Pour peu, on lui aurait bien prêté notre épaule pour pleurer au terme de “Body”, titre d’intro dépouillé d’une somptueuse pureté. Dans la foulée, la vibe country d’“Eastwick” et de “Leadlight” nous plongeront dans son enfance (elle a grandi dans la région des Montagnes Bleues) d’une voix poppy rappelant celle d’Ellie Goulding. À sa décharge, la pauvre est enrhumée, l’empêchant de monter dans les tours malgré des rasades répétées de whisky et de thé.

Arborant une tenue printanière et un sourire dévastateur, elle éclipsera son handicap temporaire (sauf peut-être sur l’exigeant “Turn Me Down” en fin de set) notamment grâce à une version prenante de “Don’t Know How To Keep Loving You” inspirée de Aldous Harding, une de ses idoles. Dans la catégorie calme et sérénité, on pointera également “When The Time Flies In” aux chœurs mélancoliques et “Don’t Let The Kids Win” qu’elle interprétera seule à la guitare, les yeux mi-clos.

Car le reste du temps, elle est particulièrement bien entourée. Un guitariste et un batteur chevelus à sa droite, un immense bassiste et une fluette claviériste à sa gauche. Lorsque de temps à autre cette dernière attrape elle aussi une six cordes, les décibels s’envolent comme sur le très Courtney Barnett “Turn Me Down” (pour la petite histoire, elles partagent le même producteur, Burke Reid).

Dans le même ordre d’idées, le final du set verra le groupe se déchaîner sans toutefois voir la belle abandonner sa voix dans la bagarre. Chance pour nous, cela aurait été préjudiciable à “Head Alone” et son texte fort (“I don’t want to be touched all the time, I raise my body up to be mine”) et à celui, plein d’espoir, de “Pressure To Party” (“Try to love again soon”, répète-t-elle…). Pas sûr qu’avec un état d’esprit euphorique, le résultat aurait été émotionnellement aussi puissant…

Photo © 2019 Yvo Zels

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