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Les Nuits 2019 : Alice Phoebe Lou in Botaland

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Le premier sold out des Nuits 2019 est à mettre à l’actif d’une jeune Sud-Africaine résidente Berlinoise, Alice Phoebe Lou. Souriante et pétillante, elle a mis l’Orangerie à genoux en un clin d’œil.

“I wasn’t supposed to be here, but I am” lancera Francesco Lo Giudice alias Olmo vers la fin du temps qui lui était imparti. Effectivement, vingt-quatre heures auparavant, son nom n’était pas encore officiellement ajouté à l’affiche. Grand ami d’Alice avec qui il partage la ville d’adoption, il jouera un set en solitaire, une performance à laquelle il n’est visiblement plus habitué ces derniers temps.

Doté d’une voix calme et posée presque hors du temps hésitant entre celles de Nick Drake et de Neil Young, il partagera équitablement son set entre piano et guitare. Ses compositions à tendance folk un chouia écorchées ne reflètent toutefois pas la personnalité enjouée du bonhomme qui se lancera même dans une chanson en italien très haut perchée. Ou comment mettre le public dans sa poche en un tournemain.

Les gaillards de Girls In Hawaii semblent avoir le nez fin. En décembre 2017, lors de leurs concerts sold out à l’AB, ils avaient demandé à Marc Melià et Halehan d’ouvrir pour eux. Dix-huit mois plus tard, les voilà tous deux à l’affiche des Nuits du Bota dans des positions enviables. Le premier a en effet joué avant Panda Bear et le second s’apprêtait à conquérir l’Orangerie ce soir.

Armé de sa guitare acoustique, le Bruxellois aux cheveux courts et à la taille respectable entamera son set via une poignée de compositions introspectives ornées d’anecdotiques bidouillages électroniques. Jusqu’à ce que son amie Camille Camille le rejoigne sur scène pour des chœurs qui se transformeront bien vite en duos parfaitement équilibrés. Le summum sera d’ailleurs atteint lors du dernier titre, “Gratitude”, futur extrait d’un EP prévu pour l’automne.

Outre une voix nasillarde à la Stef Kamil Carlens (voire à celle de Max Colombie lorsqu’il la trafique quelque peu), le gaillard a la faculté de switcher d’un style à l’autre avec une facilité déconcertante. Par exemple lorsqu’il accélère son flow sur un titre électro-jazzy ou qu’il attrape une basse pour conférer un irrésistible groove à un autre. Seul bémol, son enthousiasme à communiquer abondamment entre les morceaux lui coûtera un titre sur la set-list…

On ne badine en effet pas avec les horaires aux Nuits du Bota, raison pour laquelle Alice Phoebe Lou se retrouvera sur scène alors que ses retours n’étaient pas encore tout à fait réglés. Malgré son jeune âge, l’artiste au tempérament bien trempé refuse notamment de se conformer aux règles de l’industrie musicale en refusant notamment tout contrat avec un label. Elle a ainsi récemment auto-publié “Paper Castles”, un deuxième album qui devrait asseoir sa réputation.

Une réputation qui s’est subitement envolée lorsqu’une de ses compositions, “She”, tirée de la BO du film “Bombshell”, s’est retrouvé nominée aux Oscars. Vu l’engouement affiché par les spectateurs lors de l’interprétation de ce titre en conclusion du set, il est évident que la majorité d’entre eux avait fait le déplacement sur cette base uniquement. À nos yeux, il s’agissait pourtant d’un des moments les plus faibles de la soirée.

Un moment atypique, même, car ce côté poppy commercial ne dessert pas sa voix feutrée et délicate avec laquelle elle envoûtera l’Orangerie d’entrée de jeu. “Something Holy” et “Girl On An Island” évoluent ainsi dans un environnement MOR accentué par l’utilisation d’une flûte traversière. Plus tard, c’est un saxophone qui enverra “Skin Crawl” et “My Outside” vers une ambiance de cabaret. Entourée également d’un batteur, d’un claviériste et d’un bassiste, elle se fend des parties de guitare tout en assurant le spectacle via des pas de danse spontanés.

Prolixe, elle confessera que cette date à Bruxelles revêt une saveur particulière à ses yeux puisque ses grands-parents y ont habité alors que sa maman y a étudié. Elle prendra également le temps d’introduire ses compositions, de lâcher çà et là quelques messages à connotation féministe et même d’expliquer qu’elle joue majoritairement des extraits de son nouvel album car elle est du genre à se lasser rapidement.

Heureusement, ses musiciens ont pour le moment l’air de trouver grâce à ses yeux et ceux-ci le lui rendront bien en apportant leur pierre à l’envoûtant “New Song”. Mais aussi et surtout à l’excellent “Galaxies”, titre d’anthologie au terme duquel elle les présentera d’un enthousiasme sans égal, avant de boucler le set avec son hit single. Mais on en a déjà parlé… Next step : Rock Werchter cet été.

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